La Guyane comptait jeudi 3.033 cas confirmés (+206 en 24 heures), 103 hospitalisations, 17 patients en réanimation et 10 décès. «On double le nombre de cas chaque semaine», a averti la ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui a promis des renforts en hommes et en matériel.
Face à une épidémie de Covid-19 galopante en Guyane, qui devrait atteindre son pic mi-juillet, le branle-bas de combat sanitaire s’organise pour tenter d’éviter la saturation du système hospitalier de ce territoire français d’Amérique du sud, sur lequel plane la menace d’un reconfinement. Le ministère des Armées a annoncé jeudi l’envoi, dès vendredi, d’un Airbus A400M pour évacuer des malades du coronavirus vers des hôpitaux de Guadeloupe et Martinique. Depuis lundi, six évacuations sanitaires ont déjà eu lieu vers les Antilles, en avion de transport militaire Casa.
La ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui a achevé mercredi soir un déplacement de 48 heures sur place, a promis des renforts en hommes et en matériel. Le gouvernement prévoit aussi de procéder «à des évacuations sanitaires vers l’Hexagone de cas non-Covid pour soulager les hôpitaux guyanais», a-t-elle précisé à Cayenne. La Guyane comptait jeudi 3.033 cas confirmés (+206 en 24 heures), 103 hospitalisations, 17 patients en réanimation et 10 décès. «On double le nombre de cas chaque semaine», a averti Annick Girardin lors de sa visite. Et le pic de l’épidémie, dans ce territoire ultramarin de 300.000 habitants sous état d’urgence sanitaire jusqu’à fin octobre, est prévu pour «la mi-juillet».
Matignon a clairement évoqué dimanche un possible reconfinement de la Guyane, mais la ministre a émis des réserves sur cette option, sans toutefois l’exclure. Le «reconfinement est la mesure qui nous permettrait de freiner le plus fortement la progression du virus, à condition que la population l’accepte et le mette en œuvre, ce qui n’est pas certain», a-t-elle fait valoir, relevant les difficultés d’une telle contrainte pour la population précaire qui vit dans les nombreux «habitats informels». «C’est aussi une mesure lourde de sens, qui pourrait empêcher de nombreux Guyanais de travailler et d’assurer la subsistance de leurs familles. Le coût social de cette mesure ne doit pas être sous-estimé», a ajouté la ministre, mentionnant aussi les réticences des «élus, professionnels de santé et socio-professionnels».
Appel à volontaires
Pour freiner l’épidémie et désengorger les services hospitaliers, des renforts humains et matériels sont arrivés (Réserve sanitaire et AP-HP), dont un hôpital de campagne à Cayenne pour les cas non-Covid, en cours d’installation jeudi. La ministre a lancé en plus un «appel solennel aux soignants et hôpitaux» français, réclamant des «volontaires, dans la durée». L’hôpital de Cayenne ne dispose pour l’heure que de 16 lits Covid-19 en réanimation. Mais les capacités vont être augmentées avec «une deuxième tranche de 15 lits supplémentaires, puis une troisième tranche de 15 lits, lorsque nous en aurons besoin», a assuré Mme Girardin. Elle a aussi appelé les Guyanais à respecter davantage les gestes barrières et le port du masque. Le préfet ayant déploré à plusieurs reprises des fêtes et regroupements de plusieurs dizaines, voire centaines, de personnes, la ministre l’a invité à durcir les couvre-feux déjà en vigueur.
L’idée est aussi à ce stade de «privilégier un confinement ciblé», comme ceux de Saint-Georges de l’Oyapock et Camopi, à la frontière brésilienne, ou dans un quartier de Rémire-Monjoly à Cayenne. «Les renforts annoncés par la ministre nous permettent de gagner quelques jours sur la décision de reconfinement», a reconnu le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, qui continue de réclamer le déploiement d’un «hôpital (militaire) style Mulhouse» pour accueillir les patients Covid-19.
Un collectif composé des principales forces militantes, syndicales et politiques, à l’origine du grand mouvement social de 2017 «alerte depuis mars» sur la situation et réclame lui aussi des mesures supplémentaires. «Sur le dépistage et les distributions de masques tout ne va pas bien», regrette Philippe Bouba, enseignant et co-porte-parole du collectif, contacté par l’AFP. Selon lui, «les déclarations ne sont pas à la hauteur des enjeux. On ne peut pas attendre deux semaines pour rectifier le tir, on est dans l’urgence».
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Source: ParisMatch.com
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