четверг, 27 февраля 2020 г.

L’éolien en veut plus

Ça commençait à faire beaucoup. Ces derniers mois, les critiques contre les éoliennes sont venues d’un peu partout, y compris de la part des hautes autorités. C’est d’abord Jean-François Carenco, le truculent patron de la commission de Régulation de l’énergie, qui, l’été dernier, s’interroge devant les députés : « Le développement des énergies renouvelables électriques ne sert […] pas à réduire les émissions de CO2. » C’est ensuite Emmanuel Macron lui-même qui, en janvier, donne des sueurs froides à la filière en visant les éoliennes terrestres. « La capacité à développer massivement de l’éolien est réduite. On pourra le faire où il y a consensus, mais le consensus autour de l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays », dit, de Pau, le chef de l’État, qu’on pensait plus allant sur ces mâts à hélices – en fait, il les apprécie peu. D’autres élus, comme Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, ou Dominique Bussereau, son homologue de Charente-Maritime, tonnent eux aussi de plus en plus fort contre le vent. La profession a donc réagi. Jeudi matin, elle a organisé une conférence de presse pour redire tout l’intérêt des éoliennes. Et pour mettre un peu de pression sur le gouvernement.

Les professionnels de l’éolien pensaient pourtant avoir l’onction des pouvoirs publics. Dévoilée il y a quelques semaines, la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), qui fixe les objectifs en matière de production d’énergie, ne prévoit-elle pas un doublement des capacités éoliennes d’ici 2028, c’est-à-dire, en gros, un doublement du nombre de mâts en France ? Mais, entre le but fixé et les moyens alloués, il semblerait qu’il y ait un hiatus. « Il faut une adéquation entre les objectifs et les moyens mis en œuvre », avance Jean-Louis Bal.

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Le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) demande d’abord que chacun travaille dans le calme. « On sait qu’Élisabeth Borne [ministre de la Transition écologique, NDLR] est harcelée par un certain nombre d’élus, on veut lui apporter tout notre soutien », dit Jean-Louis Bal. La filière craint aussi que les signaux négatifs, comme la phrase prononcée par le président de la République, n’influencent les préfets, qui délivrent les autorisations de parcs éoliens…

Truffé de radars

Pour atteindre l’objectif fixé en 2028, il faut surtout accélérer la manœuvre. « Aujourd’hui, confie Nicolas Wolff, président de France énergie éolienne (FEE), nous mettons en service 1,35 gigawatt par an, alors qu’il en faudrait 1,85 pour atteindre l’objectif de la PPE. On est en retard, il faut installer plus de machines. » Les professionnels de l’éolien ont quelques idées en tête, qu’ils soumettront bientôt au gouvernement. Ils aimeraient, d’abord, mieux répartir les éoliennes sur le territoire, de façon à éviter une surcharge dans certaines régions, comme les Hauts-de-France et le Grand Est. L’ennui, c’est qu’ils ne peuvent faire n’importe quoi n’importe où. La France est, estime Nicolas Wolff, le pays d’Europe qui croule sous le plus grand nombre de règles (il faut une trentaine d’autorisations diverses avant d’obtenir un feu vert, et en moyenne six années d’attente). De plus, certaines régions ne peuvent accueillir beaucoup de mâts, parce qu’elles sont déjà truffées de radars ou de terrains militaires — autant d’implantations qui excluent des éoliennes. La filière demande donc de simplifier les procédures et de libérer des zones.

Elle suggère aussi qu’un bonus financier soit offert aux collectivités locales qui ne bénéficient pas des conditions de vent optimales, comme en Nouvelle-Aquitaine, afin que leurs investissements soient plus vite rentabilisés. Autre idée : une part des retombées financières des éoliennes, recueillies par les communes ou les intercommunalités, pourrait être affectée à des opérations en faveur de l’environnement, telle l’isolation des bâtiments. Une façon de mieux faire accepter le voisinage des mâts…

« La production éolienne n’est pas intermittente »

Enfin, pour soutenir l’essor des éoliennes, les professionnels entendent « rétablir la vérité » concernant leurs machines, dit Nicolas Wolff. S’ensuivent deux-trois mises au point techniques. Nicolas Wolff réfute l’accusation du député LR Julien Aubert, pour qui « les énergies renouvelables ne participent pas à la transition énergétique car elles se substituent au nucléaire [qui n’émet que très peu de CO2, NDLR] ». Selon le président de FEE, un rapport de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, établit que l’essor de l’éolien, du photovoltaïque ou encore de la biomasse s’accompagne d’une baisse des énergies fossiles, comme le charbon. « Le rapport de RTE dit qu’en 2019 l’éolien et le solaire ont permis de réduire nos émissions de 22 millions de tonnes de CO2, en France et à l’étranger », souligne Nicolas Wolff.

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Comme dans un numéro de duettistes, Jean-Louis Bal, son homologue du Syndicat des énergies renouvelables, prend la parole pour tordre le cou à ce qu’il considère comme une autre idée reçue : l’intermittence des éoliennes, qui obligerait à mettre en route des centrales thermiques (gaz ou charbon) pour pallier le manque de vent. « La production éolienne n’est pas intermittente, elle est variable et prévisible, elle s’intègre parfaitement dans le réseau de transport d’électricité sans avoir besoin d’un recours à la production thermique », dit-il.

« Arrêtons de raconter des choses fausses »

Autres arguments, la création d’emplois offerte par la filière éolienne (1 300 par an, pour un total de 18 000) et son peu d’impact sur l’environnement. Les éoliennes, jure Nicolas Wolff, sont à plus de 95 % recyclables, et la filière entend fournir plus d’efforts en ce sens. Les opérateurs s’engageront à enlever l’intégralité des fondations d’un mât une fois sa vie achevée, alors qu’aujourd’hui une partie du socle de béton reste enfouie. Ils augmenteront aussi la part de provisions financières destinées à recycler les futurs mâts, de plus en plus grands.

« Il manque 500 MW par an pour atteindre l’objectif fixé pour 2028 », rappelle Nicolas Wolff, comme si l’objectif était à portée de pâle. Le président du Syndicat des professionnels de l’éolien demande donc un « climat de confiance ». Il faut, dit-il, « arrêter de raconter des choses fausses ». On ne veut pas croire qu’il s’adresse à Emmanuel Macron.

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