четверг, 27 февраля 2020 г.

Coronavirus : Macron au chevet de l’Italie

Pour l’Italie, c’est la double peine. Bien que la fulgurante flambée de cas de coronavirus se concentre essentiellement dans le nord de la Péninsule, c’est tout le pays qui semble désormais devoir vivre avec l’image de « zone contaminée ». Si les voisins européens se refusent toujours à fermer les frontières, d’autres pays font moins dans le détail, apprend-on dans la presse transalpine. La Russie déconseillerait ainsi à ses concitoyens de se rendre en Italie, le Koweït annulerait tous ses vols vers « la Botte » et la Jordanie, elle, interdirait son territoire aux voyageurs en provenance d’aéroports italiens.

Un « alarmisme » sanitaire qui n’a, semble-t-il, pas gagné la présidence française, bien décidée à honorer l’invitation de l’Italie et maintenir la visite d’Emmanuel Macron aujourd’hui à Naples pour le 35e sommet franco-italien. « C’est un signal d’être là, de présence, de coopération, de maîtrise de la situation que la France, en tant que partenaire européen, veut donner auprès de son voisin italien », affirme-t-on du côté de l’Élysée.

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Un soutien qui ne sera pas de trop pour Rome qui, en plus de la crise sanitaire, doit également gérer les contrecoups économiques à venir. Les zones les plus touchées par le virus, la Lombardie et la Vénétie (qui comptabilisent 12 décès et 345 des 424 cas de Covid-19 en Italie), sont des régions vitales pour l’économie transalpine, rappelle-t-on dans la presse. À cela s’ajoutent les conséquences pour l’image à l’international du Bel Paese et pour son potentiel touristique, inévitablement impactés par l’hyper médiatisation de la situation d’urgence. « Il y a beaucoup de fake news qui circulent sur l’Italie. Donc le fait que Macron vienne à Naples, c’est un signal qui va dans le sens d’une pleine solidarité », se rassure un officiel italien qui tient à garder l’anonymat.

À son arrivée dans la capitale de Campanie (où les trois premiers cas de coronavirus ont été détectés dans la soirée de mercredi), Emmanuel Macron sera accueilli par le chef du gouvernement Giuseppe Conte. L’occasion pour le leader italien de quitter enfin, pour quelques heures, le siège de la Protection civile à Rome d’où il pilote les opérations contre la propagation du virus. « Mais on parlera beaucoup du coronavirus, parce que c’est sur ça que se concentre l’attention médiatique ces jours-ci », tient tout de même à rappeler l’officiel italien.

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Onze ministres français

Naples devrait également permettre à Conte de prendre un peu de hauteur. Ces derniers jours, le politicien des Pouilles est à couteaux tirés avec plusieurs gouverneurs de région – membres de la Ligue de Salvini – sur la gestion de la crise sanitaire. « Ce sommet, c’est un moment de gravité, ça va lui permettre de déplacer le terrain politique, de sortir des débats », confirme Jean-Pierre Darnis, conseiller scientifique à l’Istituto Affari Internazionali de Rome et maître de conférences à l’université Côte-d’Azur.

Macron ne viendra pas seul sur les bords de la mer Tyrrhénienne. Avec lui, onze ministres français feront le déplacement pour rencontrer leurs homologues transalpins. Absents à Naples ce jeudi, les ministres de la Santé Olivier Véran et Roberto Speranza, logiquement occupés par la situation du Covid-19 dans leur pays respectif. Mais les deux hommes ont déjà eu longuement l’occasion d’échanger sur le sujet lors d’une rencontre entre plusieurs ministres européens de la Santé mardi à Rome.

Quant au programme des discussions du 35e sommet, à en croire les deux partis, il sera dense. Question migratoire, coopération européenne, diplomatie, climat, éducation, culture : la liste est longue. Plusieurs dossiers économiques seront également sur la table, à l’instar du projet Naviris, une joint-venture dans le secteur de l’industrie de la défense navale entre les Italiens de Fincantieri et les Français de Naval Group. Également en pourparlers, un possible accord entre la Caisse des dépôts transalpine et la Banque publique d’investissement hexagonale en vue d’un fonds commun pour financer l’innovation et les start-up.

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Tourner la page de la crise de 2019

Une effervescence diplomatique, comme pour mieux tourner la page de la crise de 2019. En effet, il y a un peu plus d’un an, l’ambiance était tout autre. Les sujets de discordes entre Paris et l’ancien attelage gouvernemental Ligue/Mouvement 5 étoiles ne manquaient pas. Dans une initiative rare, la France avait même décidé le retrait temporaire de son ambassadeur en Italie après une rencontre de l’ancien vice-Premier ministre Luigi di Maio (aujourd’hui en charge des Affaires étrangères et donc présent à Naples) et des Gilets jaunes en France. Et avec l’autre visage de l’exécutif, Matteo Salvini, les relations politiques étaient tout aussi exécrables.

Mais depuis la mise au ban du leader souverainiste et l’avènement d’une coalition exécutive plus modérée, Paris veut croire que la brouille appartient désormais au passé. « Il n’y a pas de stigmates dans la relation franco-italienne », estime l’Élysée, un an après. Aujourd’hui, « on repart dans une relation de confiance entre nos deux pays et on essaie de la consolider par des coopérations très concrètes au niveau industriel, au niveau de la défense ».

La relance du traité du Quirinal ?

« Un rappel de l’ambassadeur à Paris, chose qui n’est pas arrivée depuis 1940, tout ça ne disparaît pas du jour au lendemain », avance pourtant Jean-Pierre Darnis, de l’Istituto Affari Internazionali. Si le dialogue franco-italien est bien meilleur, reconnaît-il, « des sujets de discorde sont toujours en arrière-plan ». L’universitaire salue cependant l’initiative napolitaine : « Je trouve ça assez bien que le sommet ait lieu, qu’il y ait cet effort de fait, malgré le coronavirus. C’est assez intelligent et courageux. Au vu des nombreuses dissensions, une annulation aurait encore alimenté un sentiment anti-français qui ne demande qu’à être réveillé. »

À Naples, pour sceller les retrouvailles transalpines, Paris et Rome pourraient acter la remise en marche des travaux sur le traité du Quirinal, mis de côté pendant la crise. Annoncé au dernier sommet franco-italien en 2017, le texte est censé graver dans le marbre la relation entre les deux pays. « Le véritable enjeu à moyen terme, c’est la relance de ce processus », assure Jean-Pierre Darnis. Une nécessité après les temps de tensions, estime-t-il : « Après ces deux années horribles, on a besoin d’un mécanisme de compensation. Il faut trouver quelque chose qui permette de rétablir une perception commune et le débat. »

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