C’est une pub assez saisissante. On y voit Barack Obama chanter les louanges de Bernie Sanders. « Bernie est quelqu’un qui a la vertu de dire exactement ce qu’il pense. Une grande authenticité, une grande passion et il n’a peur de rien », affirme l’ex-président américain sur fond d’images montrant les deux hommes à la Maison-Blanche. « Je pense que les gens sont prêts à agir. Ils veulent un leadership honnête, qui leur prête attention. Ils veulent quelqu’un qui se bat pour eux. Et ils trouveront tout cela dans Bernie. »
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Barack Obama fan de Bernie Sanders, vraiment ? Pas tout à fait… Il s’agit en fait d’un montage de phrases prononcées hors contexte – et parfois tronquées – sur une décennie par l’ex-président. « Les choses vont tellement mal que Sanders fait une pub qui essaye de le présenter comme le meilleur ami de Barack Obama », résume dans une chronique Paul Krugman, Prix Nobel d’économie. Ce qui est assez sidérant puisque les deux hommes n’ont jamais été proches et que, de plus, lors de sa campagne, le sénateur du Vermont ne se prive pas de critiquer l’ancien locataire de la Maison-Blanche, trop centriste, trop frileux, qui s’est contenté, selon lui, de réformes timides…
Bernie à la relance
Après les résultats décevants du Super Tuesday – il a gagné quatre États contre dix pour Joe Biden –, Bernie Sanders doit absolument relancer sa campagne. Lors d’une conférence de presse, mercredi, il s’est déclaré « déçu » des résultats. Il n’a pas réussi à mobiliser les Afro-Américains, comme en 2016, ce qui lui a coûté les États du Sud. Le Parti démocrate est « une coalition du centre et de la gauche, résume l’éditorialiste E. J. Dionne, et même si l’aile gauche est importante et grandit, elle reste toujours une minorité. »
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Le candidat socialiste doit donc modifier sa stratégie d’urgence. Certains de ses conseillers le poussent à élargir son spectre, tout en jouant l’apaisement avec l’establishment du parti, que Sanders attaque à longueur de meeting. D’où le spot publicitaire invoquant Barack Obama, immensément populaire au sein de l’électorat afro-américain. Lors d’un discours mardi soir, Bernie Sanders a laissé sa critique de « l’establishment démocrate » au vestiaire pour proposer une formule bien plus vague : « l’establishment politique ». Autre changement significatif, le candidat a accepté une interview avec Rachel Maddow, la star de MSNBC, la chaîne d’info de gauche, qu’il avait boudée jusque-là, la jugeant trop inféodée au parti. Le calcul de Sanders est encore une fois d’essayer d’atteindre une portion plus vaste de l’électorat démocrate. Ses marges de manœuvre restent cependant étroites. Certes, il doit essayer d’amadouer les électeurs modérés, mais sans abandonner sa marque de fabrique – il n’a pas changé de position depuis 40 ans –, sous peine de se renier aux yeux de sa base.
Cap sur les cols-bleus du Midwest
Parallèlement, Bernie Sanders a déployé une offensive anti-Biden, faite de publicités négatives. Un nouvel angle pour lui. Dans un de ces spots, on entend l’ex-vice-président se vanter de ses efforts pour réduire le coût des dépenses publiques, concentrés sur les retraites et l’assurance santé.
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Sanders compte également dénoncer les positions de Joe Biden sur les accords commerciaux « désastreux », la guerre en Irak (il a voté pour) et le renflouement de Wall Street après la crise de 2008.
Autre signe du repositionnement du candidat de 78 ans, l’annulation d’un meeting électoral vendredi dans le Mississippi. À la place, Bernie Sanders va se rendre dans le Michigan, le plus gros État en termes de délégués, en vue du scrutin de mardi prochain. Par cette décision, le sénateur semble abandonner l’idée de conquérir la communauté afro-américaine qui a voté de manière écrasante, jusqu’ici, pour son adversaire, pour se recentrer sur le Midwest et ses populations de cols-bleus. Dans plusieurs États du Sud, Sanders est en effet arrivé en troisième position auprès des électeurs de cette communauté, derrière Biden et Mike Bloomberg. En 2016, le sénateur du Vermont avait remporté le Michigan, mais, dans un récent sondage, il accuse cette fois un retard de sept points sur Joe Biden.
Et l’abandon d’Elizabeth Warren, la sénatrice du Massachusetts, qui visait les mêmes électeurs de gauche, ne l’avantage pas forcément. D’abord, parce qu’elle a refusé, pour le moment, d’appeler à voter pour lui. Ensuite, parce que rien ne dit que ses électeurs se reporteront sur Sanders. Reste à savoir si ces manœuvres de dernière minute seront suffisantes pour permettre à Biden de récupérer son avance d’avant le Super Tuesday. À l’heure actuelle, plus d’un tiers des délégués ont déjà été attribués, et même si on ne connaît pas encore la répartition exacte, Joe Biden semble avoir pris une certaine avance. Pas de quoi effrayer l’équipe de Sanders, qui pense pouvoir s’imposer dans cinq des six États qui voteront la semaine prochaine.
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