L’Algérie a entamé des contacts intensifs avec la Russie, la France, la Tunisie et les Nations unies dans le cadre d’une nouvelle initiative pour le règlement de la crise en Libye, a révélé le quotidien arabophone El Khabar. Cette initiative s’articule sur deux axes principaux.
D’abord la neutralisation de la situation militaire sur le terrain pour une durée maximale afin de permettre un retour à la table des négociations, consacrant ainsi le refus d’une solution strictement militaire. L’objectif ces prochains de mois pour Alger est d’éviter que l’une des parties engagées dans ce conflit cumule de nouvelles avancées sur le terrain militaire, enrayant ainsi le cycle des provocations.
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L’ONU doit agir
Deuxièmement, permettre à l’ONU d’imposer l’interdiction de l’entrée en Libye d’armes et de combattants de l’étranger. L’embargo en vigueur n’étant pas respecté, l’idée est d’octroyer aux Nations unies une plus grande capacité de contrainte et développer ainsi un nouveau mécanisme onusien de règlement de la crise.
Un rôle plus proactif de l’ONU, selon Alger, découlerait, d’après El Khabar, du fait que le début de la crise remonte à une décision… onusienne : en mars 2011, la résolution du Conseil de sécurité 1970 a mis en place un embargo sur les armes à destination de la Libye et bloqué l’aviation libyenne accusée de cibler les manifestants contre le régime de Kadhafi.
Cette résolution a été suivie par celle portant le code 1973 instaurant une zone d’exclusion aérienne et permettant de « prendre toutes les mesures jugées nécessaires pour protéger les populations civiles ».
« La responsabilité de l’ONU et, plus précisément, du Conseil de sécurité, est engagée, même partiellement, dans la guerre en cours en Libye », explique le quotidien en détaillant l’argumentaire de l’Algérie. Pour faire connaître cette initiative, qui pourrait être conjointement portée par Alger et Tunis, l’Algérie a commencé a multiplié contacts discrets et rencontres publiques.
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Activisme diplomatique
Le 20 juillet, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a reçu à Alger Stephanie Williams, représentante spéciale par intérim onusienne en Libye. Cette dernière avait déclaré que l’ONU était « en train de travailler, sous les auspices de l’accord de Berlin, dont l’Algérie fait partie, pour essayer de trouver une solution politique à la crise en Libye », affirmant avoir reçu des « garanties de la part de l’Algérie pour nous soutenir dans cette initiative ».
Stephanie Williams a également appelé à mettre fin à « l’impunité internationale » qui fait que certains pays « ne respectant pas l’embargo imposé par l’ONU sur les armes qui rentrent en Libye de manière illégale », de même que « l’impunité interne en Libye, suite aux violations des droits de l’homme ».
Le 24 juillet, le chef de la diplomatie algérienne était à Moscou pour réitérer la position d’Alger, assurant que son pays « s’active à éviter toute escalade militaire en Libye ».
Le 29 juillet dernier, le représentant de l’Algérie aux Nations unies, Sofiane Mimouni, a appelé le Conseil de sécurité à « s’investir pleinement dans la recherche d’une solution politique inclusive en Libye » et à promouvoir une « action multilatérale concrète ». Le même jour, le ministre des Affaires étrangères saoudien, Faiçal Ben Ferhan Al Saoud, en visite à Alger pour rencontrer le président algérien, a expliqué que Riyad s’était « engagé » à se coordonner avec l’Algérie pour parvenir à un règlement pacifique de la crise libyenne.
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Dissonances en Alger et Le Caire
L’urgence pour Alger est de mettre un terme aux ingérences régionales qui risquent de mener la Libye et la région vers un conflit ouvert et complètement incontrôlable.
Le président Tebboune, lors d’une rencontre avec les médias le 19 juillet, s’était par exemple inquiété des « tentatives d’implication de certaines tribus libyennes dans le conflit armé » libyen, estimant que « c’est là une situation très dangereuse qui pourrait faire basculer la Libye dans le même sort que la Somalie ».
Fin juin, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’était déclaré, devant des représentants de tribus libyennes, disposé à les entraîner et à les armer pour « les aider dans leur lutte contre l’ingérence étrangère ». Allusion faite à l’interventionnisme turc en Libye qui irrite au plus haut point Le Caire.
Pour rappel, la Chambre des représentants – Parlement au pouvoir dans l’Est libyen – a autorisé le 14 juillet les forces égyptiennes à intervenir dans le conflit que traverse son pays. Dans sa déclaration, il est indiqué que ces troupes ont le droit d’intervenir afin de protéger la sécurité nationale libyenne et égyptienne, « si elles constatent une menace imminente pour la sécurité des deux États ». La Libye risque donc, en l’absence d’une solution rapide et globale sous l’égide de l’ONU, de voir s’ouvrir de nouveaux fronts dans cette guerre qui n’en finit pas.
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Source: lepoint.fr
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