пятница, 12 июня 2020 г.

Dans les archives de Match — Rafael Nadal, son premier rendez-vous avec Match

Il y a 15 ans, Rafael Nadal remportait Roland-Garros pour la première fois. Notre magazine l’avait rencontré le lendemain de sa victoire… Avec Rétro Match, suivez l'actualité à travers les archives de Paris Match.

La première ligne de la légende s'est écrite en 2005. Le 5 juin, un jeune Espagnol quasi inconnu du grand public gagne Roland-Garros. On l'avait repéré, six mois auparavant, remportant la Coupe Davis dans les rangs de l'invincible «armada». Aux Internationaux de France, il triomphe cette fois en son nom propre ; nom qu'il s'inscrit aux côtés de ceux de talents précoces comme Bjorn Borg, Mats Wilander, Andre Agassi ou Michael Chang… Il s'appelle Rafael Nadal, il a 19 ans seulement.

Quand Match rencontre pour la première fois le futur grand «Rafa», au lendemain de sa victoire, ce n'est encore qu'un gamin, très entourée de sa famille, et dont toute la courte vie semble n'avoir été consacrée qu'au tennis : première raquette à 3 ans, licencié à 5, champion des Baléares à 8 ans puis d'Espagne à 11, un choix de carrière à 12 ans et la fin de l'école à 16. Autant dire que les plaisirs des jeunes de son âge, comme la drague en boite, lui semble bien étranger…

Entrée fracassante sur le court et dans l'histoire, cette victoire à Roland-Garros n'est que la première d'une longue série. La plus longue série que le tennis ait jamais connu. Avec un nouveau trophée en 2019, Rafael Nadal a été sacré 12 fois Porte d’Auteuil. Avant lui, le Suédois Björn Borg détenait le record de Roland-Garros, avec «seulement» six victoires… Plus impressionnant encore, Rafael Nadal est devenu le premier joueur de l’histoire, hommes et femmes confondues, à remporter douze fois le même titre majeur.

Voici l'interview de Rafael Nadal, initialement publiée dans Paris Match en 2005…

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Paris Match n°2925, 9 juin 2005

Rafael Nadal, le divin infant

Interview Catherine Tabouis, photos Jacques Lange

19 ans, un tempérament de feu, des muscles d'acier. Le jeune Espagnol a fait de la finale de Roland-Garros une enthousiasmante feria.

Une attitude à la fois complice et protectrice avec sa petite sœur, un sourire à fossettes craquant et des cheveux aux épaules… Bien dans ses baskets, il ressemble à un adolescent comme les autres. Rafael Nadal est pourtant le nouveau prodige des courts de tennis, et sa victoire à Roland-Garros, le 5 juin, l'a fait entrer dans le club très fermé des génies précoces de la balle jaune, aux côtés de légendes comme Bjorn Borg, Mats Wilander, Andre Agassi ou Michael Chang… Armé d'un mental de guerrier, entouré par une famille aimante, l'Espagnol ne s'est pas laissé envahir par le doute après ses victoires en Coupe Davis et au Master Series. Désormais numéro 3 au classement A.t.p., le gamin de Majorque entend bien ne pas s'arrêter en si bon chemin.

Paris Match. Vous faites de la gonflette… ce n'est pas possible !
Rafael Nadal. Tout le monde croit ça, mais j'en fais sûrement beaucoup moins que les autres. J'ai commencé la musculation il n'y a pas longtemps, d'ailleurs. Mais c'est ma nature. Il paraît que je ressemble à mon oncle Miguel Angel, l'ancien international et milieu de terrain défensif du FC Barcelone et de l'équipe d'Espagne. Nous sommes les plus costauds de la famille. C'est notre morphologie. Et côté tennis, je joue au moins trois heures par jour avec Toni, mon oncle et entraîneur, quand je suis à la maison en Espagne.

« 'Je ne suis jamais fatigué, dit Rafael. J'aurais pu courir des heures encore après le match de la finale.' » - Paris Match n°2925, 9 juin 2005

« 'Je ne suis jamais fatigué, dit Rafael. J'aurais pu courir des heures encore après le match de la finale.' » — Paris Match n°2925, 9 juin 2005 © Jacques Lange / Paris Match

Rafael Nadal, pour Paris Match, juin 2005.

