пятница, 25 октября 2019 г.

Inauguration de l’usine Louis Vuitton au Texas : Welcome Mister Arnault !

À l’inauguration de l’usine Louis Vuitton au Texas en présence de Donald Trump, les ouvrières ont fait une haie d’honneur à leur patron, Bernard Arnault.

« You are an artist ! » De la part de Donald Trump, c’est un sacré compliment. Le président est venu en personne inaugurer l’usine Louis Vuitton au Texas, et il célèbre Bernard Arnault, un homme d’affaires (presque) plus fort que lui ! A les regarder tous les deux, côte à côte sur l’estrade aménagée en plein atelier, on se dit qu’il n’y a pas plus différents. Chic, réservé, longiligne, Bernard Arnault sourit aimablement quand l’Américain, cravate rouge sang, veste bleu électrique aux épaules trop larges, égrène ses prouesses : « Notre pays continue sa renaissance grâce à cette présidence, grâce à nous ! We are doing a fantastic job ! » Le mot « vantard » semble avoir été inventé pour lui.

Ce matin, entre Washington et Dallas, dans le living-bureau de l’avion « Air Force One », Bernard Arnault et son fils Alexandre (qui, à 27 ans, dirige les valises Rimowa) ont pu assister, en direct, aux négociations de Trump avec Erdogan pour arracher un cessez-le-feu. Ils étaient assis à deux pas, et le fier président a adoré montrer ses talents de « maître du monde » à ce money-maker français à qui tout réussit. « I could learn from you about branding », admet-il. Oui, ce Français, l’une des premières fortunes mondiales, pourrait lui apprendre à « décliner son label » avec plus de finesse, c’est certain. Mais alors, ce ne serait plus Donald Trump. Lequel ne manque pas d’humour, lui murmurant dans un clin d’œil appuyé : « Vos sacs m’ont coûté cher au fil des années ! » Eclats de rire dans l’assistance, en face. Des ouvrières en blouse beige brodée « LV » bien repassée, le Brushing frais, la french manucure toutes griffes dehors, ont encore de la peine à y croire.

Mogul, c’est le petit nom donné par les services secrets au président actuel, c’est un des membres de la sécurité qui nous fait cette confidence

Non seulement mister Arnault, leur bienfaiteur, est venu les saluer, mais, en plus, ce président les fascine. La plupart d’entre elles sont « latinas », se parlent en espagnol, viennent de l’autre côté de ce fameux mur… Aujourd’hui, c’est pour elles – et pour le Texas – que « Mogul » a fait le déplacement avec ses hélicoptères géants. Oui, Mogul, c’est le petit nom donné par les services secrets au président actuel. Obama était surnommé « Renegade ». C’est un des membres de la sécurité qui nous fait cette confidence pendant le déjeuner-barbecue. Un peu plus détendus après une intense semaine d’inspection et de sécurisation des lieux, ces messieurs se racontent volontiers. Ils aiment leur job, aiment leur président, tellement critiqué, et adorent la demi-douzaine de viandes du terroir généreusement servies.

Car on est en pleine zone carnivore, ici. Une campagne très verte, bosselée de pâturages et de forêts où les chasseurs de daims prennent leur « mission » très au sérieux. Aïcha, notre pilote de voiturette à la longue queue-de-cheval et aux yeux verts, a appris à tirer le gibier avec son mari. Depuis, c’est une enragée, dont l’œil de lynx repère les animaux à des centaines de mètres. Dans cette région rurale et hospitalière, les habitants affirment leur attachement aux traditions, à la terre. Ils ont de petites fermes enfouies dans les feuillages, et deux voitures car tout est à des kilomètres. Ils n’ont qu’un rêve : que leur fille puisse bientôt travailler chez « Loui Voutôh ». On les comprend. L’usine – baptisée Rochambeau, du nom du général français qui aida à la libération de treize colonies américaines – n’est pas immense ; elle a été aménagée dans un ranch en pleine nature, avec des conditions de travail inespérées. Michael Burke, P-DG de Vuitton, égrène : « On les paie un peu plus que le salaire moyen, on les forme pendant des mois, les machines sont ajustables à la taille de chaque maroquinière, et on assure leur couverture sociale. »

« The art of the deal ». Aux côtés de Donald Trump et Bernard Arnault (de g. à dr.) : Michael Burke, P-DG de Louis Vuitton, Alexandre Arnault et Ivanka Trump, la fille du président américain.

« The art of the deal ». Aux côtés de Donald Trump et Bernard Arnault (de g. à dr.) : Michael Burke, P-DG de Louis Vuitton, Alexandre Arnault et Ivanka Trump, la fille du président américain. © Alvaro Canovas / Paris Match

Le recrutement est exigeant mais très ouvert : « On se moque de leur background, certaines étaient caissières, agents d’entretien… Ce qui compte, ce sont les compétences. Il y en a trois, indispensables : la dextérité mécanique, la méticulosité et la capacité de travailler en équipe. » Pas si facile à dénicher dans cet Etat prospère qui affiche 4 % de chômage, autant dire le plein-emploi. « Oui, on a cherché. Le bouche-à-oreille a bien fonctionné. » Ensuite, les tests d’aptitude – rodés depuis vingt-quatre ans – ont éliminé 90 % des candidats. Michael Burke insiste : « La qualité, les méthodes de fabrication sont rigoureusement les mêmes qu’en France. D’ailleurs, les fournitures, les peaux, les boucles, les aiguilles viennent de France. » Un jour, quand les éleveurs auront remplacé les fils barbelés par des enclos en bois, eh bien, les peaux, sans griffures, seront peut-être texanes. Et – allez savoir, c’est encore un secret – l’atelier Rochambeau fabriquera de vraies santiags surpiquées main, et des chapeaux de cow-boy en vachette douce comme du satin.

« Je ne suis pas copain avec Donald Trump, balaie mister Arnault. On se voit de temps en temps »

A présent, dans les magasins américains, quand vous ouvrez certains sacs, vous lisez « Made in the United States ». Evidemment, les journalistes – tant new-yorkaises que françaises – se posent la question sensible : le made in the United States se vendrait-il aussi bien que le made in France ? La réponse fuse : « Les Américains sont très patriotes. » Ou peu regardants ?
En visitant la boutique Louis Vuitton dans le shopping mall de NorthPark à Dallas, bien obligé de constater que les clients ne s’interrogent pas sur le « made in ». « Pour eux, Vuitton, c’est le luxe français, le chic absolu, point », nous dit Chris, le directeur de la boutique aménagée comme un décor de film. Pour un Français, il est toujours surprenant d’observer dans ce lieu raffiné l’allure des clients. Il y a aujourd’hui, certes, une fratrie d’Irano-Américaines sophistiquées en jean Versace et boots Vuitton ; mais les autres, qui ne regardent même pas le prix du Messenger ou du Speedy monogramé, ceux-là se baladent en tongs et tee-shirt informe, les cheveux en bataille, « pas soignés », dirait Coco Chanel. Et pourtant… pour visiter la seule boutique Louis Vuitton de la région, certains ont fait trois heures de voiture.

Inauguration de l’usine Louis Vuitton au Texas : Welcome Mister Arnault !

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