Sur la côte de la péninsule russe du Kamtchatka (Extrême-Orient), des animaux morts continuent de s’échouer sur les plages. Des scientifiques ont avancé l’hypothèse d’une fuite de carburant de fusée extrêmement toxique.
Carcasses de phoques, de poulpes, d’oursins… Depuis plusieurs jours, des animaux morts s'échouent tour à tour sur la côte de la lointaine péninsule russe du Kamtchatka (Extrême-Orient). Des scientifiques ayant analysé les eaux et les plages ont conclu mardi à un «désastre environnemental» qui aura des «conséquences à long terme».
Les autorités ont d'abord tenté de minimiser l'incident, évoquant la possibilité d'un phénomène «naturel». Mais des experts interrogés par le journal «Novaïa Gazeta» et l’agence de presse publique RIA Novosti ont avancé l’hypothèse d’une fuite de carburant de fusée extrêmement toxique, l’heptyle, provenant peut-être d’une installation militaire.
Des personnes malades
«A une profondeur de 10-15 mètres, il y a une mort massive de benthos (organismes vivant au fond des mers), 95% sont morts», a déclaré Ivan Oussatov, chercheur à l’Institut de géographie du Pacifique, cité dans un communiqué des autorités, au cours d’une réunion avec le gouverneur du Kamtchatka. «Certains gros poissons, crevettes, crabes ont survécu, mais en très petit nombre», a-t-il précisé. Cet expert a participé à une mission d’étude au cours de laquelle ont été prélevés des échantillons qui doivent encore être analysés.
Sur Twitter, Nikolai Lyaskin, qui travaille pour le parti d’opposition russe d’Alexeï Navalny, a partagé une vidéo montrant une plage entièrement recouverte d’oursins morts et d’étoiles de mer en décomposition.
Берег Тихого океана на Камчатке из-за утечки нефтепродуктов и фенолов усеяли трупы рыб и морских животных.
Превышении допустимых норм по нефтепродуктам почти в 4 раза. Кроме того, ПДК по фенолам в океане превышено в 2,5 раза. Это происходит прямо сейчас СМИ молчат. pic.twitter.com/PGXAkDEBV6— Николай Ляскин (@nlyaskin) October 2, 2020
Outre les innombrables animaux marins retrouvés morts sur ces plages de l’Océan pacifique, des individus ont souffert de brûlures et de vomissements au contact ou près de l’eau. «Je peux confirmer qu’il y a un désastre environnemental. L’écosystème a été considérablement endommagé et cela aura des conséquences à long terme», a déclaré le photographe sous-marin Alexander Korobok, qui a participé à l’expédition, cité par les autorités. Selon les experts, les dégâts devraient encore augmenter, les animaux ayant survécu pouvant mourir à plus long terme, ainsi que ceux -oiseaux notamment- se nourrissant des organismes tués en masse.
L’ONG de défense de l’environnement Greenpeace s’est également rendue en mer pour faire un point sur la situation. «Nous avons observé une mousse jaunâtre à la surface de l’océan. L’eau elle-même est opaque. A un endroit, nous avons trouvé des animaux morts. Un certain volume de polluants, non seulement en surface, mais aussi en profondeur, se déplace le long de la côte», a tweeté Vasily Yablokov, chef du projet climat de Greenpeace Russie.
«We’ve observed a yellowish foam on the ocean surface. The water itself is opaque. In one location we found dead animals. A certain volume of pollutant, not only on the surface, but also at depth, moves along the coast», Vasily Yablokov, Greenpeace Russia climate project leader. pic.twitter.com/icLrFptiFC
— Greenpeace Russia (@greenpeaceru) October 5, 2020
Une installation militaire en cause
«Les chercheurs ont suggéré que la zone contaminée était beaucoup plus large que la zone d’eau qu’ils ont étudiée. Selon les membres de l’expédition, l’une des versions possibles est la prolifération d’algues», ont expliqué dans leur communiqué les autorités.
Ces dernières ont commencé par nier tout problème environnemental, avant de reconnaître les évènements et de promettre une enquête. Après avoir analysé des images satellitaires, plusieurs médias estiment que la source de la pollution semble être la Nalitcheva, soulignant la proximité de cette rivière avec une décharge de produits chimiques. Les chercheurs cités par les autorités ont dit avoir observé des phénomènes inhabituels à l’embouchure de ce cours d’eau.
Mais le ministre russe de l’Ecologie Dmitri Kobylkine a assuré lundi qu’aucun niveau excessif de produits pétroliers ou chimiques n’avait été détecté, évoquant la possibilité d’un phénomène «d’origine naturelle».
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Source: ParisMatch.com
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