воскресенье, 6 сентября 2020 г.

Biélorussie : des dizaines de milliers de manifestants défient Loukachenko

La mobilisation est plus forte que jamais. Des dizaines de milliers de Biélorusses ont de nouveau défilé, dimanche 6 septembre 2020 à Minsk, à l’appel de l’opposition qui réclame le départ du président Alexandre Loukachenko, malgré l’impressionnant déploiement des forces de l’ordre et de l’armée dans la capitale. Le chef d’État de 66 ans, au pouvoir depuis 26 ans et dont la réélection du 9 août est contestée, continue, lui, d’exclure tout dialogue et recherche le soutien de Moscou.

Parfois aux sons des tambours, toujours drapés des couleurs rouge et blanc de l’opposition, les manifestants sont partis en début d’après-midi en cortège des différents quartiers de Minsk pour se réunir progressivement, jusqu’à former deux impressionnants défilés sur des boulevards convergeant vers le centre. Criant des slogans comme «  Tribunal !  » ou «  Combien vous payent-ils ?  » à destination des forces de l’ordre, les manifestants se sont ensuite dirigés vers le palais de l’Indépendance, la résidence d’Alexandre Loukachenko protégée par un important dispositif de sécurité.

« Aucun de mes amis n’a voté pour Loukachenko  »

Selon des journalistes de l’Agence France-Presse, la mobilisation était supérieure à celle des précédents week-ends, et plus de 100 000 Biélorusses défilaient. Comme la semaine dernière, les forces de l’ordre ont été déployées en masse, avec des canons à eau et même l’armée et des véhicules blindés autour de bâtiments stratégiques. Les stations de métro ont été fermées avec des barrières et des barbelés. L’ONG de défense des droits de l’homme Viasna a fait état de 75 manifestants interpellés. D’autres manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays, notamment à Grodno (Ouest) où des échauffourées ont éclaté avec la police.

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«  Pourquoi le président légalement élu se trouve réfugié à l’étranger ?  » demandait à l’Agence France-Presse Nikolaï Diatlov, un employé de banque de 32 ans, faisant référence à la cheffe de file de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, qui revendique la victoire à la présidentielle et a trouvé refuge en Lituanie sous la pression au lendemain de l’élection du 9 août. «  J’ai été choqué par la détention et les passages à tabac de citoyens pacifiques (…) Je suis pour de nouvelles élections parce qu’aucun de mes amis n’a voté pour Loukachenko  », déclarait de son côté Nikita Sazanovitch, 28 ans.

Exil en Pologne

Loin de sembler reculer, le régime d’Alexandre Loukachenko a pourtant répondu par de nouvelles arrestations à la mobilisation des étudiants, qui ont multiplié les actions et se sont mis en grève après la rentrée du 1er septembre. Plusieurs dizaines d’entre eux ont été arrêtées dans la semaine, une réponse répressive qui touche aussi les journalistes biélorusses, dont une vingtaine a été interpellée. «  Souvenez-vous que nous sommes forts tant que nous sommes unis  », a déclaré dans un court message Svetlana Tikhanovskaïa, qui a par ailleurs appelé la communauté internationale à sanctionner Alexandre Loukachenko et à envoyer une mission de l’ONU pour «  documenter  » les violations des droits humains dans le pays.

La répression avait été particulièrement brutale dans les premiers jours suivant l’élection : au moins trois personnes avaient été tuées, des dizaines blessées et plus de 7 000 interpellées durant les premières manifestations. De nombreux cas de tortures et de mauvais traitements avaient aussi été documentés. Depuis, les arrestations massives sont moins nombreuses, mais le régime multiplie les pressions visant des travailleurs en grève ou des figures de l’opposition, dont plusieurs se sont réfugiées à l’étranger par crainte d’une arrestation. L’une d’entre elles, Olga Kovalkova, a déclaré samedi avoir trouvé refuge en Pologne après avoir été menacée par les services secrets biélorusses.

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Alexandre Loukachenko, qui avant l’élection n’avait pas de mots assez durs pour dénoncer les tentatives de «  déstabilisation  » de Moscou, parle désormais un «  complot  » occidental et fait tout pour se rapprocher de la Russie. Moscou semble répondre positivement et a intensifié son soutien avec la visite à Minsk jeudi de son Premier ministre Mikhaïl Michoustine, le premier déplacement de ce niveau depuis le début de la crise, ou la rencontre entre les chefs des diplomaties des deux pays. Durant sa rencontre avec M. Michoustine, M. Loukachenko a aussi affirmé que ses services avaient intercepté une communication entre Berlin et Varsovie prouvant que l’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny, hospitalisé à Berlin, était une «  falsification  » occidentale. La télévision biélorusse a diffusé l’enregistrement vendredi soir, accueilli souvent de manière dubitative par les internautes biélorusses ou russes, tandis que Moscou gardait le silence.

Source: lepoint.fr

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