среда, 8 июля 2020 г.

Covid-19 : les limiers du Sénat veulent organiser des confrontations

Elle se veut moins politique que la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, et doublement efficace. Dès ce mercredi soir, et jusqu’au mois de décembre, 36 sénateurs vont plancher à leur tour sur la gestion de la crise du Covid-19, et plus largement des pandémies, avec une méthode très différente de celle adoptée par les députés. D’abord, les sénateurs se sont préparés : le président de la commission Alain Milon, par ailleurs président de la commission des Affaires sociales du Sénat, a déjà conduit plusieurs auditions. Les trois rapporteurs ont été désignés non seulement pour leur représentativité politique (un LR, un PS, un centriste), mais aussi pour leur capacité à appréhender les débats : deux d’entre eux sont médecins. Surtout, ils entendent confronter les différents acteurs qui ont eu tendance, devant les députés, à se renvoyer la balle. « Toutes nos auditions se feront en table ronde », explique au Point le sénateur du Vaucluse Alain Milon (LR), président de la commission. Entretien.

Le Point : La commission d’enquête de l’Assemblée nationale a commencé ses auditions il y a trois semaines. Vous prévoyez d’entendre peu ou prou les mêmes acteurs. Ne craignez-vous pas que vos travaux soient redondants ?

Alain Milon : Il ne faut pas justement que ce soit redondant, sinon cela ne sert à rien. C’est pour cela que nous avons décidé de commencer par la base : au lieu d’auditionner d’abord le directeur général de la santé, qui prenait les décisions, nous entendrons les gens du terrain, ceux qui ont subi la crise. Les acteurs de la région Grand Est, où l’épidémie a commencé. Puis ceux de la région Île-de-France, qui avaient eu le temps de mieux s’organiser, puis ceux de l’Oise, de Bretagne, où la coordination sur le terrain entre les ARS, la préfecture, les élus, les hôpitaux, les cliniques, etc. semble avoir été optimale. L’objectif est de faire naître des questions qui viendront directement de la base, que nous pourrons poser directement, ensuite, à ceux qui ont décidé.

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Contrairement aux députés, vous avez décidé de ne pas conduire d’auditions individuelles. Pourquoi ?

Cela ne nous a pas semblé très constructif : si j’interroge un scientifique sur le virus et qu’il me dit certaines choses, je suis obligé de le croire, n’étant pas moi-même scientifique. C’est ce qu’on a vu à l’Assemblée. Nous avons choisi de faire venir deux virologues d’avis différents, qui pourront confronter leurs points de vue. Toutes nos auditions se feront en tables rondes, y compris les auditions des ministres de la Santé ! Je pense qu’il sera intéressant de mettre autour de la table Agnès Buzyn, Marisol Touraine, Roselyne Bachelot et Olivier Véran, et de les confronter ! L’audition de Didier Raoult par mes collègues députés m’a particulièrement frappé. En tant que scientifique, c’est une personnalité incontestable. Mais en tant qu’homme public, il a eu des affirmations, notamment sur la façon dont a été gérée la crise en Île-de-France, qui auraient mérité d’être confrontées. Nous souhaitons auditionner M. Raoult en même temps que le président de l’AP-HP Martin Hirsch, par exemple (l’AP-HP a accusé Didier Raoult de faux témoignage, NDLR), et que d’autres professeurs de médecine, qui pourront répondre factuellement à ses accusations, ou nuancer ses avis. Trop de choses se sont dites pendant tout le temps de cette épidémie qui, pour des professionnels de santé, étaient choquantes. Je pense au foisonnement de virologues et à la génération spontanée d’épidémiologistes sur les chaînes de télévision populistes. Le Sénat se doit d’éviter ce genre de dérives.

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Ne craignez-vous pas que les acteurs refusent ces confrontations ?

(Rire) Ils ne le peuvent pas !

Vous êtes sénateur depuis 2004, et vous-même médecin. En 2010, vous étiez rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion de la grippe H1N1 par le gouvernement. Dans votre rapport, vous invoquiez la nécessité impérieuse de constituer des stocks nationaux de produits de santé, et notamment de masques. Comment se fait-il que le Sénat – et vous-même ! – n’ait exercé aucun suivi de ses propres recommandations ?

C’est une question que je comprends. Il faut quand même se rappeler que du temps de Roselyne Bachelot et de Xavier Bertrand, il y avait un organisme appelé l’Eprus, indépendant, en charge de répondre aux crises sanitaires, et dont les parlementaires pouvaient contrôler le fonctionnement parce que, chaque année, nous votions ses budgets. En 2016, le gouvernement suivant a considéré que les agences étaient trop nombreuses, qu’il fallait les regrouper, et il a été créé Santé Publique France dans laquelle l’Eprus a été absorbé. Nous n’avons plus jamais voté les budgets de l’Eprus, et ceux de Santé Publique France n’étaient pas détaillés. La surveillance parlementaire est devenue beaucoup plus compliquée. Il est vrai que j’ai dit en 2010 qu’il fallait faire le nécessaire au niveau des masques. Je n’ai pas fait le nécessaire pour surveiller… J’ai fait confiance à nos gouvernants.

La communication des scientifiques, il faut le reconnaître, a été une catastrophe

Que répondez-vous à ceux qui reprochent aux membres des commissions parlementaires de vouloir s’ériger en juges ?

Nous ne sommes pas des juges, ce n’est pas notre rôle. Notre but est de faire des propositions afin de s’assurer que les conséquences de cette crise seront tirées. Et le plus rapidement possible ! Nous devons identifier quelles normes ont bloqué l’action. Très rapidement, nous auditionnerons les pompiers qui ont critiqué l’architecture des décisions. De même que nous allons très vite auditionner les aéroports sur l’absence totale de contrôle qu’on observe actuellement. Des gens arrivent d’Algérie, de Tunisie, d’Amérique latine, sans autre précaution qu’une affiche leur demandant de prévenir s’ils sont atteints du virus. Alors qu’ailleurs, on peut vous demander un certificat médical, on prend votre température… Nous nous intéresserons aussi au meilleur type de communication à avoir en période de crise. Car la communication des scientifiques, il faut le reconnaître, a été une catastrophe. Comment se positionne l’ordre des médecins, ne peut-il intervenir ? Concernant les décisions qui ont le plus marqué les Français, sur les masques, sur les tests…, nous confronterons les responsables. Les ministres, les directeurs généraux de la santé successifs : Didier Houssin, Benoît Vallet, Jérôme Salomon seront auditionnés ensemble.

Tous se sont abrités, jusqu’à présent, derrière les décisions des autres. Vous attendez-vous à des mises en cause directes ?

Ils seront sous serment.

Source: lepoint.fr

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