вторник, 12 ноября 2019 г.

Etienne Davodeau : S.O.S. détresse

Les ennuis, c’est connu, ont tendance à voler en escadrille. En quelques coups de Trafalgar, Yvan perd ainsi père, mère et boulot. Heureusement, l’amitié prend le quart et ses potes l’accueillent dans leur chalet enneigé du Jura pour l’aider à franchir ce cap morne. Sauf que le quinqua a du mal à se requinquer : ses rejetons vivent au loin et son épouse tourne autour de la terre pendant que lui tourne en rond. Quant aux copains, ils ne viennent pas le voir aussi souvent qu’espéré… « C’est l’histoire d’un mec en apesanteur. Il fait le point sur le temps passé, sur celui qui lui reste et sur ce temps présent, qui est vacant, inutile… » résume Etienne Davodeau.

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Comme toujours, le dessinateur de 54 ans s’est nourri de ce qui s’est passé autour de lui. Etudiant en arts plastiques à Rennes dans les années 1980, il s’était lié d’amitié avec Joub et Christophe Hermenier pour créer des fanzines et redéfinir les contours de la BD sans passer par la case imaginaire. Son credo : « Des récits qui se passent dans des endroits où je pourrais être, où tout ce qui arrive est possible. » Le temps file pour le trio, et lorsque Christophe, devenu graphiste et photographe, se retrouve sur le flanc, Etienne et Joub font corps. « On lui a dit que ce serait bien de sublimer ce qui lui tombait sur la gueule, plutôt que de le subir sans rien en faire », explique Davodeau. Justement, Christophe, contraint de vider la maison de ses parents, a eu l’idée de photographier leurs objets du quotidien avant de les mettre à la benne. Un inventaire où bols bretons, pinces à sucre et bibelots de porcelaine sont aussi éloquents que les tourniquettes de Boris Vian. « Je lui ai dit : “Ce que tu me montres là, c’est très narratif, ça raconte une époque, un milieu social, il faut qu’on s’y mette !”»

A la lisière du documentaire et de l’expérience intime

Cette attention portée aux détails révélateurs d’une existence ou des ressorts cachés d’une communauté est la marque de Davodeau. En une quarantaine d’albums, à la lisière du documentaire et de l’expérience intime, le dessinateur a ainsi raconté le monde associatif auquel ses parents appartenaient – « des cathos de gauche, une espèce en voie de disparition… » –, vécu aux côtés de paysans écolo qui tenaient ferme face à un projet d’autoroute (« Rural ! »), pris le pouls de la province sans jamais tomber dans le cliché du clocher. « Si tu vas dans ces endroits sans a priori et que tu prends du temps, tu vois 90 % de choses qui ne servent à rien. Mais les 10 % qui sont utiles sont là parce que tu ne les attendais pas. » Sa méthode au long cours paie et lui vaut même un succès phénoménal en 2011 lorsque « Les ignorants » cartonnent, jusqu’à atteindre les 260 000 exemplaires vendus.

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Ce récit d’une initiation croisée au cours de laquelle le dessinateur se frottait aux mystères du vin selon Richard Leroy, tandis que le viticulteur découvrait, ébahi, le lent processus de maturation d’une BD, est désormais un classique de librairie. « J’ai de la chance d’avoir des albums qui durent, pas trois semaines en rayon comme la plupart des autres livres », se réjouit l’intéressé. Un luxe dont il profite pour peaufiner un projet : le récit de sa randonnée pédestre des grottes préhistoriques de Pech Merle au site d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure, dans la Meuse. L’occasion de mener une enquête, mais surtout une réflexion, sur la trace que l’homme laisse. Rendez-vous dans deux ans… ou dans cent mille ans.

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