Les personnes issues de familles modestes ont nettement plus de risques d’avoir un faible niveau de vie à l’âge adulte si elles ont grandi dans certaines régions, révèle une étude publiée jeudi 11 juin 2020, qui insiste sur l’utilité de politiques dédiées aux populations peu mobiles et non diplômées de ces territoires. Plutôt qu’une opposition – couramment évoquée – entre territoires ruraux et urbains, ou entre centres-villes et « France périphérique », cette étude réalisée par France Stratégie met en évidence des « inégalités de destin » entre régions.
« Avoir grandi dans une zone rurale ou périurbaine ne réduit pas les perspectives de niveau de vie des enfants d’origine modeste », concluent les auteurs, Clément Dherbécourt et Gustave Kenedi. En revanche, « les territoires à faibles perspectives de niveau de vie sont concentrés dans le Nord et au sud du pays : anciennes régions Languedoc-Roussillon et Nord-Pas-de-Calais, Corse, départements de l’Aisne, des Ardennes, du Var et du Vaucluse », détaillent-ils.
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Pour répondre à la question « Dans quelle mesure le niveau de vie d’une personne dépend-il du lieu où elle a grandi ? », les deux économistes ont étudié des données statistiques concernant 80 000 personnes, enfants d’ouvriers ou d’employés, nés entre 1970 et 1988. Ils ont croisé le niveau de vie actuel de ces personnes avec le lieu où elles ont passé leur adolescence – qu’elles y habitent toujours ou pas.
Différences de richesse entre régions
Résultat : les « perspectives de revenus à l’âge adulte augmentent avec le niveau de richesse du territoire d’origine ». Ainsi, les personnes d’origine modeste ayant grandi en Île-de-France ont un niveau de vie médian à l’âge adulte de 1 730 euros, contre 1 474 euros pour ceux ayant grandi dans le Nord-Pas-de-Calais. Cela s’explique par les différences de richesse entre régions et aussi par le fait que, partout, les ménages modestes sont nettement moins mobiles que les familles aisées. Or, « ce qui distingue vraiment les régions à faibles perspectives de niveau de vie des autres, c’est le niveau de vie très faible des non-diplômés du supérieur qui n’ont pas émigré » dans d’autres régions, observent les auteurs.
Pour tenter de résorber ces disparités, les pouvoirs publics devraient donc réfléchir à des « incitations à la mobilité » pour aider certains ménages à « rejoindre des régions à meilleure perspective d’emploi », suggèrent-ils. Cependant, cela ne doit pas être selon eux la seule piste d’action, car changer de région peut avoir un « coût important sur le bien-être des individus ». Pour les économistes, il convient donc également d’envisager dans ces territoires les plus défavorisés des « incitations socio-fiscales à la relocalisation de postes de travail de qualité », mais aussi d’y développer des emplois publics.
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Source: lepoint.fr
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