Rafael Nadal, pour Paris Match, juin 2005. © Jacques Lange / Paris Match

Vous auriez pu être aussi bien un coureur de 10 000 mètres qu'un tennisman ! Rien ne vous arrête.
Mes jambes sont peut-être ma force. Je ne suis jamais fatigué. J'aurais pu courir des heures encore après le match de la finale. En revanche, quand je quitte un court, c'est fini. La course à pied m'ennuie profondément.

Carlos Moya a dit un jour : "Rafa peut tout gagner." Vous le pensez aussi ?
Moya, c'était mon idole. J'ai joué contre lui quand j'avais 14 ans, lui en avait 24. J'espère qu'il aura raison. Toni m'a toujours appris à me battre et à ne jamais baisser les bras. Donc, je fonce. C'est important. Je suis quand même surpris d'avoir gagné Roland-Garros. Pour tous les joueurs, gagner "le french" est un rêve. Mais ce n'est pas fini. Il faut que je travaille encore et beaucoup. Je suis si heureux sur un court.

Cette belle histoire d'amour avec le tennis, comment a-t-elle commencé ?
A l'âge de 3 ans, mes parents m'ont mis une raquette entre les mains et j'ai commencé à jongler avec la balle. Mais j'ai surtout joué au foot après. Toni, qui était l'entraîneur de tennis du club de Manacor, me faisait croire qu'il était le meilleur joueur du monde de foot, alors on faisait équipe contre mes deux autres oncles qui, eux, étaient vraiment des pros. Et un jour, Toni m'a vu frapper dans une balle de tennis et il m'a dit plus tard avoir été surpris par ma puissance. Les entraînements ont commencé : à 5 ans, je jouais deux fois par semaine après l'école. A 8 ans, je gagnais le championnat des Baléares des moins de 12 ans. A 11, les championnats d'Espagne et à 12, les championnats d'Europe. C'était incroyable ! J'ai arrêté le foot.

« Le 5 juin, le match contre l'Argentin Mariano Puerta n'est pas encore terminé, mais Rafael Nadal sait qu'il va gagner, en comptant sur son déjà fameux bras gauche. » - Paris Match n°2925, 9 juin 2005

« Le 5 juin, le match contre l'Argentin Mariano Puerta n'est pas encore terminé, mais Rafael Nadal sait qu'il va gagner, en comptant sur son déjà fameux bras gauche. » — Paris Match n°2925, 9 juin 2005 © Clive Mason / Getty Images

« A la fin du match, l'Espagne a deux rois. Quand le seigneur de la terre battue va saluer son souverain, Juan Carlos excuse l'absence de son épouse, Sofia, partie précipitamment à 16 h 30 pour Barcelone : l'infante Cristina vient de donner naissance à une petite fille. » - Paris Match n°2925, 9 juin 2005

« A la fin du match, l'Espagne a deux rois. Quand le seigneur de la terre battue va saluer son souverain, Juan Carlos excuse l'absence de son épouse, Sofia, partie précipitamment à 16 h 30 pour Barcelone : l'infante Cristina vient de donner naissance à une petite fille. » — Paris Match n°2925, 9 juin 2005 © Horacio Villalobos/Corbis via Getty Images

Rafael Nadal contemple son reflet dans la coupe des Mousquetaires, premier trophée d'une longue série à Roland-Garros…

Rafael Nadal contemple son reflet dans la coupe des Mousquetaires, premier trophée d'une longue série à Roland-Garros… © Michael Steele / Getty Images

Après sa victoire, il va danser jusqu'au petit matin. Seul revers, une jeune fille qui ne le reconnaît pas le repousse

Quel genre d'enfant étiez-vous ?
Assez facile, il paraît. Je n'ai jamais posé de problèmes à mes parents. J'obéissais toujours. J'ai dû arrêter l'école à 16 ans. Mais mon enfance a été heureuse, je n'ai manqué de rien. J'ai eu beaucoup de chance. Quand j'ai été repéré, la Fédération de tennis espagnole a proposé à Toni de me mettre au Centre national de Barcelone, mais avec mon père ils ont décidé de me faire rester à Manacor.

