Le scandale avait porté un rude coup à l’image du sport : l’ancien patron mondial de l’athlétisme, Lamine Diack, est attendu ce lundi 8 juin au tribunal de Paris pour être jugé avec son fils et quatre acteurs présumés d’un pacte de corruption pour protéger des athlètes russes dopés.
Après un faux départ, en janvier, à cause de problèmes de procédure, le Sénégalais de 87 ans encourt jusqu’à dix ans de prison devant la 32e chambre correctionnelle, où il comparaît pour corruption active et passive, abus de confiance et blanchiment en bande organisée.
L’affaire avait précipité la chute de ce cacique du sport mondial aux mille vies, ancien sportif, puis politique, devenu le premier dirigeant non européen de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF, 1999-2015), et désormais accusé par le parquet national financier d’avoir mis en place « une véritable organisation criminelle ».
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Une affaire aux multiples ramifications
Depuis son arrestation à Paris en novembre 2015, la pile des dossiers sombres du sport international a grossi : la Russie a été accusée de « dopage institutionnel » et Lamine Diack est aussi poursuivi pour corruption à Paris, soupçonné d’avoir monnayé son influence dans l’attribution des JO de Rio 2016 et Tokyo 2020. Accusations qu’il réfute. « Lamine Diack est combatif. Il a envie de se défendre et il veut laver son honneur, il sait comment il a conduit l’institution », prévient son avocat Me Simon Ndiaye.
À son procès, il est attendu avec l’un de ses anciens conseillers, l’avocat Habib Cissé, et l’ancien responsable du service antidopage de l’IAAF, Gabriel Dollé, jugés pour corruption passive.
Si Lamine Diack a interdiction de quitter le pays, la justice française n’a jamais pu approcher l’un des suspects clés, son fils Papa Massata Diack, ancien conseiller marketing de l’IAAF qui demande depuis Dakar le renvoi du procès.
Deux autres prévenus devraient manquer à l’appel, l’ancien président de la Fédération russe d’athlétisme Valentin Balakhnitchev, et l’ancien entraîneur national des courses de fond Alexeï Melnikov.
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Sport, business, dopage et géopolitique
L’affaire démarre au début des années 2010, avec l’arrivée dans l’arsenal antidopage du passeport biologique, qui permet de déceler des variations sanguines suspectes. L’étau se resserre sur la Russie et en novembre 2011, une liste de 23 athlètes suspects de dopage à l’EPO est établie.
Au même moment, Lamine Diack, son fils et Habib Cissé se rendent à Moscou. Les dossiers disciplinaires, eux, traînent en longueur, permettant à plusieurs athlètes de participer aux JO de Londres 2012. Certains y seront sacrés (Kirdyapkin 50 km marche, Zaripova 3 000 steeple), avant d’être sanctionnés et déchus.
Lamine Diack a reconnu que les sanctions avaient été échelonnées pour éviter de plomber l’image de la Russie et favoriser les négociations sur les droits télé et les sponsors en vue des Mondiaux 2013 à Moscou. Alors qu’il avait des contacts avec le Kremlin, il a aussi concédé qu’il avait obtenu 1,5 million d’euros de la Russie pour faire campagne à la présidentielle sénégalaise de 2012 contre le sortant Abdoulaye Wade, finalement battu par Macky Sall. Les juges français ont déploré le manque de coopération du Sénégal et relèvent dans leur ordonnance que Papa Massata Diack a bénéficié d’un passeport diplomatique en 2014.
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Un procès hors du commun
Mais pour les avocats de Lamine Diack, les athlètes russes ont finalement été sanctionnés (la plupart en 2014) et leur client voulait sauver l’IAAF de la banqueroute.
L’affaire a pu voir le jour, car la marathonienne Liliya Shobukhova, finalement suspendue, a demandé un remboursement à ses maîtres chanteurs. Un virement de 300 000 euros à son profit a permis de remonter jusqu’à Papa Massata Diack. Les noms de plusieurs autres athlètes et des sommes apparaissent sur des notes saisies chez Habib Cissé, laissant supposer qu’ils ont payé pour bénéficier d’une protection, mais la trace de l’argent n’a pas été retrouvée.
Lamine Diack est aussi jugé pour avoir permis à son fils de s’approprier plusieurs millions d’euros dans les négociations avec les sponsors, soit en imposant ses sociétés comme intermédiaires, soit en s’attribuant des commissions « exorbitantes ». La fédération internationale, partie civile, réclame 24,6 millions d’euros de dommages et intérêts aux prévenus sur ce volet, sur un préjudice total qu’elle estime à 41millions d’euros.
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Source: lepoint.fr
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