среда, 26 августа 2020 г.

Des nanofibres japonaises pour lutter contre la marée noire à Maurice

Au grand dam des écologistes japonais, il a fallu plusieurs jours aux médias et au gouvernement de Tokyo pour s’inquiéter de la marée noire provoquée par le vraquier MV Wakashio dans les eaux de la République mauricienne, et qui menace même l’île de La Réunion. Le navire bat certes pavillon panaméen et son équipage ne compte pas un seul Japonais, mais son propriétaire et l’armateur sont deux firmes nipponnes.

Quand le groupe qui les coiffe, Mitsui Shosen (ou Mitsui OSK Lines), a publié son premier communiqué, cela faisait plus d’une semaine déjà que le cargo s’était échoué, le 25 juillet, sur un récif proche de la pointe d’Esny, dans le sud-est de l’île Maurice. Dès le 6 août, la cargaison noire s’écoulait dans la baie turquoise. Un millier de tonnes de fioul se sont échappées des flancs éventrés du navire, menaçant les mangroves, les coraux et des espèces animales fragiles.

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Des spécialistes ont été dépêchés sur place par l’entreprise. Le gouvernement nippon, lui, ne s’est manifesté que le 9 août, envoyant des experts « à la demande des autorités de l’île Maurice ». Mais c’est une deuxième équipe gouvernementale, arrivée sur place le 19 août, qui attire l’attention, car elle transporte des « Magic Fibers » de la société M-TechX, matériau censé venir à bout du sinistre.

Une petite pépite technologique

Établie dans une zone industrielle, sur un îlot à proximité de l’aéroport Haneda, dans l’arrondissement Ota de Tokyo – connu pour ses nombreuses « usines dans la ville » –, M-TechX ne compte que 12 employés. Cette PME n’en a pas moins conçu une pépite : des nanofibres à base de matières plastiques recyclées, qui ont pour particularité d’absorber les huiles et hydrocarbures, même dans un liquide aqueux, sans pour autant se gorger d’eau.

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Cela se présente un peu comme des dalles souples de coton hydrophile sauf qu’au contraire le matériau est hydrophobe. « L’eau n’est pas du tout absorbée, seulement le pétrole », explique au Point l’un des dirigeants, Yuki Takenoshita, démonstration à l’appui à l’aide d’un saladier rempli d’eau et de pétrole. En moins d’une minute, l’or noir se fixe à la surface inférieure de la dalle, que l’on peut récupérer, et le liquide restant est clair comme de l’eau de roche. Le pétrole reste collé aux fibres, sans dégouliner. Il y a un monde entre un saladier et l’océan, mais l’entreprise veut croire que son procédé fonctionnera aussi à Maurice.

« Cela vaut la peine d’être tenté »

« C’est le gouvernement qui nous a contactés, car notre matériau a déjà été utilisé par l’armée pour nettoyer les routes ou champs après le déversement de 50 000 litres d’huile depuis une usine, à cause de crues dans la province de Saga, l’an passé. Dans le cas de l’île Maurice, la quantité et l’étendue posent une difficulté, mais cela vaut la peine d’être tenté », précise notre interlocuteur. Selon lui, le fait qu’il s’agisse d’eau de mer, donc salée, ne change pas les propriétés de la matière.

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Les résultats des premiers tests doivent être rendus cette semaine. S’ils sont concluants, l’entreprise expédiera d’importantes quantités de « fibres magiques » à Maurice. M-TechX a ouvert une campagne de financement en ligne sous le slogan « Rendons ses eaux bleues à l’île Maurice ». La société appelle les bonnes âmes à payer 550 yens (moins de 5 euros) pour une dalle qui sera envoyée sur place.

Future révolution dans le traitement des marées noires ?

Une réussite technique confirmée ouvrirait la voie à une révolution dans le traitement des marées noires. « On a entendu dire qu’il faudrait des décennies avec les méthodes habituelles, mais, avec ces fibres, cela peut aller très vite », veut croire Yuki Takenoshita. « Dans le cas présent, il était d’autant plus important pour nous d’agir que la catastrophe a été causée par un navire japonais. Le Japon aussi est un archipel, nous devons être sensibles à la préservation de l’océan », insiste-t-il.

Le même matériau peut aussi être utilisé pour nettoyer les coraux couverts de pétrole, et même les animaux. Accessoirement, les « fibres magiques » de M-TechX sont aussi en vente dans les drogueries au Japon pour venir à bout des cuisines grasses.

Source: lepoint.fr

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