четверг, 27 февраля 2020 г.

« Virtual Harmony » : la boîte à musique lumineuse

Quelques minutes avant 20 heures ce mardi 25 février, une averse de grêle s’abat sur le Jardin des plantes, le Museum d’histoire naturelle s’efface derrière le rideau de pluie, ne laissant subsister que le dôme lumineux qui abrite les musiciens du projet Virtual Harmony. Et c’est au son des bâches qui claquent que les premières notes de la répétition du concert du lendemain résonnent. Comme placé sous cloche, Renaud Capuçon est entouré par les musiciens de l’orchestre virtuose Les Siècles, fondé par François-Xavier Roth mais dirigé pour l’occasion par le chef Pierre Bleuse.

Le violoniste commence le concert en jouant sur un 3Dvarius, un drôle d’instrument transparent et électrique, sans résonance mais équipé de micros, imaginé par Laurent Bernadac en 2015. « Il y a uniquement les parties qui sont utiles pour jouer du violon, mais la résonance n’existe pas. Le violon sans branchement ne va pas sonner, par contre dès qu’on va le brancher tous les micros qui sont à l’intérieur vont se mettre à vibrer », explique celui qui est à la foi musicien et ingénieur. « Le son a deux trajets, des cordes directement au micro et des cordes à l’intérieur du violon. Il n’y a pas vraiment une résonnance, mais il y a un trajet à l’intérieur du violon. » Si Renaud Capuçon délaisse, seulement le temps des premiers morceaux, son violon Guarneri de 1737, c’est pour le projet Virtual Harmony, sous l’égide de Dassault Systèmes. Ce concert est en effet le premier d’une série de dix de l’éditeur de logiciels, spécialisé dans la 3D, qui souhaite donner un coup de projecteur sur ses activités.

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Étoiles, couleurs et équations

Pour ce premier acte autour de l’émotion, rendez-vous est donc donné devant la grande serre du Jardin des plantes parisien ce mercredi 26 février à 20 heures pour un spectacle gratuit d’art génératif, en accompagnement de la musique des créations numériques et lumineuses sont projetées sur la bulle qui entoure les musiciens. Pour cette soirée unique de Virtual Harmony, 3 000 spectateurs sont attendus, qui s’installeront debout autour de la bulle. Prévoir donc vêtements chauds et parapluie. Mais pour ceux qui n’ont pas réussi à se procurer une place – où qui préfèrent le confort d’un salon chaud –, une retransmission en live streaming est prévue.

Pendant une petite heure, nuées d’étoiles, éclats de couleurs, taches lumineuses, références aux éléments ou même à certaines équations de la physique s’animent en accompagnement d’extraits de grands tubes de la musique classique – « Les Quatre Saisons » de Vivaldi, le « Clair de lune » de Debussy ou la Symphonie n° 6 « Pastorale » de Beethoven – avec de petites incursions dans de la musique plus contemporaine, Arvo Pärt pour ouvrir la soirée.

Cela donne un spectacle assez impressionnant, techniquement très bien réalisé jusqu’aux lumières qui habillent la façade du Museum d’histoire naturelle, dans la majesté du jardin de nuit et sous la pluie que l’on voit tourbillonner dans le halo lumineux des projecteurs. L’émotion, l’Allegro de l’hiver de Vivaldi sur le violon tricentenaire de Renaud Capuçon qui glace tout autant les doigts de pied que le froid qui tombe, surpasse largement ce que l’on perd par rapport à un concert en acoustique et en intérieur. Et l’on reproche trop à la musique classique ses codes rigides pour ne pas se réjouir quand elle sort de ses salles de concert.

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« Pour nous dans le classique, ce n’est pas habituel »

Les musiciens des Siècles qui répètent sous le dôme

© Anne-Laure Poisson

« Je pense que c’est une évidence que le violon est l’un des instruments qui est censé procurer le plus d’émotion et j’ai demandé à cet orchestre des Siècles que j’adore et à Pierre Bleuse de jouer avec moi et c’est vraiment une belle aventure », se réjouit le soliste en patientant avant d’entamer le deuxième filage de la soirée. « Bien sûr, ce n’est pas un concert où on joue une symphonie en entier ou un concerto. Vous avez des extraits de pièces qui sont très connues, des œuvres que l’on aime énormément. Chacune a été choisie et ensuite assemblée avec les images […] C’est un projet qui est passionnant et je suis très fier et très heureux d’en faire partie. »

Renaud Capuçon avec son violon en 3D

© Anne-Laure Poisson

Interrogé sur le violon imprimé spécialement pour l’occasion, il explique : « Quand on m’a parlé de ce 3Dvarius, j’ai été un peu surpris et, quand je l’ai reçu et que j’ai joué, j’ai été impressionné. C’est très étonnant, c’est pas facile parce que ce n’est pas exactement les mêmes repères. On a du mal à imaginer en le voyant que ça peut sonner comme ça, mais on peut vraiment créer de l’émotion et c’est la même façon de le porter et de jouer. »

« La sensation est différente aussi parce que le son sort des enceintes et pas du violon en lui-même. C’est un phénomène dont je n’ai pas l’habitude. Les gens qui jouent de la guitare électrique ont ça tout le temps, mais, pour nous dans le classique, ce n’est pas habituel. » Et de rétorquer quand on l’interroge sur l’absence de l’« âme » (cette petite pièce cylindrique placée à l’intérieur des instruments de la famille des violons) dans ce violon futuriste : « C’est au musicien de lui en donner une… » La seconde répétition reprend, les éléments qui ont ouvert en première partie se sont calmés et, sur le chemin du retour, ce sont les étoiles d’un ciel finalement dégagé qui assurent les saluts.

« Virtual Harmony », mercredi 26 février à 20 heures au Jardin des plantes, 75005 Paris ou sur https://progress-is-human.3ds.com/fr/live

Un oiseau de feu au Clair de lune

© Anne-Laure Poisson

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