среда, 24 июня 2020 г.

Le Havre : le communiste qui secoue Édouard Philippe

« Je ne suis pas sûr que j’accepte d’être Premier ministre de mon pays. J’ai un petit côté Antoine Rufenacht [ancien maire RPR du Havre qui avait ravi la mairie aux communistes en 1995, NDLR] dans le domaine. » Cette réponse lâchée par Jean-Paul Lecoq, le candidat communiste à la mairie du Havre, n’aura pas manqué de faire sourire les Havrais. D’autant qu’elle s’adressait à l’héritier de Rufenacht, Édouard Philippe, qui venait de souligner – en faisant de la politique-fiction – que si un jour le président Mélenchon proposait à Jean-Paul Lecoq de servir le pays à Matignon, il ne se défilerait sans doute pas. Avec cette petite pique, le député communiste a voulu rappeler que l’ancien maire du Havre, sollicité par Jacques Chirac pour entrer au gouvernement, avait décliné l’offre et répondu : « Le Havre, tout Le Havre. Rien que Le Havre ! »

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Ce fut la seule passe d’armes saillante lors du débat organisé, le 22 juin, sur le plateau de France 3 Normandie entre les deux candidats encore en lice pour la mairie du Havre. En dépit d’un duel qui s’annonce serré, les deux adversaires sont restés courtois. Voire élégants : ils n’ont jamais haussé le ton et ne se sont à aucun moment invectivés. Dans la dernière ligne droite avant le scrutin municipal qui se tiendra le 28 juin, chacun continue ainsi de jouer sa partition avec calme et détermination.

La surprise communiste

Arrivé en deuxième position lors du premier tour des municipales, Jean-Paul Lecoq a créé la surprise en totalisant 35,88 % des voix, loin devant la liste de l’écologiste Alexis Deck (8,28 %) allié aux socialistes. En 2014, la communiste Nathalie Nail, à la tête d’une liste Front de gauche, n’avait recueilli que 16,37 % des suffrages, derrière le socialiste Camille Galap (16,75 %). Il est certain que peu de gens avaient imaginé un retour en grâce des communistes dans la ville. Battus en 1995 par Antoine Rufenacht, ils n’ont jamais réussi depuis à revenir sur le devant de la scène… Édouard Philippe avait même été élu dès le premier tour (52,04 %) le 23 mars 2014. Aussi ce résultat inattendu du candidat communiste a-t-il suscité beaucoup d’espoir à gauche. Au point que certains voient dans le député celui qui fait trembler le Premier ministre.

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À 61 ans, Jean-Paul Lecoq veut croire, lui aussi, que sa victoire est possible. Méconnu au niveau national, il a néanmoins déjà été député de 2007 à 2012. Il a en outre été maire pendant 22 ans de Gonfreville-l’Orcher, une commune portuaire de 10 000 habitants, limitrophe du Havre, où il est né. Mais c’est le 11 mai 1981 qu’il a basculé dans le monde politique, au lendemain de l’arrivée de la gauche au pouvoir. Sans vraiment le vouloir… Militant au sein du Mouvement des jeunes communistes à partir de 1972 et engagé au PCF l’année suivante, il était, au moment de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, électricien et délégué du personnel dans une entreprise locale. Craignant comme la droite l’annonçait à cette époque « le péril rouge », son patron décida de le licencier sans attendre.

« Si Édouard Philippe est battu au Havre, on en parlerait jusqu’à Marseille ! »

Une histoire qui construit une légende… Il est vrai que si « le petit gars de Caucri », comme on dit ici, réussit à mettre en échec Édouard Philippe, l’histoire sera idéale. Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris. Le 19 juin, il est venu en personne soutenir Jean-Paul Lecoq et peser de tout son poids. Lors de l’élection présidentielle, le patron de LFI était arrivé largement en tête au Havre avec 29,81 % des suffrages, devant Emmanuel Macron (21,42 %). Toujours en verve, Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur le marché de Bléville que « les habitants du Havre ont un vote par procuration pour tous les Français qui n’ont pas accepté la réforme du Code du travail, la loi retraite ou encore la baisse des APL ». Et aussi qu’une victoire de Jean-Paul Lecoq face au Premier ministre serait « un immense coup de clairon, un élan formidable ». Avant d’ajouter : « Si Édouard Philippe est battu au Havre, on en parlerait jusqu’à Marseille ! »

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Dans le camp de l’ancien maire, la sérénité est de mise. La nationalisation de la campagne et du scrutin ne fait pas peur à ses soutiens : la grande popularité actuelle du Premier ministre les rassure. D’autant qu’une enquête Ifop-Fiducial parue dans Paris-Normandie le 11 juin accordait 53 % des intentions de vote pour Édouard Philippe et 47 % pour Jean-Paul Lecoq. Et si son équipe espérait mieux, le rêve de Jean-Paul Lecoq de devenir maire et de faire trembler le Premier ministre n’est pas encore réalisé…

Source: lepoint.fr

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