суббота, 29 февраля 2020 г.

Cinéma : qu’est-ce que Clavier a fait au Bon Dieu ?

C’était couru d’avance – nous l’avons même écrit. Mais nous avons regardé quand même la 45e cérémonie des César. On s’est dit : la ficelle est trop grosse, ça ne peut pas se passer comme ça. Et cela s’est passé comme ça. Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu n’a pas remporté le césar du public. Les votants lui ont préféré Les Misérables – qui a également obtenu le césar du meilleur film. Nous ne discuterons pas ici du choix – même si cette double récompense pose question. Mais de la méthode. Le long-métrage de Philippe de Chauveron, avec Christian Clavier et Chantal Lauby, serait sorti en 2018, il aurait gagné la statuette récompensant le film qui a fait le plus d’entrées. Comme Les Tuche 3 (5,7 millions) et Raid dingue (4,5 millions). Avec ses 6,7 millions d’entrées, cette comédie représente le cinéma populaire. Mais pouvait-on récompenser le réalisateur d’À bras ouverts qui avait tant choqué (même s’ils ne l’avaient pas vu) les professionnels de la profession et les sempiternels traqueurs de dérapages ? Pouvait-on aussi honorer Christian Clavier ? Non. Doublement, non.

En quarante-cinq ans de carrière, l’acteur a joué dans les films les plus cultes des années 1980 (Les Bronzés, le Père Noël, Papy fait de la résistance, Mes meilleurs copains), dans les blockbusters des années 1990 et 2000 – qu’il a souvent coécrits – (Les Visiteurs, Les Anges Gardiens, – produit par Alain Terzian l’ex-patron des César –, Astérix, L’Enquête corse) et a su se relancer en 2010 (le premier volet de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Une heure de tranquillité, Convoi exceptionnel). Il est le seul acteur français à cumuler quatre films à plus de dix millions d’entrées. Bref, un patron. Et pourtant, rien. Deux pauvres nominations pour Les Visiteurs… Mais qu’est-ce qu’a fait Christian Clavier au Bon Dieu pour être boycotté par ses pairs ? Il paie – on est en France – sa réussite, sa grande gueule et sa proximité avec la droite française. Clavier attire du public, ose jouer dans des films « osés » – qui se terminent toujours dans le camp du bien, rassurons-nous –, et n’est pas tendre avec « l’artistocratie ».

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Ouverture et tolérance

Que les César choisissent tout au long de la cérémonie de récompenser des films qui n’ont pas trouvé leur public – euphémisme –, c’est un parti pris tout à fait acceptable. Mais en changeant les règles du jeu, en accordant des cartes de bon acteur/scénariste/réalisateur à certains, l’Académie, secouée par une crise inédite, méprise le public qui va voir des films à succès… Le césar du public devait remédier à cette défaillance.

Pendant près de trois heures, la cérémonie a délivré son lot de bons sentiments, défendant la parité et la diversité ; la tolérance et l’ouverture. Un effort supplémentaire, chers amis cinéphiles : joindre les actes à la parole en récompensant (au moins une fois) le cinéma populaire. Qui plus est, quand le film qui a le plus attiré de spectateurs défend la diversité, la tolérance et l’ouverture.

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