« Les femmes transgenres sont des femmes », s’exclamait Daniel Radcliffe ce lundi en ligne. L’incarnation à l’écran du jeune sorcier Harry Potter volait, ce faisant, à la rescousse de la communauté LGBT, piquée au vif par un tweet ironique écrit samedi soir par la créatrice du personnage. En question, une taquinerie de la romancière d’Édimbourg, en réaction à un article du site devex.com, usant de la formule « les personnes qui ont leurs règles ». Sur son compte aux 14,5 millions d’abonnés, Rowling déclarait : « Je suis sûre qu’il y avait un mot pour ces personnes. Quelqu’un m’aide. Wumben ? Wimpund ? Woomud ? » (en référence au mot femmes, women en anglais).
Levée de boucliers immédiate, le nom de Rowling monte en flèche dimanche dans les « trending topics », les thèmes les plus discutés sur Twitter. Certains membres de la communauté LGBT, pansexuels, bi, queer, trans, non-binaires, accusent alors Rowling d’utiliser un terme excluant. En somme, les femmes ne sont plus les seules détentrices de menstrues, et J. K. Rowling par ce tweet semble avoir claqué la porte au nez à ceux et celles qui entendent faire bouger la norme du genre.
'People who menstruate.' I'm sure there used to be a word for those people. Someone help me out. Wumben? Wimpund? Woomud?
Opinion: Creating a more equal post-COVID-19 world for people who menstruate https://t.co/cVpZxG7gaA
— J.K. Rowling (@jk_rowling) June 6, 2020
Rowling accusée de « transphobie » en dénigrant aux transgenres le droit d’avoir leurs règles ; l’affaire aurait pu en rester là. Si sa créature, le petit Harry Potter de 11 ans dans L’École des sorciers, Daniel Radcliffe, 30 ans aujourd’hui, soutien indéfectible de la communauté et de l’activisme LGBT, ouvertement gay friendly, n’avait longuement répondu lundi sur le blog LGBT The Trevor Project. Radcliffe souligne en préambule ne pas chercher querelle à Rowling, ce qui suggère immédiatement l’inverse. Le moteur de cette prise de parole en pleine tempête ? Se sentir « obligé de dire quelque chose en sa qualité d’être humain » – ce qui semble exclure Rowling du genre humain, au passage.
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À son soutien renouvelé aux jeunes transgenres et non-binaires victimes de discrimination, Radcliffe ajoute dans le texte ses excuses aux lecteurs dont « l’expérience de ces livres (les Harry Potter) a été ternie et diminuée », mais aussi pour « la souffrance que ces commentaires (ceux de Rowling) ont causée ». En espérant que les lecteurs blessés « ne perdront pas entièrement ce qui leur a été précieux dans ces histoires », écrit-il, Radcliffe rappelle le message essentiel de l’œuvre : « l’amour est la force la plus puissante de l’univers ». Mais aussi que l’idée de « pureté » s’oppose à celle de « diversité », et « que les idées dogmatiques conduisent à l’oppression des groupes vulnérables ». Des propos qui peuvent tout aussi bien viser les représentants de la race pure, les Mangemorts, ces ersatz de nazis qui pourchassent les bâtards de sang mêlé dans la série des Harry Potter, qu’à J. K. Rowling elle-même, jugée dangereusement répressive en l’espèce.
If sex isn't real, there's no same-sex attraction. If sex isn't real, the lived reality of women globally is erased. I know and love trans people, but erasing the concept of sex removes the ability of many to meaningfully discuss their lives. It isn't hate to speak the truth.
— J.K. Rowling (@jk_rowling) June 6, 2020
Une J. K. Rowling qui ne s’attendait sans doute pas à cette bronca et s’évertue depuis à éteindre l’incendie. En réitérant son soutien aux personnes transgenres en tout premier chef. Mais non pas sans défendre ses bonnes intentions et souligner la nuance en matière d’identité qui distingue le sexe et le genre, rappelant dans la foulée que la liberté d’expression est un droit inaliénable. « Dire la vérité n’est pas de la haine », écrit-elle pour conclure.
Source: lepoint.fr
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