Manacor… tout le monde rêve d'y aller maintenant !
J'avoue que c'est plutôt sympa d'y vivre. C'est une petite ville de 20 000 habitants à 50 kilomètres de Palma, sur l'île de Majorque. La famille Nadal est d'origine catalane et elle y est installée depuis le XIVe siècle. Sebastian, mon père, est patron d'une grosse usine d'isolation de fenêtres. Il est aussi en affaires avec Toni. Ils ont également des parts dans un restaurant chic de l'île et les quatre frères Nadal ont investi dans des projets immobiliers et commerciaux à Palma.

C'est un véritable clan ?
Oui, nous sommes une famille très unie. Tout le monde habite le même immeuble. Mes grands-parents vivent au premier étage, au deuxième sont installés Toni, sa femme et leurs trois filles de 4, 2 et 1 an. Mes parents occupent le troisième et ma sœur Maria Isabel et moi nous partageons le dernier niveau. L'été, le clan Nadal part vivre au bord de l'eau. Chacun a sa villa et elles sont toutes situées pratiquement dans la même rue.

« Le soir de la finale, l'ambassade d'Espagne à Paris avait organisé une fête en l'honneur du prodige. Le clan Nadal entoure son champion : de g. à dr. ses parents, Sebastian et Ana Maria, sa tante Juana Maria et son oncle et coach, Toni. Après un dîner en famille au restaurant, Rafael est allé célébrer sa victoire avec ses amis, dans la boîte de nuit le V.i.p. » - Paris Match n°2925, 9 juin 2005

« Le soir de la finale, l'ambassade d'Espagne à Paris avait organisé une fête en l'honneur du prodige. Le clan Nadal entoure son champion : de g. à dr. ses parents, Sebastian et Ana Maria, sa tante Juana Maria et son oncle et coach, Toni. Après un dîner en famille au restaurant, Rafael est allé célébrer sa victoire avec ses amis, dans la boîte de nuit le V.i.p. » — Paris Match n°2925, 9 juin 2005 © Jacques Lange / Paris Match

En dehors du tennis, y a-t-il autre chose qui vous fait vibrer ?
Oui, la pêche ! J'attends les poissons, je suis loin de tout. C'est le calme absolu. C'est un vrai bonheur quand je peux prendre mon petit bateau et m'éloigner des côtes. Là, sur cette mer, je suis aussi un homme heureux.

Vous avez gagné six tournois cette année. Benito, votre manager à l'A.t.p., trouve votre génie hors du commun ! Mais vous avez quand même un défaut ?
Il peut m'arriver d'être tête en l'air. J'oublie des choses, les clés, une raquette par-ci, par-là. Je ne suis pas très organisé, voire même bordélique. Sinon, j'essaie toujours de faire ce qu'on me demande. Je respecte beaucoup les autres.

Vous avez fêté votre finale en boîte de nuit, ça vous manque de faire la fête ?
Cela ne m'arrive pas souvent d'aller danser comme les copains de mon âge. Mais c'est un choix. J'aime la musique et, de temps en temps, je fredonne quelques paroles en voiture. Mais là, Toni devient fou et me demande d'arrêter aussi vite. Ce n'est pas génial, paraît-il…

Et les filles…
Je m'y intéresse, évidemment, mais je suis très timide. Le temps me manque, mais j'aime les regarder. Dimanche soir, à Paris, je me suis d'ailleurs essuyé un revers avec l'une d'entre elles ! Mais bon, j'ai gagné Roland-Garros…

Rafael Nadal célébrant ses onze premières victoires à Roland-Garros (2005,2006,2007,2008,2010,2011,2012,2013,2014,2017,2018)…

Rafael Nadal célébrant ses onze premières victoires à Roland-Garros (2005,2006,2007,2008,2010,2011,2012,2013,2014,2017,2018)… © Getty Images

… et Rafael Nadal après sa douzième victoire aux Internationaux de France en 2019.

… et Rafael Nadal après sa douzième victoire aux Internationaux de France en 2019. © Clive Brunskill/Getty Images


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Source: ParisMatch.com

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