среда, 10 июня 2020 г.

Italie : le mont-de-piété, un refuge face à la crise économique

C’est comme un petit baromètre financier, dans le centre historique de Rome. À chaque contraction de l’économie transalpine, c’est le même rituel : on scrute avec attention la file d’attente qui se forme devant l’imposante façade du mont-de-piété, au cœur de la capitale italienne. Et après deux mois et demi de confinement et de gel quasi total de l’activité, pas de surprise : de nombreux Italiens se sont pressés devant les guichets des prêteurs sur gage de la capitale, en quête de liquidités rapides. Des scènes similaires également observées dans d’autres grandes villes du pays.

Plus d’un mois après la reprise de l’activité, ils étaient encore plusieurs dizaines lundi matin à patienter, ticket à la main, à l’extérieur d’une des succursales romaines d’Affide, leader européen du prêt sur gage (détenu par l’autrichien Dorotheum). « Je touche le chômage partiel, mais cela ne suffit pas. Donc, je suis venu accompagner ma mère pour essayer d’obtenir un coup de pouce », explique ainsi un jeune travailleur de la capitale, un peu en retrait de la foule. Affide a enregistré, dans la Péninsule, un fort bond de ses activités (+ 30 %) à l’heure du déconfinement. Idem chez les Italiens de Pronto Pegno qui tablent même sur une hausse des demandes au-delà des 50 % pour le mois de juin.

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Pays de naissance du prêt sur gage

Il faut dire qu’entre l’Italie et le prêt sur gage, l’histoire est ancienne. C’est au XVe siècle à Pérouse, en Ombrie, que le premier mont-de-piété a vu le jour. Imaginé alors par un franciscain pour arracher les plus pauvres des mains de l’usure. Cinq cent cinquante ans plus tard, l’activité a bien changé : elle est désormais détenue par de grandes entreprises et institutions bancaires. Aujourd’hui, la célèbre bicyclette du film de Vittorio De Sica ne trouverait pas sa place dans les coffres des agences. Au clou des prêteurs, on vient porter or, bijoux, monnaies anciennes ou montres de marque (pour des prêts de durée et de taux d’intérêt variables selon les groupes).

Le coronavirus a également laissé sa trace sur le marché, notent les professionnels du secteur. « Nous avons remarqué une tranche nouvelle de clients qui se tournent vers nous pour des raisons différentes par rapport à avant […] des personnes qui ont besoin de liquidités à cause du virus », confirme Rainer Steger, codirecteur d’Affide. Et de citer en exemple « un indépendant à qui il manque des rentrées pour reprendre son activité ou faire un investissement pour se mettre en règle » ou « un employé du privé à qui le chômage partiel n’a pas encore été versé », détaille-t-il. « On voit plus de commerçants qu’avant, notamment des hôteliers qui, pendant cette crise, ont été forcés de fermer pendant des semaines », confie l’un des employés, au guichet de l’agence.

Tu reçois de l’argent en quelques minutes.

« L’avantage ici, c’est que tu reçois de l’argent en quelques minutes, alors que, dans les banques, il y a beaucoup de bureaucratie avant de pouvoir espérer obtenir quelque chose », raconte un commerçant. « Pour faire un prêt pour relancer l’activité, certaines banques te demandent d’abord d’éponger tes anciens crédits. C’est impossible en ce moment », poursuit-il. Et l’homme n’est pas un cas isolé en Italie. Alors que le gouvernement transalpin avait souhaité (via son « décret Liquidité ») faciliter l’accès aux emprunts durant cette période délicate pour les entrepreneurs et les PME du pays, de nombreux établissements bancaires italiens auraient sérieusement freiné des quatre fers dans les premiers jours. Résultats : encore à la fin du mois de mai, pour des prêts inférieurs à 25 000 euros (pourtant garantis à 100 % par l’État), seule une demande sur deux aurait reçu le feu vert.

5 % des objets mis en gage finissent en vente

Au mont-de-piété, pas de paperasse. « Chez nous, il suffit d’apporter un objet de valeur et un document d’identité pour effectuer des contrôles contre le blanchiment d’argent », vante Rainer Steger d’Affide. Même des prêts pour une centaine d’euros sont acceptés dans les agences (le crédit moyen oscille autour de 1 000 euros). Et dans les files d’attente, de nombreux clients ne sont pas venus pour faire évaluer un bien. « Non, moi, je suis venu prolonger le prêt de ma montre. Pas le choix. La situation est compliquée. À cause du Covid-19, plusieurs de mes clients n’ont pas pu régler leurs factures ces jours-ci », témoigne un entrepreneur romain qui espère récupérer son bien (seulement 5 % des objets mis en gage finissent en salle des ventes) « quand ça ira mieux », confie-t-il.

Mais les beaux jours ne sont pas pour tout de suite, prévient le codirecteur d’Affide. « Nous observons que l’économie reprend très, très doucement. Il y a encore tant de magasins fermés, de restaurants vides, rien qu’ici à Rome. Nous pensons que, malheureusement, la situation économique pourrait s’aggraver pendant l’été et l’automne », explique Rainer Steger. Les guichets des monts-de-piété italiens ne devraient donc pas désemplir.

Source: lepoint.fr

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