Alexey Lutsenko (Astana) s’est imposé au sommet du mont Aigoual. Parti dans l’échappée matinale, le talentueux champion du Kazakhstan s’est envolé seul dans le col de la Lusette. Très bon rouleur, il a ensuite résisté au retour de Jesus Herrada, l’un de ses compagnons fuyards. Derrière, les Ineos se sont contentés de gérer l’ascension du peloton, duquel seul Fabio Aru (UAE Emirates) a tenté de sortir, en vain. Adam Yates (Mitchelton Scott) a fait le nécessaire pour conserver son maillot jaune.
Pas de grande manœuvre chez les favoris. La quinzaine de kilomètres en faux-plat montant qui séparait le sommet de la Lusette de l’arrivée les a sans doute dissuadés d’attaquer. À moins que les magnifiques paysages ne les aient plongés dans une langueur plus profonde encore que ces derniers jours. Seul Higuita, puis Gaudu et Pogačar sur problème mécanique, ont été éliminés du peloton de favoris, avant de rentrer.
Première échappée victorieuse
Une échappée de costauds s’était formée dans les premiers kilomètres de cette étape. Neilson Powless, le jeune Américain de l’équipe EF, souhaitait sûrement s’offrir une journée spéciale pour son anniversaire. Il l’a passée avec sept autres coureurs, de sept équipes différentes, tous de classe mondiale. Edvald Boasson Hagen (NTT), triple vainqueur d’étapes, et Greg Van Avermaet (CCC), double vainqueur d’étapes et ancien maillot jaune, en étaient les plus expérimentés. Daniel Oss (Bora-Hansgrohe), bon coureur de classique et redoutable rouleur, et Nicolas Roche (Sunweb), habitué des échappées montagneuses sur le Tour, sont également deux vieux roublards.
Pour les accompagner, l’ancien champion d’Espagne Jesus Herrada (Cofidis), le champion de France de contre-la-montre Rémi Cavagna (Deceuninck Quick-Step) et le champion kazakh Alexey Lutsenko (Astana). Roche, Herrada et Lutsenko, meilleurs grimpeurs du groupe, étaient les trois favoris pour dompter la Lusette, puis le mont Aigoual, si l’échappée a les coudées franches. Derrière, l’équipe Mitchelton-Scott du maillot jaune Adam Yates prenait sa part de travail, tranquillement, laissant jusqu’à 6 minutes 40 aux fuyards, au passage des 100 derniers kilomètres. Le modeste Cap de Coste (2,1 km à 7,3 %), le peloton en a profité pour réduire subitement l’écart, auparavant stabilisé à 5 minutes 30, à 4 minutes. Une accélération qui a poussé à la chute d’Enric Mas (Movistar) dans un lacet de la descente. L’avant du peloton a ensuite changé de couleur, se teintant de noir. Les Ineos ont continué d’accélérer dans le col des Mourèzes (6,1 km à 4,8 %).
Les premiers mètres de la Lusette (2 minutes 35 d’avance), retour du peloton oblige, ont fait exploser l’échappée. Le jeune Powless, sans complexe, a accéléré. Cavagna n’a pas pu suivre, Oss et Boasson Hagen non plus. Plus surprenant, Herrada s’est montré en grande difficulté, avant de rentrer au train sur les quatre hommes. Les cinq réunis ont ensuite collaboré sans grande harmonie. Le peloton, toujours emmené par les Ineos, avec un tempo plus calme, a permis à Fabio Aru (UAE Emirates) de sortir. Powless, présumant de ses forces, a définitivement dynamité l’échappée, repassée au-dessus des trois minutes, n’emportant dans sa roue qu’Alexey Lustenko. Quelques mètres plus tard, le Kazakh partait seul dans les pourcentages les plus ardus. Herrada, auteur d’une montée régulière, a été le seul à ne pas s’écrouler. Derrière, Aru a plafonné, incapable de revenir sur l’avant de la course. Au sommet de la Lusette, l’issue était déjà écrite.
Alaphilippe, une pénalité qui pose question
Julian Alaphilippe a donc cédé son maillot jaune hier, après que les commissaires ont décidé de lui infliger 20 secondes de pénalité pour un ravitaillement dans les vingt derniers kilomètres. Cette règle, écrite noir sur blanc dans le règlement du Tour de France, peut parfois être adaptée, comme la veille, où les ravitaillements étaient possibles jusqu’aux quinze derniers kilomètres. Est-ce cela qui a trompé l’équipe Deceuninck-Quick Step, qui a commis une flagrante erreur en plaçant l’un des membres de l’équipe au bord de la route, à 17 kilomètres de l’arrivée, pour ravitailler Alaphilippe ?
Une erreur si grossière qu’elle a donné lieu à toutes sortes d’interprétations. Était-ce là un geste délibéré de la Deceuninck, pour abandonner le maillot jaune la veille d’une étape difficile, et ainsi se délester d’un peu de pression. Faire exprès de perdre, ce n’est pas tout à fait étranger au monde du sport, mais c’est toujours un peu difficile à croire. Surtout, ce n’est pas plus glorieux que « d’assumer » de perdre ce maillot jaune, comme aurait pu le faire Julian Alaphilippe dès aujourd’hui, en se relevant dès les premières pentes.
Le Berrichon, lui, semblait déçu d’avoir été dévêtu. Est-il bon acteur ou son équipe a-t-elle simplement commis une erreur ? Son comportement dans le col de la Lusette et peut-être au sommet du mont Aigoual devait apporter quelques réponses.
L’étape de demain
Retour au calme avec une étape de transition, entre Millau et Lavaur. Elle devrait tout de même être moins fastidieuse que celle d’hier, puisque le profil sera un peu plus propice aux échappées, notamment dans sa première moitié casse-pattes. Le col de Peyronnenc, peu pentu mais assez long (14,5 km à 3,9 %). Nul doute tout de même que les équipes de sprinteurs feront le nécessaire pour que l’arrivée soit groupée. Sam Bennett (Deceuninck-Quick Step), qui s’est assuré de garder son maillot vert demain, court toujours après une victoire. Les coureurs pourraient également être tentés d’y aller piano, avant deux étapes plus rudes dans les Pyrénées.
Source: lepoint.fr
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