среда, 3 июня 2020 г.

Déconfinement, phase 2 : coiffeurs, l’heure du bilan

Lundi 11 mai, la France reprenait le chemin de la normalité avec la levée partielle du confinement. Première étape, le salon de coiffure, après cinquante-cinq jours de laisser-aller capillaire. L’attente était grande, les clients nombreux et l’agenda plein à craquer. Trois semaines plus tard, ce sont des coiffeurs fatigués mais heureux qui envisagent la deuxième phase du déconfinement.

« Vous pouvez écrire que l’on est encore pleins à craquer », prévient Denis, le téléphone à la main. Entre les prises de rendez-vous et les mesures de protection à faire respecter, ce franchisé de la marque Dessange n’a plus une minute à accorder en dehors de sa clientèle : « Tentez votre chance en face, on travaille tous de la même façon avec le confinement. » Dont acte, puisque, depuis le 11 mai, ce sont les mêmes règles qui s’appliquent aux 85 000 salons de coiffure de France : au port du masque s’ajoutent la distanciation d’un mètre entre chaque client ainsi que la désinfection à chaque passage. Des mesures draconiennes qui rythment depuis plus de trois semaines le quotidien de la profession. Sans oublier la fameuse visière de protection en plastique prescrite par le ministère du Travail. Une véritable gêne, de l’avis de tous les professionnels interrogés.

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Coiffure sous haute protection

« Je porte la visière pour protéger mes yeux, mais, avec la réverbération de l’éclairage, on ne voit rien du tout », témoigne Jennifer, à la tête de son propre salon. « La visière et le masque fatiguent énormément, de la buée se forme et on a vite mal aux yeux après une journée entière », abonde Virginie en compagnie de son mari, coiffeur et barbier. Lui porte un bandeau fait maison pour éviter d’avoir les oreilles trop irritées. « Il a fallu faire avec, par crainte de la délation », fait remarquer cet autre employé d’un salon de coiffure familial. « Imaginez que les gens passent devant la vitrine et ne voient pas de masques. C’est une amende et quelques mois de fermeture en plus pour nous », regrette-t-il. Fatigués, les coiffeurs ? « On a fait onze heures par jour. Les médias nous ont bien aidés en faisant une très belle publicité », souligne Jérôme, pétulant coiffeur à La Rochelle, proche de la retraite. « Ça a été dur quand même, les gens m’ont fait exploser le répondeur », s’amuse-t-il entre deux préparations de couleur. Malgré l’épuisement, ils sont unanimes : la reprise a été un soulagement.

Jennifer a eu de la chance dans son malheur. Reportée de deux mois, l’ouverture de son nouveau salon a profité d’une demande exceptionnelle : « Je ne m’en sors pas si mal car les autres salons sont tous saturés. Il y a eu une grosse perte d’activité, mais maintenant, c’est plein gaz pour les coiffeurs. J’ai tout à prendre », résume-t-elle. Sur son chiffre d’affaires post-déconfinement, Virginie estime, pour sa part, avoir rattrapé son retard : « On a ouvert le samedi pour essayer de retrouver notre niveau précédent. Avec l’obligation de désinfecter, j’ai fait les calculs, on perd entre deux à trois clients par jour. » À Paris, aux grandes heures du déconfinement, certains établissements ont même élargi leurs horaires : de 7 heures à 22 heures le soir, en semaine. L’objectif ? Renflouer les caisses du secteur en surfant sur la vague capillaire.

« Il était temps de reprendre »

Cité par Le Monde, Franck Provost, président du Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC), estimait la perte, après deux mois de fermeture, à 100 millions d’euros. Problématique pour des coiffeurs dont les baux commerciaux n’ont pas cessé de courir pendant le confinement. « Mon bail a été gelé, mais je vais devoir rembourser. La perte d’exploitation est là et c’est au propriétaire d’être indulgent », se justifie Jennifer, qui déplore n’avoir reçu aucun soutien de l’État. « Il était temps de reprendre. Un mois de plus et je ne sais pas ce que ça aurait donné », confirme Virginie, qui a fait le choix de ne pas s’endetter. Tous ont mis les bouchées doubles pour leurs clients, certains devenus méconnaissables. « On est content de les retrouver, c’est un métier de convivialité, vous savez », explique Jérôme dans son salon à l’atmosphère décontractée. Signe d’une détente retrouvée, l’humour du déconfinement est au rendez-vous : « Allez, à poil, on vous désinfecte », ose le coiffeur à ses plus fidèles clients.

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Source: lepoint.fr

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