четверг, 27 февраля 2020 г.

Nouveau procès de Redoine Faïd, évadé et braqueur multirécidiviste

Le braquage portait « la signature » de Redoine Faïd. Le 19 octobre 2017, la cour d’assises du Nord condamne le braqueur le plus médiatique de France à 18 ans de réclusion criminelle, le reconnaissant coupable – avec quatre autres complices – d’avoir attaqué un fourgon blindé à l’explosif le 17 mars 2011. La scène se déroule sur la route nationale du Pas-de-Calais, non loin d’Arras.

Ce jour-là, un commando armé de plusieurs individus monte un faux balisage de rétrécissement de la route grâce à un camion-benne immobilisé. C’est à ce niveau qu’un fourgon blindé de la société Loomis est pris en embuscade. Au moins trois hommes pénètrent dans le fourgon à l’aide de plusieurs charges explosives disposées sur le pare-brise et la porte arrière du véhicule. À peine quelques minutes plus tard, ils s’enfuient à bord de deux voitures volées avec, en poche, plus de deux millions d’euros.

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Un braquage « d’une extrême violence »

Interpellé sur la base d’un témoignage anonyme et poursuivi pour « vol en bande organisée avec arme », « violences en réunion », « séquestration et destruction du bien d’autrui », Redoine Faïd n’a cessé de clamer son innocence dans cette affaire. « Sur les lieux, les malfaiteurs n’ont commis aucune erreur. Ni ADN ni autre trace », reconnaît d’ailleurs un enquêteur de la police judiciaire de Lille en première instance. Mais, pour l’avocat général, c’est bien cet habitué du braquage qui est derrière cette attaque « minutieusement préparée ».

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Cible, méthodes employées et moyens mis en œuvre sont autant d’indices qui pèsent sur l’accusé, selon l’avocat général, qui dépeint un braquage « d’une extrême violence ». Si le représentant du ministère public ne considère pas Faïd comme « l’homme-orchestre » de cette opération, il n’en est pas moins un actif exécutant à ses yeux. Au terme de deux semaines d’audience, Redoine Faïd écope d’une peine de 18 ans de prison. Deux ans de moins par rapport à ce qui avait été requis. Il fera immédiatement appel.

Une défense inchangée

Une ligne de défense qui devrait rester inchangée, alors que doit s’ouvrir son procès en appel devant la cour d’assises de Saint-Omer ce jeudi. « Il déclarera qu’il est non coupable et plaidera l’acquittement », a annoncé une de ses avocates, Me Yasmina Belmokhtar. Faut-il encore que le procès puisse avoir lieu. Les avocats de la défense ont en effet demandé le renvoi des débats.

Si tout a été pensé sur la forme pour ce procès sous haute surveillance – Redoine Faïd s’est déjà évadé à deux reprises de prison, en 2013 et 2018 –, les conseils estiment que ce sont les magistrats de la cour d’assises de Douai qui sont compétents en matière de criminalité organisée, et non ceux de Saint-Omer, où un dispositif de sécurité inédit a été mis en place pour l’occasion (un budget de 250 000 euros a été débloqué).

Conditions de détention, grève de la faim et chantage

Au-delà de l’aspect procédural, les conseils de Redoine Faïd s’inquiètent de l’état de santé de leur client, qui a entamé une grève de la faim et de la soif depuis le mercredi 19 février. « Nous avons envoyé un courrier à la présidente de la cour d’assises afin qu’elle puisse diligenter une expertise médicale en urgence pour voir s’il est nécessaire d’hospitaliser monsieur Faïd sans délai », explique Me Hugues Vigier au Point. « Dans le cas contraire, cette expertise permettra de voir s’il est en mesure de comparaître utilement et d’assurer sa défense sans danger », ajoute l’avocat, selon qui Redoine Faïd aurait déjà perdu sept kilos.

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Cette grève de la faim est un moyen pour le braqueur de dénoncer ses conditions d’incarcération. Depuis son évasion de la prison de Réau (Seine-et-Marne), en 2018, Redoine Faïd est détenu à l’isolement au sein de l’ultrasécurisé centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Me Vigier détaille les « fouilles à corps » opérées plusieurs fois par jour, les déplacements « encerclés par quatre gardiens » ou encore les « parloirs avec hygiaphone », avec sa sœur malade, âgée de 70 ans, qu’il ne peut pas toucher ni embrasser. « C’est tellement violent sur le plan psychique que Redoine Faïd explique ne plus être en mesure d’assurer sa défense », déclare l’avocat.

Il est très diminué et nous a indiqué qu’il y avait des pressions très fortes pour qu’il soit présent jeudi à l’audience.

Contacté au téléphone mercredi après-midi par son conseil, Redoine Faïd a indiqué qu’il avait seulement été examiné par le médecin du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil. « Il est très diminué et nous a indiqué qu’il y avait "des pressions" très fortes pour qu’il soit présent jeudi à l’audience. C’est pour cela que nous avons demandé l’intervention d’un médecin extérieur de toute urgence », s’insurge Me Vigier. Le conseil explique cependant que la grève de la faim ne constitue pas un motif de renvoi en soi, dans la mesure où « c’est lui qui choisit de faire grève ». « La présidente peut estimer que c’est une forme de chantage et considérer qu’il peut recommencer à chaque audience », explique Me Vigier, qui rappelle néanmoins qu’à travers cette grève son client veut seulement « dénoncer des conditions de détention hors du commun ». L’intéressé n’en est toutefois pas à son coup d’essai en la matière. Arrêté en octobre 2018 après trois mois de cavale, le braqueur avait entrepris une grève de la faim pour contester l’incarcération de sa logeuse et de membres de sa famille.

Les avocats demandent le respect des droits de la défense

Avant l’ouverture du procès, ses avocats ont également demandé que leur client soit transféré dans l’établissement pénitentiaire le plus proche du tribunal de Saint-Omer, à Longuenesse. « La loi exige qu’il soit transféré dans l’établissement pénitentiaire du siège de la cour d’assises. Le procureur général nous a écrit que l’administration pénitentiaire refuse d’appliquer la loi pour des raisons de sécurité », a déploré Me Berton auprès de l’AFP. Et l’avocat d’ajouter : « L’administration pénitentiaire, donc, pour moi, la chancellerie, ne respecte pas la loi, c’est à désespérer.  »

Dans leur missive adressée à la présidente de la cour d’assises, Mes Yasmina Belmokhtar, Frank Berton et Hugues Vigier ont, par ailleurs, fait savoir qu’ils entendraient « exercer leur droit constitutionnel » et « faire grève », en soutien au mouvement qui mobilise la profession depuis plusieurs semaines. Le procès, déjà reporté une première fois en 2019, pourrait donc ne pas s’ouvrir ce jeudi.

Sous le coup de multiples procédures judiciaires, Redoine Faïd a déjà été condamné à 25 ans de réclusion pour son rôle d’« organisateur » d’un braquage raté en 2010 qui avait coûté la vie à une policière municipale. Il a également été condamné à 10 ans de prison en mars 2017 pour son évasion de la prison de Lille-Sequedin (Nord) en avril 2013. Il a fait appel de cette décision et doit encore être jugé pour sa spectaculaire évasion de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018.

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