Depuis l’Elysée, le chef de l’Etat présentera ce dimanche à 20h00 une allocution solennelle pour annoncer aux Français ses projets de redémarrage du quinquennat.
Une nouvelle étape du déconfinement arrive, et les nuages économiques et sociaux s’amoncellent: Emmanuel Macron présente dimanche aux Français ses projets de redémarrage du quinquennat, à moins de deux ans de l’échéance présidentielle. Le président prendra la parole à 20H00 pour une allocution solennelle depuis l’Elysée, la quatrième depuis le début de la crise du coronavirus.
Il devrait d’abord s’exprimer sur les sujets d’urgence, à commencer par la troisième étape du déconfinement prévue le 22 juin et ses principaux enjeux: réouverture des restaurants en Ile-de-France, assouplissement des règles dans les écoles et levée de l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes — d’autant que le Conseil d’Etat a rétabli samedi la liberté de manifester.
Les appels à accélérer le déconfinement se sont multipliés ces derniers jours. «Plus vite on déconfinera, plus vite on repartira travailler, consommer, voyager, plus vite on sauvera l’emploi», a encore fait valoir dimanche le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
Le président devrait aussi revenir sur sa gestion de la crise, dont il n’a guère tiré de bénéfices politiques, sa cote de popularité continuant de baisser à l’inverse de celle du Premier ministre Edouard Philippe. Un remaniement est dans l’air, après le second tour des municipales le 28 juin.
A quoi s’attendre ?
Cette allocution doit permettre à Emmanuel Macron, contraint de gérer l’urgence depuis trois mois, d’enfin commencer à se projeter sur l’après-Covid. Il semble trop tôt pour présenter le plan de relance prévu à la rentrée. Les résultats du Ségur de la santé pour renflouer l’hôpital pourraient faire l’objet d’une nouvelle allocution en juillet. Mais à une semaine de la fin des travaux de la Convention citoyenne pour le Climat, le chef de l’Etat pourrait évoquer ses intentions sur l’écologie, priorité affichée de la fin du quinquennat. Les propositions de la convention pourraient faire l’objet d’un référendum.
Le président doit «faire droit aux aspirations de cette jeunesse qui a mis le combat climatique tout en haut de l’agenda politique», plaide l’ex-«marcheur» Aurélien Taché. Une jeunesse qui va être touchée de plein fouet par la crise économique et pour laquelle le secrétaire d’Etat Gabriel Attal travaille à un «plan d’urgence».
Il y a deux mois, Emmanuel Macron a évoqué sa volonté de «se réinventer», puis parlé d’une «nouvelle ère» et d’une «nouvelle étape». Lors d’un déjeuner avec des éditorialistes jeudi, il s’est dit convaincu d’avoir fait les bons choix depuis trois ans. Pas de retour donc d’un impôt sur les plus riches, ni de «Grenelle des salaires». Il compte également reprendre le chantier de la retraite par points, malgré le conflit social qu’elle a suscité, et espère rallier des syndicats en revoyant des dispositions clivantes, comme l'âge pivot.
En revanche, il pourrait promettre une nouvelle méthode, moins verticale, en «coconstruisant» ses décisions avec élus locaux ou partenaires sociaux.
Le numéro un de la CFDT Laurent Berger espère qu’il sera «sur la définition d’une méthode» et «pas sur des conclusions qu’il tirerait unilatéralement». Et de lancer: «si la sortie du confinement, c’est de refaire des politiques budgétaires pour serrer le kiki des travailleurs, je donne pas cher du climat social».
«Il ne faut pas perdre la jeunesse»
Le chef de l’Etat est bousculé par un nouveau front, celui des manifestations contre le racisme et les violences policières, après la mort de George Floyd aux Etats-Unis et le rappel de celle d’Adama Traoré en 2016. «Il ne faut pas perdre la jeunesse», s'est-il inquiété jeudi.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé trop rapidement des sanctions à l’encontre de policiers en cas de «soupçon avéré» de racisme, provoquant leur colère, avant de reconnaître une erreur. Les syndicats de police demandent à être reçus par le chef de l’Etat, alors que des nouvelles manifestations ont été organisées samedi par le comité Adama Traoré. A Paris, ils étaient 15.000 d’après la préfecture à réclamer «justice», contre 20.000 le 2 juin.
Le locataire de l’Elysée devrait parler démocratie et valeurs, d’après son entourage. Selon Bruno Retailleau et Damien Abad, patrons des sénateurs et députés de droite, «le chef de l'Etat doit montrer (…) qu'il y a encore un État». Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand attend aussi qu’il se «ressaisisse».
Au sein du gouvernement, plusieurs ont avancé leurs idées pour mieux lutter contre les discriminations: la porte-parole Sibeth Ndiaye souhaite rouvrir «le débat autour des statistiques ethniques» et le ministre de la Ville Julien Denormandie a annoncé de nouveaux «testings» dans les entreprises et prôné la suppression du mot «race» du préambule de la Constitution.
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Source: ParisMatch.com
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