пятница, 28 февраля 2020 г.

Coronavirus : ce qu’ont dit les services de renseignements à Macron

La note, compilation des remontées du terrain par les services de renseignements français, est arrivée jeudi sur le bureau du président de la République. Datée du 26 février, elle dresse un état des lieux des conséquences du coronavirus en France, en matière économique, mais aussi et surtout en matière sociale. Les autorités craignent que la propagation du virus n’entraîne une stigmatisation des Asiatiques. Deux agressions en rapport avec le Covid-19 ont déjà été recensées sur le territoire.

Le 5 février dernier, dans le Morbihan, Mai*, une Française de 16 ans d’origine vietnamienne, a ainsi été frappée et insultée, à son retour du lycée en plein jour, après que son agresseur lui a demandé si elle était chinoise, et avoir affirmé que c’était la Chine qui avait « ramené le virus corona ». Sept jours d’ITT lui ont été prescrits. La jeune femme a porté plainte le soir même. Deux semaines plus tard, le 22 février, à Biarritz, c’est un jeune homme d’origine chinoise, accompagné d’un de ses amis, qui a été tabassé en sortant de boîte de nuit – son agresseur lui ordonnant de « rentrer dans son pays avec son coronavirus ».

Les services de renseignements considèrent que d’autres agressions ont eu lieu en France, en particulier dans le Val-d’Oise, mais que la population d’origine asiatique reste « très réticente à l’idée de déposer une plainte et tend à se protéger par un repli communautaire ».

Pas de graves incidents dans le milieu scolaire

Répartis sur tout le territoire, les agents du renseignement ont fait remonter à leur hiérarchie de nombreux incidents survenus dans les départements français, comme cette une du Courrier picard (« Coronavirus chinois – Alerte jaune ») qui avait été très critiquée, au point que le journal a dû présenter ses excuses le lendemain.

Les répercussions du virus sont également scrutées dans le milieu scolaire et universitaire. Dans le Maine-et-Loire, plusieurs parents d’élèves se sont ainsi émus que leur enfant fasse l’objet d’insultes – « virus », « sale jaune » – ou de moqueries dans la cour de récréation. Les cas semblent cependant isolés et la situation bien gérée par le corps enseignant.

Les universités, quant à elles, ont fait le choix, dans leur ensemble, d’aménager si nécessaire l’emploi du temps de leurs étudiants et d’interdire les voyages scolaires ou les échanges jusqu’à nouvel ordre avec la Chine.

La communauté asiatique soudée

Si les services de renseignements notent un « climat anxiogène » depuis plusieurs semaines, les messages haineux sont en décroissance sur les réseaux sociaux. La communauté asiatique se sent en revanche stigmatisée dans la rue et les lieux publics, pointée du doigt et tenue à l’écart. Certains affirment être désignés par des surnoms dégradants comme « virus » ou « coronavirus » et faire l’objet de remarques désobligeantes sur leur hygiène.

Dans le Val-d’Oise, un buraliste explique même avoir reçu des courriers anonymes d’un mystérieux « Comité français » lui enjoignant de retourner dans son pays. « Tueurs de chiens, de pangolins, etc. Vous détruisez le monde ! Oust », peut-on lire dans l’un d’entre eux. La communauté asiatique se mobilise cependant, fait de nombreux efforts pour annuler des festivités, éviter les tensions et relayer les consignes sanitaires, notent les services.

Un impact économique qui reste à déterminer

Le Renseignement semble se montrer plus inquiet quant à l’impact du coronavirus sur l’économie, même s’il est encore trop tôt pour en déterminer les conséquences exactes. La France est actuellement en basse saison touristique en ce qui concerne les voyageurs chinois (100 000 visiteurs par mois habituellement à cette période, contre 300 000 l’été). Seule la ville de Dijon, deuxième ville la plus visitée par les Chinois après Paris, accuse le coup, avec déjà 3 500 nuitées annulées auprès de 40 établissements. Annuellement 2,2 millions de Chinois visitent la France et constituent « une manne financière pour la filière » touristique, précise le document, qui rappelle quelques chiffres.

 

Le trafic aérien avec la Chine a été divisé par deux. Air France KLM prévoit un manque à gagner entre 150 et 200 millions d’euros, alors que l’épidémie pourrait coûter 30 milliards à l’ensemble des compagnies aériennes, selon l’association internationale du transport aérien, qui représente 290 sociétés de vol. Les services de renseignements insistent sur la nécessité absolue d’une bonne communication, le personnel de Beauvais ayant par exemple hésité le week-end dernier sur la démarche à tenir avec l’Italie. Toujours selon la note, l’épidémie a aussi des répercussions sur la cotation en Bourse des compagnies aériennes européennes.

 

Des inquiétudes sur le fret

Le transport maritime pose également problème. Le secteur éprouve des problèmes à relever les équipages, et la demande, en provenance de Chine, chute drastiquement. La Chine représente en effet 25 % des importations de vrac sec (ce qui n’est pas conteneurisé, comme le charbon, le bois, les céréales, tôles, etc.) dans le monde. Le pays consomme près de 40 % de la production mondiale de métaux, précise la note présentée au chef de l’État.

Mêmes soucis quant au transport terrestre. Dans le Cantal, une coopérative agricole, spécialisée dans le transport des bovins, s’est vue annoncer une suspension du commerce avec l’Italie. Plusieurs entreprises françaises, dans les secteurs des luminaires, du lait infantile, de la fabrication de câbles ou de l’industrie automobile, font également face à des ruptures d’approvisionnement ou une interruption momentanée des commandes chinoises.

L’entreprise Punch Powerglide, fabricant de boîtes de vitesses à Strasbourg, a par exemple déjà annoncé un chômage partiel de neuf jours en février et mars pour faire face à une baisse de la production de 21 %, contre deux jours de chômage partiel à l’usine Renault de Douai pour pallier une panne d’approvisionnement. Plusieurs usines sont dans la même situation.

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Un « vent de panique dans les structures hospitalières de l’Oise »

Les services de renseignement s’inquiètent particulièrement de la contamination d’un malade à Compiègne, qui n’avait pas été mis en confinement. « Aucune précaution pour la protection des soignants n’a été mise en œuvre, ce qui laisse redouter un risque de propagation important auprès de personnes à risques mais aussi du corps médical ». Le tout engendrant « un vent de panique dans les structures hospitalières de l’Oise ».

De fait, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé, le 27 février au soir, une vingtaine de nouveaux cas, dont un « regroupement de douze cas » en rapport avec les malades de l’Oise.

Baisse de fréquentation des commerces asiatiques

Enfin, les gérants des commerces et restaurants asiatiques se plaignent d’une baisse de fréquentation difficile à quantifier pour le moment. Dans l’Aube, notamment, cette « chute brutale de la fréquentation » met en péril la survie de petits restaurants, dont les marges sont faibles. Certains espèrent déjà obtenir des arrangements avec l’Urssaf.

Les seuls à profiter de l’épidémie semblent être les fabricants de masques. Alors que de nombreuses pharmacies sont en rupture de stock à Lille ou encore dans le 13e arrondissement de Paris – 80 % des masques sont fabriqués à Wuhan, en Chine, épicentre de l’épidémie –, le français Kolmi, qui produit chaque année 150 millions de masques de protection, affirme avoir vu ses « commandes multipliées par 50 ».

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