Comme si de rien n’était (ou presque) : alors que le monde vit au rythme des alertes sanitaires autour du coronavirus, le petit monde de la mode poursuit sa vie, de défilé en cocktail, de gala en prise de conscience verte. Tranquille ? Pas tout à fait sans doute. Mais en faisant de la légèreté un parti pris, la fashion a une manière d’insouciance un peu folle qui peut séduire ou effrayer. La preuve, en tout état de cause, que la mode est plus complexe que l’on ne le croit.
Défiler green
La mode est souvent pointée du doigt sur les questions environnementales. Les tissus, la confection, mais aussi les défilés, ces manifestations à la durée très éphémère qui consomment énormément d’énergie. Le Bureau Betak, l’une des plus grandes agences événementielles de la mode, vient de publier un manifeste écoresponsable pour la centaine de manifestations qu’il organise chaque année. « Nous sommes sur le point d’obtenir la certification 20121, qui distingue les événements durables. Avoir cette approche, c’est certes plus cher, plus long, parfois plus fastidieux, mais j’estime que c’est notre responsabilité, explique son fondateur Alexandre de Betak. Désormais, nous pensons en amont aux manifestations pour proposer les solutions les plus écoresponsables. » Parmi ces dix commandements, s’engager à réutiliser, donner ou recycler tout le matériel, comme ce sera le cas pour les bancs du dernier défilé Saint Laurent et la structure tubulaire transparente de Kenzo, mais aussi privilégier la location, utiliser de l’énergie verte ou encore arrêter le plastique à usage unique. « On voudrait que ces préceptes deviennent la norme », ajoute-t-il.
Intellectualiser la mode de très bonne heure
Jeudi 27 février, à 8 h 30 tapantes. Le Metropolitan Museum of Art de New York tenait à Paris sa conférence de presse annonçant sa prochaine grande exposition « About Time, Fashion and Duration ». Celle dont l’ouverture sera lancée avec le MET Gala, un grand raout devenu aussi caritatif que stratégique pour l’industrie de la mode. Ce matin-là, dans le café du musée d’Orsay, dont transparaissait la grande horloge comme un clin d’œil à l’exposition, une grande majorité d’Américains, Michael Burke, PDG de Louis Vuitton, mécène de l’événement, et toute l’équipe du Vogue américain autour de sa rédactrice en chef Anna Wintour, coprésidente du gala. Après un discours de Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections féminines de Louis Vuitton, le commissaire Andrew Bolton évoquait à cette heure matinale la dichotomie de la notion de temps entre Baudelaire et Bergson. Il citait aussi Virginia Woolf pour raconter la mise en scène de l’exposition qui évitera l’écueil trop évident de la chronologie. Une intellectualisation de la mode dans l’air du temps, ces dernières saisons, à vouloir prendre de la distance avec le vêtement, on en oublie parfois son statut tout aussi passionnant d’objet du quotidien.
« About Time, Fashion and Duration », du 7 mai au 7 septembre. www.metmuseum.org
S’inspirer d’une icône au musée Yves Saint Laurent
Loin des vernissages à queue de certains musées, celui d’Yves Saint Laurent à Paris a choisi d’organiser, jeudi 27 février, un cocktail avec intimes et proches de la presse pour inaugurer sa nouvelle exposition. Son thème ? Dédié à celle que Saint Laurent considérait comme son double : Betty Catroux. Avec son allure certaine, chic mais pas bourgeoise, la muse du créateur vient de faire une donation de 300 pièces à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent. Et c’est Anthony Vaccarello, directeur artistique actuelle de Saint Laurent, qui s’est chargé d’éditer ce vestiaire lors d’une conversation qui a donné lieu à un court film également projeté. « Elle est Saint Laurent comme elle respire. Son allure, son mystère, son côté subversif, un danger insaisissable, désirable, presque palpable », dit Anthony Vaccarello à son sujet. Outre les vêtements exposés par thème (saharienne, cuir, etc.), le musée présente également des photos, des documents, des lettres d’amour qui témoignent du lien singulier qui unissait Betty Catroux et Yves Saint Laurent.
Du 3 mars au 11 octobre 2020. https://museeyslparis.com
Guincher dans un dîner de gala
S’inspirant des grandes institutions culturelles américaines, le MAD Paris a organisé, mercredi 26 février, un premier dîner de gala international. L’occasion ? La réouverture de ses galeries de la mode qui accueillent actuellement une nouvelle exposition autour de Harper’s Bazaar, premier magazine de mode américain. Au total, 420 personnes ont été conviées dans la nef du musée, habillée des projections de l’artiste numérique Miguel Chevalier. Dans la salle, l’actrice Gwyneth Paltrow, la directrice artistique de Dior Maria Grazia Chiuri, le photographe de mode Juergen Teller ou encore la créatrice Diane von Furstenberg ont terminé le repas en se déhanchant sur « Le freak, c’est chic » de Nile Rodgers venu donner un concert privé pour l’occasion.
« Harper’s Bazaar, premier magazine de mode », MAD Paris du 28 février au 14 juillet. https://madparis.fr
Suivre le cling cling des silhouettes de Paco Rabanne
À la direction artistique de Paco Rabanne en 2013, Julien Dossena a livré pour l’automne-hiver 2020-2021 l’un de ses défilés les plus réussis. Présentée à la Conciergerie, dans ce palais médiéval qui fut autrefois la prison de Marie-Antoinette, sa collection jouait avec les codes des vêtements liturgiques, laissait transparaître une féminité moderne et affirmée avec des robes aux détails travaillés et des manteaux qui donnaient du pouvoir. Sans oublier la réinterprétation moderne d’une technique qui a fait les grandes heures de Paco Rabanne : des silhouettes en cottes de mailles de la tête aux pieds comme une armure souple, dont le cling cling rythmait le défilé. Dans la salle, la bande de Julien Dossena était venue, comme toujours, l’encourager : Nicolas Ghesquière, directeur des collections féminines de Louis Vuitton, la styliste Marie-Amélie Sauvé, le chausseur Pierre Hardy ou encore l’actrice Marina Foïs. Et à la fin, de vrais applaudissements enthousiastes et mérités pour cette collection à la séduisante mysticité, qui oscille entre ténèbres et lumière.Lire des articles en Français lepoint.fr
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