Breonna Taylor, tuée lors d’une perquisition chez elle en mars dernier, était encore en vie après avoir été blessée. Mais les officiers ne lui ont pas porté secours.
Pendant «cinq à six minutes», Breonna Taylor était toujours en vie. C’est ce qu’a affirmé son petit ami Kenneth Walker, qui était présent le soir où la jeune femme de 26 ans a été tuée chez elle par des policiers venus effectuer une perquisition qui ne la concernait pas. «J’étais au téléphone avec sa mère. Je criais parce que [Breonna] était là, qu’elle toussait, et je paniquais», a expliqué le jeune homme trois heures après les faits, lors d’un interrogatoire récemment transmis aux avocats de la famille de Breonna Taylor. Ces derniers, Sam Aguiar et Lonita Baker, ont déposé une nouvelle version de la plainte, le 5 juillet, et citée par le journal local «Courier Journal». Ils y reprochent aux policiers de n’avoir pas secouru la jeune employée des urgences, qui venait d’enchaîner 12 jours de garde en raison du début de la crise sanitaire : «Breonna, qui était sans arme dans son couloir, a été touchée par plusieurs tirs. Elle n’a pas été tuée immédiatement. Elle a vécu pendant cinq à six minutes avant de succomber à ses blessures, sur le sol de son appartement.»
Le médecin légiste a confirmé que Breonna Taylor n’était pas décédée sur le coup, mais a assuré que la jeune femme n’aurait pu survivre aux cinq tirs : «Si elle s’était trouvée juste devant un service d’urgences et qu’elle avait été blessée de la même façon, ils n’auraient pas pu la sauver. Même s’ils avaient accouru à ses côtés et avaient essayé de l’aider, ils n’auraient rien pu faire car c’étaient des blessures internes qui n’auraient pu être arrêtées», a écrit dans son rapport Barbara Weakley-Jones. Le mois dernier, un des policiers qui est intervenu chez Breonna Taylor a été licencié, accusé d’avoir tiré «à l’aveugle» chez l’infirmière -au total, trois policiers ont tiré lors de cette perquisition. Greg Fisher, le maire de Louisville, avait alors regretté de ne pas avoir légalement le droit de divulguer les informations précises qui avaient mené à cette décision. Les trois autres officiers ont été affectés à des tâches administratives.
Une perquisition encore mystérieuse
Les détails de la perquisition qui a mené à la mort de Breonna Taylor sont encore à déterminer. Les officiers dépêchés sur place n’avaient pas mené l’enquête et ne faisaient qu’exécuter la demande, ils ne savaient pas que la jeune femme n’était pas seule chez elle. Mais le mandat de perquisition visait un homme recherché dans le cadre d’une affaire de drogues, qui avait été arrêté plus tôt dans la soirée. La famille demande donc aux autorités des réponses : était-il nécessaire d’entrer chez Breonna Taylor, inconnue des services de police, aussi tard dans la nuit ? Après avoir fouillé son domicile, aucune drogue, aucune somme d’argent ni preuve d’un quelconque trafic n’a été trouvée dans l’appartement.
En plus de la mort de Breonna Taylor, une autre enquête a été ouverte : contre Kenneth Walker, qui a tiré sur les policiers qui ont forcé la porte. Il était, a-t-il assuré lors des interrogatoires, persuadé qu’ils étaient des cambrioleurs. Le couple, qui s’était endormi devant un film, n’avait selon lui pas entendu les officiers annoncer qu’ils étaient membres des forces de l’ordre avant qu’ils n’entrent brusquement dans l’appartement à près d’une heure du matin. Le jeune homme est poursuivi pour tentative de meurtre sur un policier, car un l’un d’entre eux a été touché à la jambe. Les avocats de la famille Taylor précisent dans les documents que l’officier blessé en question a été immédiatement pris en charge par ses collègues, qui lui ont posé un garrot pour endiguer l’hémorragie.
Depuis la mort de George Floyd, le nom de Breonna Taylor revient régulièrement dans les manifestations contre le racisme et les violences policières. Une pétition en ligne réclamant «justice pour Breonna» a recueilli près de 10 millions de signatures.
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Source: ParisMatch.com
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