Le bâtonnier de Paris, Me Olivier Cousi, a annoncé à l’Agence France-Presse jeudi «une action» en justice en réponse à l’enquête préliminaire «hors norme» ayant ciblé des avocats et menée pendant six ans par le parquet national financier, en marge de l’affaire des «écoutes» visant Nicolas Sarkozy.
«J’ai décidé d’engager une action au nom de l’Ordre des avocats de Paris», a annoncé le bâtonnier Cousi, affirmant avoir demandé au célèbre pénaliste Henri Leclerc «de bien vouloir réfléchir, au sens procédural, à quelle action engager», ce qui pourrait passer par «une action pénale» ou «une action civile en responsabilité de l’État».
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Nicolas Sarkozy et des ténors du barreau ont vilipendé les investigations du PNF, dont l’ampleur a été révélée jeudi par Le Point, pour tenter d’identifier une «taupe» éventuelle en 2014 dans l’affaire dites des «écoutes».
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Selon les informations du Point, les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff) ont un temps épluché les factures téléphoniques détaillées («fadettes») de nombreux ténors du barreau et de leurs collaborateurs, parmi lesquels Mes Eric Dupond-Moretti, Jean Veil, Jacqueline Laffont, Pierre Haïk, Hervé Témime ou Marie-Alix Canu-Bernard mais aussi d’une magistrate, ou des lignes fixes du PNF. Certains avocats ont même été géolocalisés.
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Une action «hors norme et inquiétante»
Me Cousi s’est dit «interpellé» par le «vide juridique» autour du recours à l’établissement de «fadettes» d’avocats, alors que «lorsqu’il y a des écoutes, dans les procédures, l’information doit être donnée aux bâtonniers sous peine de nullité». Dans cette enquête préliminaire, selon lui, «on a une action étrange: s’il n’y a que des fadettes et pas d’écoutes, il n’y a pas de certitude de l’utilité de récolter ces fadettes», puisque les enquêteurs parviendraient à connaître seulement l’existence de conversations et non la teneur de celles-ci.
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Pour le bâtonnier, cette «action» du PNF est «légale ou pas légale, je ne sais pas, mais elle est hors norme et inquiétante» et «ne peut se justifier que si des indices graves et concordants permettent de penser qu’il y avait une raison de le faire». Cela met selon lui gravement en danger le secret professionnel des avocats, un «rempart contre l’arbitraire». Me Cousi a aussi jugé «très grave» le «soupçon généralisé» selon lequel, «parce que des avocats se parlent entre eux, c’est nécessairement pour dire des choses illicites».
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Source: lepoint.fr
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