среда, 26 февраля 2020 г.

Coronavirus : Marine Le Pen ment (encore) sur l’Europe

En pleine épidémie de coronavirus, Marine Le Pen n’a pas pu s’empêcher de mettre en accusation l’Union européenne, avec des arguments, comme toujours, faux et mal informés. « J’ai été étonnée de voir que l’Union européenne – qui n’a pas dit un mot dans cette affaire, donc on ne sait pas à quoi elle sert –, le seul propos qu’elle a tenu, c’est de condamner ceux qui envisageraient de maîtriser des frontières, y compris de manière temporaire. Ça prouve d’ailleurs la force de l’idéologie, de la religion du sansfrontièrisme des dirigeants de l’Union européenne. »

Cette assertion, proférée sur France Inter, mercredi, contient plusieurs contre-vérités. La première porte sur le silence de l’Union européenne. Il ne faut pas s’intéresser beaucoup à l’Europe pour omettre l’action de l’Union européenne depuis que l’épidémie s’est déclarée. Dès janvier, l’UE a déclenché le mécanisme de protection civile pour rapatrier de Chine les Européens se trouvant dans la province chinoise du Hubei, foyer du SARS-CoV-2. Ce mécanisme permet de répondre aux catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme. L’Union européenne a mobilisé trois millions d’euros pour rapatrier ses ressortissants.

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L’UE a débloqué 229 millions d’euros

Ensuite, la Commission a débloqué 114 millions d’euros en faveur de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) afin que celle-ci puisse aider les pays au système de santé fragile face à l’épidémie. En outre, 15 millions d’euros ont été alloués à l’Afrique, via notamment l’Institut Louis Pasteur, pour aider au diagnostic rapide de la maladie et mettre en place des mesures de surveillance épidémiologique. Enfin, 100 millions d’euros sont investis d’urgence dans la recherche médicale, dont 90 millions à travers un partenariat avec l’industrie pharmaceutique. Une mission européenne a d’ailleurs été dépêchée auprès des autorités italiennes en soutien. Ce sont donc, au total, 229 millions d’euros mobilisés par la Commission européenne. Dire que l’Europe n’a rien fait est archifaux. Mais, dans les affaires européennes, Marine Le Pen nous a rarement habitués à l’exactitude.

Deuxième approximation : les frontières. À l’heure actuelle, chaque État membre de l’espace Schengen peut décider de rétablir les contrôles aux frontières temporairement pour des raisons de sécurité ou d’ordre public. L’Italie a décidé de ne pas fermer sa frontière en concertation avec ses voisins, considérant qu’il valait mieux, à ce stade, jouer la carte de la « transparence et du partage de l’information » considérée, par l’Élysée, comme « un meilleur outil » pour endiguer la contagion. Plutôt que de l’idéologie, cela ressemble à du pragmatisme. Si, demain, les États membres considèrent qu’au regard de la situation il vaut mieux rétablir les contrôles aux frontières, la convention de Schengen le permet. À eux d’en décider.

Dissonances entre souverainistes

Viktor Orban, le leader hongrois, qui partage avec Marine Le Pen le souci des frontières, n’a pas jugé utile de fermer son pays, à l’heure actuelle, selon les autorités hongroises contactées par Le Point. On notera d’ailleurs que la Ligue de Matteo Salvini, soi-disant allié de Marine Le Pen en Europe, ne partage pas du tout les vues de la présidente du Rassemblement national. La France a pris des mesures à l’égard de personnes revenant d’Italie, ce qui n’a pas été du tout du goût d’Attilio Fontana, le président de la Lombardie, membre de la Ligue.

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«  Je suis vraiment étonné des mesures prises par certains pays européens à l’encontre des habitants de la Lombardie, a-t-il déclaré au Point. Nous sommes membres de l’Union européenne et nous devrions nous montrer plus solidaires, sinon le véritable sens de l’accomplissement de l’institution européenne échouerait. Dans les moments difficiles, l’Union européenne doit fonctionner comme une communauté, une institution qui protège les droits des citoyens. Si ce n’est pas le cas, il s’agit d’une institution basée uniquement sur le papier. » Entre Marine Le Pen qui veut fermer les frontières européennes et son camarade de la Ligue qui veut les maintenir ouvertes, il n’y a aucune cohérence – en fait, aucune solidarité – chez les souverainistes.

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