четверг, 9 июля 2020 г.

Rififi au Grand Paris

Coup de théâtre à la métropole du Grand Paris (MGP) jeudi matin, lors de l’élection de son président ! Favori du scrutin, le candidat de la majorité Les Républicains et Indépendants (LRI), Vincent Jeanbrun, s’est finalement retiré au terme d’un premier tour très serré, où il n’est arrivé qu’avec six voix d’avance sur le candidat UDI Philippe Laurent, maire de Sceaux et secrétaire général de l’Association des maires de France. Plusieurs suspensions de séance ont suivi, qui n’ont pas permis au jeune élu d’attirer d’autres soutiens et d’espérer remporter le scrutin.

Le président du groupe a finalement été contraint de proposer la candidature de Patrick Ollier, le président sortant, à laquelle les centristes, le PS et le Front de gauche se sont ralliés en retirant leurs candidats. Pourtant, mardi, lors d’un vote interne du groupe LRI, le jeune maire de L’Haÿ-les-Roses, 36 ans, avait été préféré au maire de Rueil-Malmaison, jugé un peu trop soutenu par la maire de Paris Anne Hidalgo qui était sa première vice-présidente.

Une métropole trop complexe

À l’inverse, Vincent Jeanbrun avait le soutien de Valérie Pécresse. De quoi voir en lui un futur président sous influence. Depuis plusieurs années en effet, la présidente de la région Île-de-France critique la MGP, dans laquelle elle ne voit qu’un « corps mou » qu’il faudrait supprimer et dont les compétences devraient être transférées à d’autres collectivités, à commencer évidemment par la sienne. Repéré par la présidente de la région Île-de-France lors de la campagne des régionales de 2010, Vincent Jeanbrun a d’abord été son assistant parlementaire avant d’être élu conseiller départemental du Val-de-Marne puis conseiller régional en 2015 et, enfin, vice-président à la région chargé de l’emploi, de la formation professionnelle et de l’apprentissage.

Le fait que Vincent Jeanbrun préside déjà le Forum métropolitain du Grand Paris n’a pas suffi à faire oublier son discours sur la « gestion dispendieuse » de la MGP. Dans une tribune publiée il y a quelques jours dans L’Opinion, le candidat écrit : « Il reste encore à définir le rôle de la métropole dans notre millefeuille territorial, et je dirais même, plus que tout, son utilité ». Accusé depuis de vouloir dissoudre la MGP dans la région Île-de-France, Vincent Jeanbrun a tenté en vain de jouer la carte de l’apaisement : « Je n’ai aucun bâton de dynamite sur moi. Je crois au fait métropolitain, mais pas à l’usine à gaz née des lois Maptam et NOTRe », nous a-t-il expliqué.

De fait, le maire de L’Haÿ-les-Roses est loin d’être le seul à déplorer l’organisation de la métropole, à droite comme à gauche. Depuis sa création en 2016, la MGP a toujours manqué de lisibilité aux yeux des citoyens. « C’est la quintessence de la complexité. Quand un habitant me demande comment cela fonctionne, je préviens qu’il faut un bon quart d’heure et un fichier PowerPoint », soupire le maire de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin.

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La MGP, qui regroupe Paris, 131 communes de la petite couronne principalement et quelque 7 millions d’habitants, a le statut d’établissement public de coopération intercommunale (EPCI), avec une fiscalité propre. Les communes, à l’exception de la capitale qui conserve son statut particulier, sont réunies au sein d’établissements publics territoriaux (EPT). Une organisation unique en France et que plusieurs maires voudraient revoir. « Il faut transformer les EPT en EPCI (Établissement public de coopération intercommunale de droit commun) pour redonner de l’autonomie aux territoires. La métropole ne doit avoir qu’un rôle de planification et d’organisation de la stratégie globale », estime, par exemple, Jacques J. P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne et soutien de Vincent Jeanbrun.

Censée améliorer le cadre de vie de ses habitants et réduire les inégalités entre ses territoires, la MGP n’a en réalité jamais eu les moyens de ses ambitions. Selon le rapport budgétaire de l’institution, ses ressources s’élevaient en 2019 à 3,4 milliards d’euros. Mais 97 % de ses recettes ont été affectées à des reversements aux communes et aux EPT. Résultat : ses dépenses d’investissements n’ont été que de 130 millions d’euros. Dans ce même rapport, on lit ainsi que seulement un million d’euros a été affecté au logement et 4 millions au développement économique. « La métropole du Grand Paris a été dotée de beaucoup moins d’argent que les métropoles de province. Ma ville a plus de ressources ! Il n’y a donc pas d’effet de levier », souligne le maire de Clamart, Jean-Didier Berger, qui soutenait la candidature de Vincent Jeanbrun.

Un financement déficitaire

En 2018, il a créé l’Alliance des territoires, regroupant 120 communes, afin de contester une disposition de la loi NOTRe qui prévoit que le produit de la cotisation foncière des entreprises (CFE), estimé à un peu plus d’un milliard d’euros sur la MGP et perçu par les communes, soit transféré à la métropole en 2021. « Si nous perdons cette ressource, nous ne pourrons plus financer nos projets », s’inquiète Jean-Christophe Fromantin, qui dénonce déjà la complexité du système métropolitain « qui nous pourrit la vie et nous oblige à passer notre temps en réunion pour obtenir des bouts de financement ». Des subsides qui vont en outre se tarir, car la principale ressource fiscale de la métropole, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), va forcément être impactée par la crise économique. « Le modèle de financement de l’action métropolitaine est structurellement déficitaire », reconnaît d’ailleurs le rapport budgétaire 2019.

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Réélu avec 133 voix sur 137 exprimées, Patrick Ollier, qui avait mis en place la métropole, s’est dit « résolu à démontrer qu’on peut aller encore plus loin et plus fort ». Il a également annoncé que le débat sur une future loi concernant la métropole aura bien lieu, « mais c’est le Parlement qui l’ouvrira ». En 2017, le président de la République lui-même avait promis une réforme de la MGP. Pas sûr toutefois que la grande conférence des territoires annoncée par Emmanuel Macron pour cet été s’empare du sujet : « À l’approche des élections départementales et régionales, cela risque d’être perçu comme une manœuvre électoraliste », glisse Jean-Christophe Fromantin, qui craint l’enlisement. « Nous sommes la métropole des maires », a répété Patrick Ollier. Il faudrait qu’elle devienne aussi celle des habitants.

Source: lepoint.fr

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