понедельник, 3 августа 2020 г.

Anti-vaccins, néonazis, vieux hippies…, l’étonnant cortège anti-coronavirus de Berlin

Ils étaient 20 000 serrés les uns contre les autres, sans masque, à défiler samedi au cri de « Résistance ! Résistance ! », « Nous sommes la seconde vague ! » ou encore « Stop, ça suffit ! Trop, c’est trop ! ». Sur l’avenue du 17-Juin qui remonte vers la porte du Brandebourg à Berlin, une nébuleuse bizarre de gens unis par une croyance commune : le corona est une petite grippe inoffensive, une menace inventée par les gouvernements pour mieux manipuler les citoyens et réduire leurs libertés. 690 000 personnes sont mortes du Covid-19 dans le monde ? Des chiffres, arguent ces rebelles, qui ont été gonflés pour semer la panique.

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Depuis plusieurs mois déjà, ces opposants aux mesures d’hygiène prises par le gouvernement pour enrayer la pandémie défilent régulièrement dans les rues du pays. Pour cette méga-manifestation à Berlin, ils étaient venus de toute l’Allemagne, et tout particulièrement du sud. Des autocars spéciaux avaient été affrétés à Stuttgart et à Düsseldorf direction la capitale allemande. Des familles avec des enfants, des groupes de retraités, des extrémistes de droite, de jeunes Berlinois qui protestent contre la lente agonie des clubs fermés depuis des mois, de vieux soixante-huitards pacifistes de Stuttgart…, ce mouvement contestataire hétéroclite rassemble des gens venus d’horizons très divers. Il y a des adeptes de croyances ésotériques et new age, des anti-vaccins, des complotistes persuadés que cette pandémie est un coup monté par l’industrie pharmaceutique en quête de profits ou une manœuvre subtile du milliardaire et philanthrope Bill Gates qui aurait cultivé et propagé le virus pour imposer la vaccination obligatoire et généraliser l’implantation de puces sous la peau des gens pour vérifier s’ils ont été testés.

« Merkel muss weg ! »

Pas moins inquiétante, la présence très visible dans la foule d’activistes néonazis portant avec fierté bannières et tee-shirts, comme les groupes d’extrême droite Patriotic Opposition Europe, les militants de Zukunft Heimat (l’avenir de la patrie) venus de Cottbus, ou encore les activistes virulents venus de la petite ville de Kandel, en Rhénanie-Palatinat, où une jeune fille de 15 ans avait été assassinée en 2017 par un réfugié afghan. Kandel est depuis l’épicentre de la protestation contre la politique d’asile d’Angela Merkel. Parmi les manifestants se trouvent aussi des dirigeants et des militants de l’AfD, le parti populiste d’extrême droite en perte de vitesse depuis le début de la pandémie.

Ce qui unit tous ces gens d’horizons divers, c’est un mépris tenace pour la politique et les médias. « Merkel muss weg ! » (Merkel doit s’en aller !), scandait un groupe alors que la courbe de popularité de la chancelière est à son zénith depuis le début de la pandémie. Samedi, les manifestants ont craché sur des journalistes, insulté et bousculé des équipes de la télévision. Une équipe, menacée physiquement, a même été forcée d’interrompre son tournage. Les manifestants, qui se définissent comme les « vrais démocrates », se donnent pour noble mission de résister à un système corrompu.

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Face à cette mouvance inquiétante, les autorités allemandes sont prisonnières d’un paradoxe. Dans ce pays où le droit à manifester est un des piliers de la Constitution, on tente de ne pas museler la liberté d’expression en interdisant les rassemblements, même s’ils risquent de mettre en danger la santé publique. Mais des Berlinois sont furieux que ce cortège de sans-masques ait choisi leur ville pour protester. « Pourquoi ne restent-ils pas chez eux à Stuttgart pour s’infecter les uns les autres au lieu de circuler dans tout le pays pour venir chez nous à Berlin ? » s’insurge l’un d’eux. 1 100 policiers avaient été dépêchés pour surveiller le déroulement de la manifestation, dont l’ultime noyau dur n’a été dispersé qu’au bout de six heures. Le lendemain, dimanche, quelques centaines de durs à cuire étaient retournés devant la porte de Brandebourg pendant plusieurs heures.

Le maire de Berlin « atterré »

Des voix se sont élevées pour protester contre le « laxisme » des forces de l’ordre, qui auraient dû intervenir plus fermement et surtout plus rapidement. Essentiellement présentes pour empêcher des affrontements avec les contre-manifestants, les forces de l’ordre n’ont pas voulu prendre de risques. Seuls les organisateurs de la manif devront payer des amendes pouvant aller jusqu’à 5 000 euros pour avoir enfreint le règlement sur les mesures d’hygiène à respecter durant la pandémie. Le maire de Berlin, Michael Müller, qui avait refusé, au nom de la liberté d’expression, d’interdire la manifestation, s’est, lui, déclaré « atterré ».

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Cette manifestation est d’autant plus inquiétante que le virus a recommencé à se propager plus rapidement en Allemagne, où l’on redoute une seconde vague. Les derniers chiffres récemment publiés montrent une très nette recrudescence des infections dans ce pays pourtant classé comme l’un des plus sûrs au monde. Si la grande majorité de la population se comporte de façon très disciplinée, l’ambiance estivale, les retours de vacances et, dans quelques jours, la rentrée des classes dans certains Länder représentent un risque accru.

L’affaire est en tout cas assez grave pour avoir suscité, lundi matin, une intervention musclée du président Frank-Walter Steinmeier. Dans une vidéo, celui-ci a demandé aux Allemands de continuer à respecter les mesures de protection contre le Covid-19. Il rappelle que l’attitude irresponsable de quelques-uns représente un risque pour tout le monde et met en danger la relance de l’économie. Quant à Markus Söder, le ministre-président de la Bavière, dont le nom est sur toutes les lèvres en ce moment pour succéder à Angela Merkel dans un an, il voit déjà la seconde vague déferler sur l’Allemagne et exige que l’on mette fin sans tarder à ce généreux déconfinement.

Source: lepoint.fr

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