Dans son édito, Bruno Jeudy, rédacteur en chef du service politique de Paris Match, analyse la popularité du Premier ministre auprès des candidats de la majorité, qui le sollicitent pour avoir une photo avec lui pour la campagne du second tour des municipales.
Un vent de «Philippemania» va souffler sur la campagne des municipales. A la peine un peu partout en France, les candidats de la majorité vont jeter leurs dernières forces pour réaliser un miracle ou au mieux sauver les meubles. Car la mission s’annonce quasi-impossible. Les espoirs de victoire sont faibles. Qu’elle est loin la liste des conquêtes envisagées par La République en Marche, Paris en tête! Le premier tour a tourné à la Bérézina : à Paris, Lyon, Marseille et dans la plupart des grandes villes.
Dans les quelques vingt jours de campagne qui les séparent du dimanche 28 juin, les candidats se tournent vers Matignon et son locataire. Edouard Philippe n'a pourtant pas sa carte au parti. Une frange des députés – les plus à gauche – voit en lui l’incarnation du virage à droite du «En même temps» macroniste. Qu’importe! En galère sur le terrain, le candidat marcheur préfère cacher son étiquette LREM pour y placer une photo d’Edouard Philippe. Toujours précieux dans un document de campagne. Aux législatives, le locataire de Matignon l’avait fait avec quelques candidats. Mais cette fois, c’est la popularité record du Premier ministre (53% dans le dernier tableau de bord Ifop/Paris Match) qui fait rêver le marcheur déprimé. Ce cliché constitue, peut être, l’un des rares arguments à mettre en avant dans cette campagne express qui devrait consacrer un peu partout les maires sortants.
Voir aussi : Sondage Ifop : le «petit état de grâce» d’Edouard Philippe
Quelques séances photos avec des candidats triés sur le volet
A ce petit jeu, certains candidats ont eu plus de chance que d’autres. Assailli de demandes, Edouard Philippe lui-même candidat au Havre a fait quelques séances photos avec des candidats triés sur le volet. A ce jour, une petite dizaine aurait obtenu le sésame. A Bordeaux, le successeur d’Alain Juppé Nicolas Florian est engagé dans un ballottage serré avec l’écologiste Pierre Hurmic. Après le ralliement du candidat LREM, Nicolas Florian a droit à sa photo avec Edouard Philippe.
A Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le Premier ministre s’est impliqué personnellement pour faciliter la fusion des listes anti-Balkany. Arrivé en tête, le divers droite Arnaud de Courson s’est allié avec la marcheuse Maud Brégeon. Résultat : la tête de liste posera avec le Premier ministre. Plus étonnant : le coup de main apporté par Edouard Philippe à… Gaspard Gantzer, tête de liste dans le VIe arrondissement à Paris et ex-conseiller de François Hollande. «Je suis ravi qu’Edouard Philippe me soutienne. C’est un très bon Premier ministre», confie le porte-parole d’Agnès Buzyn. Gantzer et Philippe se connaissent de longue date puisque celui qui n’était pas encore Premier ministre a été à la fois le professeur de droit public et le coach pour préparer l’Ena de l’ancien socialiste! «Edouard me porte chance», souligne Gaspard Gantzer.
Après la campagne au Havre, une autre commence : celle de Matignon
Réclamé partout, Edouard Philippe a prévu d’autres photos. Il a aussi fait des choix tactiques. Comme à Brest où les chances du candidat LREM sont minimes mais cela permet de conforter la relation du Premier ministre avec Richard Ferrand, premier de la cordée macroniste. Cela pourrait servir dans les semaines à venir. Le président de l’Assemblée nationale pourrait être un soutien de poids dans l’autre campagne qui commence : celle de Matignon.
Auréolé du succès du déconfinement, Edouard Philippe n’est pas rassuré sur son avenir à Matignon. Si sa victoire au Havre fait peu de doute, le choix d’Emmanuel Macron de prolonger son bail n’est pas fait. Nombreux macronistes et autres visiteurs du soir se déploient pour convaincre le président de changer son dispositif politique. «S’il veut se réinventer, cela passe aussi par l’incarnation de la saison 3 du quinquennat», plaide ce proche du chef de l’Etat tandis qu’à l’Elysée, on balaie toutes les rumeurs de mauvaise attente. «Le Premier ministre a fait un boulot exceptionnel», lance un très proche d’Emmanuel Macron.
Plébiscité par les Français dans les sondages, réclamé par les candidats marcheurs, le Havrais reste concentré sur sa tâche. Il sait que les alternatives (Jean-Yves Le Drian voire Bruno Le Maire) ne sont pas évidentes. Pour l’instant, il s’emploie à éviter les fautes. Il évite les déclarations dans les médias. Il ne sait pas encore quelle forme prendra sa propre campagne au Havre. Il s’efforce donc de mettre tous les arguments de son côté pour réussir sa campagne de Matignon.
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Source: ParisMatch.com
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