Cheveux mi-longs, barbe poivre et sel, costume noir et chemise blanche, voici le nouveau visage de la présidence de la Ligue de football professionnel (LFP). Véritable outsider du scrutin, Vincent Labrune a coiffé au poteau le grand favori Michel Denisot (ancien président du PSG et de Châteauroux) et devance plus largement Gervais Martel (ancien président emblématique du RC Lens) et Alain Guerrini (président de Panini France). L’ancien président de l’Olympique de Marseille prend donc la tête de la LFP à 49 ans, avec pour défi de relever l’instance qui connaît des temps compliqués en pleine crise du coronavirus.
Du petit écran au ballon rond
Avant de se faire connaître du grand public, Vincent Labrune – titulaire d’un DEA en économie internationale et finance du développement – a fait ses classes dans le monde du petit écran. Fraîchement diplômé, il décroche à seulement 23 ans un poste de chargé de communication de l’information chez France Télévisions aux côtés de Patrick Chêne et Daniel Bilalian. Puis, attaché de presse du service des sports de France 2, l’Orléanais devient quelques années plus tard le directeur de la communication de la société de production de Jean-Luc Delarue, Réservoir Prod. Enfin, Vincent Labrune se lie d’amitié avec l’ancien vice-président de TF1 Étienne Mougeotte et est nommé conseiller de ce dernier.
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Par l’intermédiaire du regretté présentateur de Ça se discute, il rencontre Robert Louis-Dreyfus (ancien actionnaire majoritaire de l’Olympique de Marseille) en 2003, grâce à une passion commune : la boxe. Labrune devient alors le conseiller en communication et le porte-parole de l’homme d’affaires suisse. Il est d’ailleurs un soutien de poids du businessman lors de l’affaire des transferts douteux de l’OM. Doté d’une confiance aveugle envers le natif d’Orléans, RLD lui confie en 2008 les clés de sa holding Éric Soccer, société détenant 100 % du club phocéen et le nomme président du conseil de surveillance du club. Il sera aussi un fidèle ami pendant son combat contre la leucémie. À la mort de Louis-Dreyfus en 2009, Labrune devient l’éminence de sa veuve, Margarita, puis président de l’Olympique de Marseille, dont elle est l’actionnaire.
Sombres années marseillaises
Entamé le 9 juin 2011, le mandat de Vincent Labrune succède à celui de Jean-Claude Dassier et aura duré le temps d’un quinquennat. Cinq longues années pour le club phocéen et ses supporteurs qui ont enchaîné coups durs et mauvais résultats sous sa houlette. Côté sportif, le natif d’Orléans ne peut se vanter que d’avoir remporté une Coupe de la Ligue et qualifié son club en Ligue des champions (grâce à la deuxième place d’Élie Baup). Mais l’OM a également signé dans la foulée le pire record du football français en Europe en enchaînant six défaites en phase de poule dans un groupe composé d’Arsenal, Dortmund et Naples. Globalement, son passage sur la Canebière a été un échec saupoudré de relations difficiles et conflictuelles avec les supporteurs marseillais. Il quitte alors le club en 2016.
Quelques semaines seulement après avoir été remercié de la présidence de l’OM par Margarita Louis-Dreyfus, Vincent Labrune intègre pour quatre ans le conseil d’administration de la LFP et plus précisément le collège des indépendants, dont est issu le président de la Ligue. Le natif d’Orléans y retrouve les représentants de L1 et de L2, parmi lesquels certains soutiens (Bernard Caïazzo, Laurent Nicollin, Bernard Joannin) et quelques ennemis (Nasser Al-Khelaïfi, Jean-Michel Aulas). Enfin en 2018, il rejoint le comité exécutif de Moma Group, l’un des géants de l’événementiel français.
Un retour inattendu au premier plan
Lorsque Nathalie Boy de La Tour annonce ne pas vouloir briguer de second mandat à la tête de la Ligue de football professionnel, Vincent Labrune décide alors de se présenter à sa succession. Opposé à Michel Denisot, Gervais Martel et Alain Guerrini, l’outsider du scrutin est élu président de la LFP par 15 voix contre 10 pour l’ancien président du Paris Saint-Germain. Didier Quillot, actuel directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel, peu apprécié par certains dirigeants influents de Ligue 1, mais soutenu par une « majorité silencieuse » qui lui est gré d’avoir négocié et signé le mega-contrat de diffusion des matchs de L1 avec Mediapro (Téléfoot) a jeté le trouble en laissant entendre qu’il pourrait quitter son poste.
Durant les quatre prochaines années, Vincent Labrune aura donc la lourde tâche de relever l’instance qui connaît des temps compliqués. La première mission du nouveau président sera de rabibocher les acteurs du football français, qui se sont largement écharpés pendant la crise du coronavirus. Puis, les clubs devront s’accorder sur un nouveau modèle de gouvernance qui devrait aboutir à une modification des statuts. L’objectif est de simplifier l’organisation actuelle et les circuits de décision. Enfin, Vincent Labrune devra gérer l’épineux dossier de la création d’une société commerciale, que réclament les gros clubs de Ligue 1 afin de gérer leurs revenus. De nombreux défis, pour un mandat qui s’annonce d’ores et déjà animé.
Source: lepoint.fr
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