L’argent économisé par les ménages depuis le début de la crise du coronavirus afflue sur les comptes courants et les livrets. Et pour l’instant, il y a peu de chances que les Français piochent dans leur bas de laine pour relancer la consommation.
100 milliards d’euros. C’est le montant faramineux d’épargne forcée que les Français devraient avoir accumulée entre le début de la crise sanitaire et la fin de l’année, selon les projections de la Banque de France. L’équivalent tout simplement du plan de relance. Une manne potentielle pour soutenir la croissance. L’exécutif ne s’y trompe pas et tente d’inciter les ménages à dépenser ce surplus d’économies.
«Les Français doivent consommer et investir dans l’économie les 100 milliards d’euros épargnés pendant la crise. Pour cela, je veux leur donner une garantie: les impôts n’augmenteront pas», soulignait ainsi mardi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire dans Les Echos.
Pas sûr cependant que ce discours soit audible par des ménages qui craignent notamment de se retrouver au chômage dans les mois qui viennent. Selon les derniers chiffres publiés par l’Insee ce vendredi, le mouvement est impressionnant. Alors que le taux d’épargne représentait 14,9% du revenu disponible brut en 2019, il a grimpé à 19,7% au premier trimestre et a explosé au deuxième trimestre pour atteindre 27,4%. C’est essentiellement le taux d’épargne financière qui a gonflé. Et en particulier le cash mis sur les comptes et les livrets.
Un mouvement amorcé bien avant le coronavirus
Or, rien n’indique que les Français soient prêts à piocher dans leur bas de laine, à l’heure où l’épidémie de coronavirus semble de nouveau s’accélérer. Bien au contraire. Selon la dernière enquête de l’Insee sur la confiance des ménages parue mercredi, le solde d’opportunité d’épargne s’envole.
Concrètement, l’institut sonde les Français pour savoir si, dans la situation économique actuelle, ces derniers pensent que c’est «le bon moment pour épargner». Le solde des opinions (le pourcentage de ceux qui répondent «oui» auquel on retranche le pourcentage de ceux qui répondent «non») atteint 24. Dit autrement, 62% des ménages interrogés estiment que c’est le bon moment pour épargner, contre 38% qui pensent le contraire. Un niveau qui n’avait plus été vu depuis fin 2014 et qui se rapproche rapidement de son dernier pic atteint en 2012.
«La montée de la précarité ainsi que la montée des incertitudes sanitaires et économiques conduisent à l'augmentation du taux d'épargne depuis une dizaine d'années au sein de la plupart des pays occidentaux, y compris aux États-Unis», analyse Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, dans la dernière newsletter du think tank. «Les confinements décidés entre les mois de mars et de mai ont accentué cette tendance. Les pouvoirs publics espèrent un dégonflement de cette épargne contrainte pour réamorcer l'économie mais la baisse de l'épargne ne sera pas facile à obtenir», prévient l’économiste.
De fait, Philippe Crevel prend l’exemple du mouvement des gilets jaunes. Fin 2018 et début 2019, le gouvernement avait décidé plusieurs mesures de pouvoir d’achat pour un montant global de 17 milliards d’euros. «Ces 17 milliards d'euros n'ont eu aucun effet sur le volume de la consommation mais ont sans nul doute contribué à l'augmentation du taux d'épargne, augmentation qui s'est amorcée justement à la fin de l'année 2018», explique-t-il. Sans vaccin ou accalmie durable sur le plan sanitaire, il est ainsi peu vraisemblable que le mouvement massif d’épargne auquel nous assistons depuis le début de la crise s’inverse.
Source: bfmtv.com
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