воскресенье, 6 сентября 2020 г.

Tunisie : la latence du terrorisme

À l’aube, trois hommes dans un véhicule ont attaqué une patrouille composée de deux agents de la garde nationale en faction à l’entrée de la zone touristique d’El Kantaoui, à proximité de Sousse. Après avoir percuté la voiture des deux agents, ils les ont agressés à l’arme blanche. Un agent a été tué, l’autre est hospitalisé. Le dispositif sécuritaire s’est immédiatement mis en marche, la zone a été ratissée. Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la garde nationale, a précisé que « lors d’un échange de tirs, trois terroristes ont été tués ». Le président du gouvernement Hichem Mechichi, en poste depuis quatre jours, s’est rendu sur place, suivi par le président de la République Kaïs Saïed. Cette attaque rappelle que les forces de l’ordre sont la première cible des djihadistes ou terroristes de toutes obédiences, que ce soit État islamique ou Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Sans parler de regain terroriste, l’action menée par ce petit commando est une piqûre de rappel. Comme à Birmingham, ce dimanche matin, où une personne a été tuée et sept blessées, poignardées dans le centre-ville.

Lire aussi Tunisie : le gouvernement de la dernière chance

Les forces de l’ordre, premières victimes

Le précédent incident datait du 6 mars dernier. Deux individus avaient actionné un explosif à proximité de l’entrée de l’ambassade américaine située dans le quartier d’affaires du Lac, à quelques kilomètres de la capitale. Un policier succombait à ses blessures, cinq blessés. Depuis, malgré l’accélération de l’internationalisation du conflit libyen (la Tunisie compte 460 kilomètres de frontières avec son voisin), aucun incident n’avait été signalé. En 2019, un double attentat kamikaze mené dans le centre de Tunis avait tué un policier et blessé huit personnes. L’attaque intervenait à la date anniversaire de l’attentat de Sousse qui avait tué trente-huit personnes dans l’hôtel Riu Imperial Mahraba quatre ans plus tôt. L’État islamique l’avait revendiqué. Depuis 2011, le terrorisme a coûté la vie à plus de cent vingt sécuritaires, en blessant plus de deux cents. L’année 2015, une année de sang pour la démocratie tunisienne, fut ponctuée des attentats du Bardo ( vingt-deux morts, quarante-cinq blessés), Sousse et Tunis (douze morts et vingt blessés dans l’explosion d’un bus de la garde présidentielle). Une profonde refonte des services de sécurité avait été opérée. Les points de contrôle, jugés trop statiques, trop prévisibles, par le président de la République de l’époque, Béji Caïd Essebsi, furent modifiés, en mouvement. Idem pour les services de renseignement ainsi que la coopération antiterroriste internationale.

Lire aussi Tunisie – Attentats : la justice referme l’année sanglante de 2015

Un venin nommé Daech

La Tunisie fut le pays qui aura comptabilisé le plus de ressortissants dans les rangs de l’État islamique. Les réseaux terroristes avaient recruté par milliers des jeunes sans emploi des régions intérieures. La situation géographique, le pays est entouré de l’Algérie et de la Libye, avait joué en la défaveur de la jeune démocratie. En 2014, ce sont des milliers de jeunes qui furent bloqués à l’aéroport de Tunis-Carthage, ils prenaient la direction d’Istanbul, le hub pour rejoindre le califat en construction. Cette période, si elle n’est pas totalement révolue, a cependant changé de paradigme. La situation terroriste semble sous contrôle, le travail en amont et en aval étant fait. Renseignements et protections des sites sensibles. La Tunisie traverse une crise politique importante, facteur d’instabilité. Trois présidents de gouvernement se sont succédé depuis le début de l’année (Habib Jemli, Elyes Fakhfakh et Hichem Mechichi). Le président de la République Kaïs Saïed a déclaré sur les lieux de l’attentat de ce matin que « ceux qui pensent déstabiliser l’État sous-estiment le peuple tunisien ». Durement frappée par le terrorisme (les attentats de 2015, l’assaut de Ben Guerdane en 2016 qui fit plus de 70 morts), la Tunisie a su faire front commun et preuve de résilience.

Lire aussi Tunisie : un gendarme tué dans une attaque, trois assaillants abattus

Source: lepoint.fr

Комментариев нет:

Отправить комментарий