La commission d’enquête sénatoriale sur l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen vient de rendre public son rapport. Le site Seveso, c’est-à-dire considéré comme présentant des risques potentiels d’accident majeur, fabriquait des lubrifiants industriels et avait brûlé dans la nuit du 26 au 27 septembre 2019. Les conclusions du rapport sont pour le moins sévères à l’égard des services de l’État, tant sur la gestion de cet événement que sur le suivi des sites industriels en général. La commission, présidée par Hervé Maurey (Union centriste), dénonce « des angles morts inacceptables » dans la gestion des risques en France.
Le Point : Vous avez aujourd’hui rendu public votre rapport sur l’incendie de Lubrizol. Vos conclusions sont dures à l’endroit du gouvernement…
Hervé Maurey : L’objectif n’est pas d’être dur ou complaisant avec le gouvernement, mais de faire un inventaire des dysfonctionnements que l’on a pu remarquer avant, pendant et après la catastrophe, aussi bien dans les services de l’État que dans les entreprises. Au-delà de pointer ces dysfonctionnements, nous avons établi des préconisations pour éviter de nouvelles catastrophes de ce type.
Avez-vous résolu la question majeure qui travaille l’opinion sur ce dossier, à savoir l’impact sanitaire de cet incendie ?
Sur le volet sanitaire, on en parle, c’est le sujet majeur. Les populations sont inquiètes. On n’a pas eu de morts ou de blessés, mais on ne peut pas pour autant savoir si cette catastrophe peut avoir un impact sur la santé des populations. Pour le moment, rien n’est avéré. On préconise des mesures comme la mise en place d’un vrai suivi épidémiologique d’une cohorte, notamment ceux qui ont été au contact de la catastrophe comme les pompiers ou les forces de police. Nous demandons aussi l’ouverture de registres de mortalité pour suivre les pathologies graves. Aujourd’hui le gouvernement a simplement demandé une enquête sur le sujet à Santé publique France, enquête qui n’a d’ailleurs toujours pas commencé.
Il n’est pas normal que les pouvoirs publics ne connaissent pas la nature des produits présents sur un site considéré comme sensible.
Quelles sont vos préconisations ?
Nous avons identifié six axes. Au-delà des recommandations de suivi sanitaire que je viens d’évoquer, nous proposons d’améliorer la culture du risque afin que chacun puisse savoir quels risques existent à côté de l’endroit où il habite. Nous proposons aussi de mieux prévenir les risques, il n’est pas normal que les pouvoirs publics ne connaissent pas la nature des produits présents sur un site considéré comme sensible. Il n’est pas normal non plus que lorsqu’une inspection demande des améliorations, les travaux ne soient pas réalisés dix-huit mois plus tard.
Le système des sirènes est totalement moyenâgeux… des sirènes qui avertissaient des raids de la Luftwaffe !
N’y a-t-il pas aussi eu un problème de communication lors de cet incendie ?
Si, c’est pour cela que nous suggérons que les systèmes de communication soient revus. Le système des sirènes est totalement moyenâgeux. Voilà plus de dix ans que nous réclamons la mise en place du système « cell broadcast » (NDLR : une technologie qui permet d’envoyer un même message sur tous les portables d’une zone géographique). Ce système serait tout de même plus adapté que les sirènes qui avertissaient des raids de la Luftwaffe, lors de la Seconde Guerre mondiale… Nous préconisons aussi une meilleure communication avec les communes voisines qui ont été totalement sous-informées, c’est un scandale.
Votre rapport sera-t-il suivi d’effets ?
Nous allons tout faire pour qu’il le soit. Nous avons prévu d’organiser un débat au Sénat pour que le Parlement soit en situation de prendre un certain nombre d’initiatives législatives.
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Source: lepoint.fr
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