воскресенье, 1 марта 2020 г.

Coronavirus : la Corse entre prévention et psychose

« Je ne sais pas si c’est judicieux de se faire la bise. On ne sait jamais… » On n’ose même plus se saluer dans les rues de Bastia. Pas d’alarmisme, clame-t-on du côté des pouvoirs publics. Pourtant, en Corse, c’est bien un début de psychose qui gagne une partie de la population insulaire.

Depuis que l’agence régionale de santé (ARS) a confirmé, en début de semaine, la présence de deux cas suspects de coronavirus, à Bastia et à Ajaccio, les Corses redoutent une contamination au Covid-19. Les deux alertes se sont finalement révélées négatives à la lumière des examens. « À ce jour, il n’y a aucun cas de coronavirus confirmé dans l’île », certifient, auprès du Point, les services de l’ARS de Corse.

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Il n’empêche, l’inquiétude a grandi d’heure en heure, le temps que les analyses effectuées à la Timone et à l’Institut Pasteur ne dissipent le doute. La crainte est d’autant plus grande que l’épidémie se propage à vive allure en Italie. Les insulaires redoutent que la proximité géographique de l’île avec la péninsule favorise une contamination. Au regard des multiples liaisons maritimes, en direction de Livourne, Piombino, Gênes et Savone, imaginer que la Corse serait épargnée par le Covid-19 en raison de son caractère insulaire n’a effleuré l’esprit de personne.

« La demande de masques a explosé »

La découverte de plusieurs centaines de malades en Lombardie et en Vénétie n’est pas de nature à rassurer. Depuis plusieurs semaines, dans les pharmacies de l’île, on s’arrache déjà les masques FFP2 qui empêchent l’inhalation d’agents infectieux et évitent la propagation du virus. À tel point que les officines se retrouvent déjà en rupture de stock, avant même l’arrivée éventuelle du Covid-19. Signe que le climat a bien changé. « Avec l’apparition de la maladie en Italie, les gens s’inquiètent vraiment et la demande a explosé, explique Élise Balesi, pharmacienne dans le centre-ville de Bastia. Nous ne parvenons même plus à nous réapprovisionner auprès de nos fournisseurs, eux-mêmes dépourvus de stock. »

À en croire cette professionnelle de santé, vivre sur une île lors d’une épidémie peut se révéler être à la fois un avantage et un inconvénient. L’insularité créerait une frontière naturelle dès lors que le danger n’a pas pénétré, et favoriserait la propagation du virus une fois le vers dans le fruit. Un point de vue que semblent néanmoins relativiser certains scientifiques. « Généralement, les dynamiques des épidémies ne diffèrent pas entre la Corse et le continent, constate Alessandra Falchi, épidémiologiste et directrice du laboratoire Bioscope Corse Méditerranée de l’université de Corte. Nous sommes cependant très vigilants, d’autant plus que le coronavirus est un virus que l’on ne connaît pas encore très bien. »

La crainte du retour de vacances

La prudence est de mise. Selon la préfecture de région, 50 000 personnes doivent arriver en Corse dans le courant du week-end, soit environ 15 % de la population de l’île, dans le contexte du retour de vacances. Le tiers des flux proviendrait d’ailleurs de la péninsule italienne. C’est dire si, du côté des pouvoirs publics, on prend la menace très au sérieux. Surtout lorsqu’on sait que près de 30 % de la population insulaire a plus de soixante ans, une catégorie particulièrement exposée à l’épidémie.

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Lors d’une réunion de crise mercredi dernier, les services de l’État, l’ARS et l’exécutif de la collectivité de Corse ont rencontré les responsables des compagnies aériennes et maritimes pour décider des mesures de précaution à mettre en œuvre et organiser un réseau de surveillance. Objectif : prévenir et sensibiliser les personnes revenant des zones à risque, informer sur les consignes de sécurité et accélérer la détection. Pour l’heure, les lignes maritimes et aériennes n’ont toutefois pas été interrompues. Les liaisons entre la Corse et l’Italie demeurent ordinaires, hormis pour les villes placées en quarantaine par les pouvoirs publics italiens. Les compagnies assurent néanmoins avoir pris des dispositions pour sensibiliser les voyageurs en matière d’hygiène, afin de réduire le risque sanitaire. « L’important est d’agir le plus possible en amont, a fait savoir Franck Robine, le préfet de Corse. Nous demandons aux personnes qui reviennent des zones où l’épidémie est avérée de faire preuve de civisme. »

Un dépistage bientôt organisé dans l’île

En attendant, s’ils assurent ne pas céder à l’alarmisme ambiant, les acteurs de la santé sur l’île se préparent à une éventuelle gestion de crise. Les deux centres hospitaliers de Bastia et d’Ajaccio font partie des soixante-dix établissements mobilisés à l’échelle nationale pour accueillir de nouveaux cas suspects de coronavirus. Des dispositifs spécifiques d’accueil ont été mis en place afin de repérer et de prendre en charge les cas suspects.

À brève échéance, la procédure de dépistage devrait être revue par l’ARS et le conseil de l’ordre des médecins afin de privilégier une logique de proximité. Pour les personnes présentant les signes de la maladie dans l’île, celles-ci feraient l’objet d’un prélèvement sur place mais également de tests, actuellement dévolus aux laboratoires et centres de référence du continent. La régionalisation du dépistage permettrait un gain de temps important qui se répercutera, selon ses instigateurs, sur la prise en charge des éventuels patients. Un paramètre qui pourrait devenir capital dans les prochains jours, d’autant que le risque de changer d’échelle est loin d’être exclu. « Dans le cas d’une configuration à l’italienne, nous aurons besoin d’effectuer un grand nombre de tests, ne serait-ce que pour lever le doute sur les personnes qui ont un rhume de saison ou la grippe, explique Jean Canarelli, président du conseil de l’Ordre des médecins de Corse-du-Sud. Il nous faudra donc plus de diagnostics, et aller vite en réduisant les délais inhérents à tout transfert d’analyses sur le continent. Même si aujourd’hui le besoin de dépistage est très limité, les choses peuvent changer d’une semaine à l’autre. »

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