суббота, 25 июля 2020 г.

Face au Covid-19, le Japon se ferme aux étrangers

« C’est au-delà de la déception » : le président de l’European Business Council (EBC) au Japon, Michael Mroczek, ne cache pas être atterré par la politique japonaise vis-à-vis des résidents étrangers. Qu’ils habitent l’archipel depuis trois mois, un an, vingt ou même cinquante ans, tous sont traités presque comme des touristes, même ceux qui possèdent un statut permanent. S’ils quittent momentanément le pays pour des raisons personnelles ou professionnelles, ils ne sont pas autorisés à y revenir.

Cette mesure dite de « régulation aux frontières face au Covid-19 » s’applique à ceux qui ont séjourné au cours des 14 jours précédents dans un ou plusieurs des 146 pays considérés au niveau d’alerte 3 par les autorités japonaises. Et ce, quel que soit le statut des individus : résident permanent, étudiant, professionnel, conjoint(e) de Japonais ou de résident permanent. « Cela constitue un très grave problème pour les travailleurs étrangers et leur famille ainsi que pour les entreprises étrangères au Japon », insiste Christopher LaFleur, président de la chambre de commerce américaine au Japon.

Le Japon se marginalise sur la scène internationale.

Quelque 85 % des 376 entreprises (dont 80 françaises) qui ont répondu à une enquête de l’EBC sur l’impact de cette politique disent en subir les conséquences négatives, et 44 % un préjudice financier. « Cela aura des effets graves sur l’économie japonaise », car les investisseurs vont y réfléchir à deux fois, prévient M. LaFleur. « Ces restrictions ne concernent que les étrangers : les hommes d’affaires japonais, eux, sont libres d’entrer et de sortir du pays moyennant un test PCR et des précautions au retour. Il n’y a pas de bases scientifiques à cette politique. Nous voulons que les mêmes règles s’appliquent à tous ceux qui résident au Japon indépendamment de leur nationalité », martèle-t-il, à l’unisson de nombreux autres, notamment dans les ambassades… mais sans être entendus.

« En tant qu’employeur et recruteur, je dois faire face, d’un côté, à des salariés qui veulent écourter leur expatriation et, d’un autre côté, à d’autres, basés à l’étranger, qui déclinent des offres pour de nouveaux postes ici à Tokyo », témoigne un haut responsable d’un grand groupe français dans l’archipel. « Le Japon, en se recroquevillant et en laissant ses vieux démons resurgir, est en train de se marginaliser sur la scène internationale ». Et d’ajouter : « En tant que résident étranger moi-même, vivant et payant mes impôts au Japon, je vis très mal cette discrimination. Ma femme a dû partir en Europe pour des procédures administratives concernant nos enfants, et nous risquons de ne pas nous revoir avant plusieurs mois. »

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« Des journalistes qui couvrent d’habitude aussi d’autres pays d’Asie sont bloqués au Japon, et financièrement, ce n’est pas neutre », précise Richard Lloyd Parry, correspondant de The Times.

La colère du chef de la diplomatie japonaise

« Franchement, je commence à avoir des doutes quant à mon engagement vis-à-vis du Japon », confie Julie S. consultante que les autorités japonaises empêchent de facto de voir sa famille en France après le récent décès de son père. « Cela m’a blessée de sentir mes droits bafoués. Je n’ai déjà pas pu assister aux funérailles, je demande juste à séjourner une ou deux semaines en France. Je pense que le gouvernement, mais pas les citoyens, manque totalement d’empathie. De par mon travail, je promeus le Japon, donc, je suis déçue d’être considérée à l’identique d’une simple touriste. En tant qu’étrangers, on n’aura jamais les mêmes droits. On est vus comme un danger et un problème, c’est dommage. »

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Les autres grandes nations démocratiques, pays d’Europe en premier lieu, ne font pas de distinguo par nationalité : les citoyens et résidents étrangers y sont traités de la même façon.

Parmi les dizaines de milliers de Japonais ayant séjourné à l'étranger, certains sont revenus avec le virus.
© DR

Interrogé sur cette situation jugée « anormale », le ministre japonais des Affaires étrangères, Toshimitsu Motegi, s’est mis en colère : « Non, ce n’est pas anormal. Si vous pensez qu’on peut laisser entrer et sortir des étrangers comme ça sans se préoccuper d’empêcher la propagation du virus, eh bien, vous et moi n’avons pas la même conception des mesures à prendre. » Sauf que, dans le même temps, des dizaines de milliers de Japonais ont séjourné à l’étranger, et certains sont revenus avec le virus.

Aucune perspective

Selon un responsable des services d’immigration, bien embarrassé pour justifier la ségrégation actuelle, « environ 17 000 résidents étrangers qui sont sortis du pays après le 3 avril ne sont pas autorisés à revenir » et n’ont aucune perspective immédiate de retour. Quelque 88 000 autres partis avant l’entrée en vigueur des restrictions devraient être autorisés à revenir progressivement après cinq mois d’angoisse.

Source: lepoint.fr

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