понедельник, 8 июня 2020 г.

RACE ou la crise du Covid-19 vue du ciel

Pendant la période de confinement décidée pour ralentir la progression de la pandémie de Covid-19, des clichés satellites montrant la pollution due aux activités humaines se tarir subitement, avaient fait sensation. Il faut dire que, pour la toute première fois, les citoyens du monde pouvaient de leurs yeux relier cette pollution à ses sources et surtout voir l’effet presque immédiat de leur mise en veille forcée. Cette pause quasi générale dans l’activité économique d’un grand nombre de pays du monde, impensable jusqu’alors, prenait alors l’allure d’une expérience grandeur nature, des voix s’élevant pour en faire l’occasion d’une accélération de la lutte contre le dérèglement climatique.

Quant aux activités spatiales, souvent perçues comme coûteuses et superfétatoires par les populations, elles faisaient d’un coup la démonstration de leurs vertus informatives incomparables. Villes industrielles sans nuage de pollution, sites de production figés, ports et aéroports désertés, champs à l’abandon… : le gouvernement chinois aurait pu dire ce qu’il voulait, la réalité du ralentissement de son économie n’aurait pas pu échapper aux yeux de nos satellites d’observation de la Terre.

Une plateforme interactive accessible à tous

L’Union européenne et l’Agence spatiale européenne (ESA) l’ont bien compris. Surfant sur cette vague, sans doute pour tirer le positif d’une crise qui ne manquera pas de l’affecter, l’ESA vient de mettre, à la disposition de tous, un outil permettant d’exploiter l’énorme quantité de données récoltées par les sept satellites Sentinel du programme européen d’observation de la Terre Copernicus – soit environ 250 térabits/jour, l’équivalent de quelque 125 000 heures de vidéo – mais aussi par d’autres satellites comme ceux du système Pléiades.

« L’idée a germé en mars en pleine période de confinement. De là, nous avons travaillé avec une vingtaine de compagnies en Europe ainsi qu’avec des scientifiques européens référents dans les domaines concernés. On peut pratiquement dire que RACE est le fruit du confinement puisque ce projet a été presque intégralement réalisé en télétravail. En deux mois seulement, ce qui est un vrai tour de force », raconte Yves-Louis Desnos, chef du département « utilisations de la donnée » à l’Agence spatiale européenne qui a assuré la gestion du projet.

Du caractère stratégique de l’observation de la Terre

L’outil baptisé RACE (Rapid Action Coronavirus Earth observation) a été conçu comme une sorte de tableau de bord et combine données d’observations de la Terre et intelligence artificielle. Décideurs, entreprises, professeurs, étudiants et curieux peuvent y accéder, gratuitement et sans inscription préalable, pour y consulter, via une carte interactive, des indicateurs sociaux, économiques et environnementaux. Concrètement, on peut observer l’évolution de la qualité de l’eau de la mer Adriatique avant, pendant et après le confinement, ou bien celle de la qualité de l’air dans la très industrielle plaine du Pô en Italie.

Les concentrations de dioxyde d’azote au dessus de l’Italie. © ESA

« S’agissant de la qualité de l’air, les données affichées sont moyennées sur une période d’une à deux semaines pour débarrasser la donnée de l’effet des phénomènes météorologiques et la rendre ainsi plus pertinente », précise Yves-Louis Desnos. RACE permet également de mesurer la fluctuation de l’activité par la présence humaine sur des sites de production stratégique comme l’usine mère de Volkswagen, à Wolfsburg, en Allemagne, ou encore de comparer l’activité du port de Dunkerque à diverses dates. Faible début mai, cette dernière semble avoir retrouvé un niveau quasi normal en fin de mois. Par ailleurs, chaque quai étant plus ou moins dédié à un type de marchandise, il est possible d’en tirer, par exemple, des informations sur le marché des matières premières telles que les minerais.

L’ambition derrière RACE ? Permettre à chacun d’observer les effets de la crise du Covid-19 ainsi que les effets de la reprise économique afin d’encourager des pratiques plus durables. De quoi faire, en somme, la démonstration de l’utilité stratégique des programmes spatiaux d’observation de la Terre.

Bientôt de nouvelles données disponibles

Pour découvrir RACE, vous pouvez cliquer ici. Sachant que les informations que vous y trouverez aujourd’hui ne sont qu’une première base. En effet, d’autres données sur de nombreux autres sites européens doivent encore y être ajoutées, semaine après semaine. En outre, l’Agence spatiale américaine Nasa et l’agence spatiale japonaise Jaxa devraient très bientôt y être associées et fournir, du même coup, leurs propres données, y compris sur des paramètres un peu différents dont l’ESA tient à garder le secret pour l’instant. Pour en savoir plus, rendez-vous sur son site le 25 juin prochain.

Source: lepoint.fr

Комментариев нет:

Отправить комментарий