вторник, 16 июня 2020 г.

Un narco, un hackeur et un trafiquant d’armes russes contre un espion américain

Paul Whelan, 50 ans, le sait depuis le jour de son arrestation. Lors de son interrogatoire, les agents du FSB, chargés de la sécurité intérieure en Russie, lui ont dit : « Vous serez échangé. » L’ancien marine américain appréhendé en décembre 2018 dans un hôtel près de la place Rouge, servira donc de monnaie d’échange. Des discussions entre les États-Unis et la Russie se déroulent depuis plusieurs mois à son sujet. Sauf que Moscou posait une condition. Paul Whelan devait d’abord être jugé. Or, c’est chose faite. L’Américain, également détenteur de passeports canadien, irlandais et britannique, a été condamné par un tribunal de Moscou à 16 ans de prison en « régime sévère ». Un simulacre de procès pour une tentative d’espionnage que récuse l’intéressé. Whelan débarquait à Moscou pour se rendre à un mariage. À sa descente d’avion, il aurait accepté de la part d’un « ami » une clé USB, pensant y trouver des photos. Selon les enquêteurs russes, il y figurait, au contraire, des données sur des agents russes.

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Au tribunal, depuis sa cage de verre, Whelan a brandi une feuille sur laquelle il appelle à l’aide le président américain et les premiers ministres britanniques, irlandais et canadien. Donald Trump, lui, n’a guère le choix. S’il veut récupérer Whelan, il connaît les noms des trois prisonniers russes réclamés par Moscou. « Ces cas suscitent notre indignation et notre colère », a encore souligné, en février, le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Verchinine.

« Lord of War »

En tête de liste, une grosse pointure : Viktor Bout, 53 ans. Arrêté en Thaïlande en 2008, le moustachu aux yeux bleus purge actuellement une peine de 25 ans de prison aux États-Unis. C’est le trafiquant d’armes le plus célèbre de l’après-guerre froide. Sa vie a même inspiré le film Lord of War avec Nicolas Cage. Ancien du renseignement militaire russe (GRU), il prospère en revendant les stocks d’armes abandonnés au lendemain de la chute de l’URSS. Ses terres de prédilection ? Les pays africains en proie à d’interminables conflits. Liberia, Sierra Leone, République démocratique du Congo, Rwanda, Angola…

Le polyglotte Viktor Bout, détenteur de cinq passeports, est partout, mobilisant sa soixantaine d’avions au service de dictateurs sanguinaires, dont le Libérien Charles Taylor. Et parfois même au service d’ONG, ou même de l’ONU en Somalie. Un « as » de la logistique, à la tête de trois cents hommes et qui parvient à échapper à plusieurs tentatives d’assassinat et d’arrestations grâce à ses appuis. Notamment à Moscou. Il tombe finalement dans les filets des services américains à Bangkok. Un lieu où il négociait, dit-on, la vente de missiles sol-air aux rebelles colombiens des Farc.

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Autre cas : celui de Konstantin Iarochenko, 52 ans, un pilote originaire de Rostov-sur-le-Don, condamné en 2011 à 20 ans de prison. Son nom est moins connu, mais les autorités russes attachent une grande importance à son retour. D’autant que Iarochenko, placé à l’isolement, souffre d’une santé fragile. « Je ne sais pas si je vais en sortir vivant » a-t-il récemment confié à sa femme au téléphone. Aux yeux de Moscou, l’homme subirait un traitement injuste. Piégé par une affaire qui l’aurait dépassé.

Alors qu’il vivote grâce à ses services d’avion-taxi, il croise le chemin de trafiquants de drogue qui lui proposent de convoyer 4 tonnes de cocaïne du Venezuela au Liberia, puis au Ghana. Salaire offert : 5,7 millions de dollars. Il n’a pas le temps de prendre les commandes de son avion. Les agents de la DEA, l’agence antidrogue américaine, passent les menottes aux membres du réseau lors d’une réunion préparatoire au Liberia. Iarochenko est embarqué avec les autres. Les procureurs américains font valoir des enregistrements dans lesquels le Russe se targue d’une longue expérience dans le transport de la drogue. Ses avocats plaident sa naïveté.

Un « pirate » arrêté aux Maldives

Dernier homme réclamé par Moscou : Roman Seleznev, 35 ans. C’est le fils d’un parlementaire russe. Et surtout un redoutable pirate informatique. Il est accusé d’avoir volé les numéros de cartes de crédit de 500 entreprises américaines et de 3 700 institutions financières. Montant du préjudice : 169 millions de dollars.

Son aventure s’interrompt à l’issue de vacances aux Maldives en 2014. Il est arrêté par des agents américains à bord de l’avion qui s’apprête à décoller pour Moscou. On le transfère aussitôt dans un autre appareil. Destination : l’île américaine de Guam. Il y purge aujourd’hui une peine de 27 ans de prison.

Source: lepoint.fr

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