четверг, 27 февраля 2020 г.

Les bons et les mauvais points de Bruxelles à Macron

C’est une innovation : la Commission européenne inclut dorénavant un volet climatique dans ses évaluations semestrielles par pays. Dans ce secteur, avec son parc nucléaire, la France fait partie des pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre même si l’énergie nucléaire fait l’objet d’une controverse au niveau européen. Certains États membres considèrent que les risques encourus par tous et la gestion problématique des déchets nucléaires ne permettent pas de qualifier le nucléaire d’« énergie verte ». En tout cas, grâce au nucléaire, la France atteindra ses objectifs de réduction des émissions de carbone en 2020 (- 14 % depuis 1990). En revanche, la Commission estime qu’il y a un risque que ce ne soit plus le cas à l’horizon 2030, en raison de la situation des transports, de la construction et du secteur agricole.

Il reste beaucoup à faire en matière de conversion aux énergies renouvelables et d’efficacité thermique des bâtiments. La France a élaboré un grand plan d’investissement de 57 milliards qui va dans le bon sens et accomplit des efforts méritoires pour inciter à la rénovation thermique des bâtiments, pourtant, la Commission constate que les progrès ne sont pas au rendez-vous : « Il y a beaucoup d’argent mis sur la table, une action réglementaire et un accompagnement, mais ça ne fonctionne pas », relève une source bruxelloise qui estime que le problème provient du caractère « illisible » des mesures et de l’absence de confiance envers les acteurs (en raison d’un démarchage abusif). Si l’État entreprend d’engager des dépenses qui vont dans le sens d’une réduction des émissions de carbone, les particuliers, eux, continuent d’acheter massivement des véhicules thermiques, qui détruisent les efforts consentis par ailleurs…

Lire aussi Écologie : qui va payer la 4e révolution industrielle ?

Toujours un problème de dette publique

Sur le plan des finances publiques, le gouvernement Philippe n’échappe pas à la série des bonnets d’âne régulièrement récoltés par la France. La dette publique devrait s’élever à 98,9 % en 2019 et continuer à progresser à 99,2 % en 2021. La situation ne risque pas de s’améliorer puisque aucune réforme sérieuse du fonctionnement de l’État et des collectivités locales n’a été entreprise… La France avait pris des engagements de réduction de sa dette (- 5 points de PIB en 2021) qu’elle ne pourra pas tenir. La plupart des pays de la zone euro ont engagé un mouvement de décrue de la dette publique vers les 85 % en moyenne, en 2021.

Lire aussi Cour des comptes : le redressement des finances « quasiment à l’arrêt »

S’agissant de la réforme des retraites – qui faisait partie des recommandations de la Commission –, Bruxelles ne s’engage pas tant que l’on ne sait pas quel impact celle-ci aura. Or, selon nos sources, les ministres de Bercy savent bien que la revalorisation des carrières des fonctionnaires envisagée aura un impact très négatif sur les finances publiques… Bruxelles n’avait recommandé aucun chiffrage précis de la réforme des retraites, seulement que le système soit « équitable et soutenable ».

Lire aussi Réforme des retraites : le gouvernement a-t-il « truqué » ses chiffres ?

La France des octogénaires qui boivent

La Commission constate aussi que les performances sociales de la France sont positives. Heureusement, vu la part du social et de la santé dans les dépenses publiques (56 %) ! En France, on est moins pauvre qu’ailleurs et les inégalités sont moindres. La santé y est relativement bonne avec une espérance de vie de 82,7 ans en 2017 (troisième performance européenne), et tout cela en consommant 11,7 litres d’alcool pur par an (contre 9,9 litres en moyenne en Europe) ! La Commission relève tout de même que 18 % de la population vit dans un « désert médical ».

C’est d’ailleurs sur la réforme du marché du travail que la France obtient le plus de satisfecits. Dans son analyse, la Commission englobe à la fois les réformes entreprises sous François Hollande (loi El Khomri) et celles poursuivies par Emmanuel Macron (transformation du CICE en baisse de charges directe, création d’un compte personnel de formation, simplification pour les entreprises). Les premiers résultats sont tangibles avec un recul du taux de chômage de deux points entre 2015 et 2019 (8,4 %), même s’il reste l’un des plus élevés d’Europe, où la moyenne se situe à 6,3 %.

Lire aussi Baisse du chômage : faut-il remercier Emmanuel Macron ?

Des créations d’emplois pour les personnes qualifiées

Le taux de conversion du CDD au CDI (12,1 %) est encore très inférieur à la moyenne européenne (25 %). La peur de l’embauche n’est donc pas totalement dissipée chez les employeurs. Les personnes les moins qualifiées, les jeunes et les personnes issues de l’immigration rencontrent toujours autant de difficultés à trouver un travail. La France crée des emplois, mais pour les personnes qualifiées.

Enfin, un indicateur à ne pas négliger : les investissements en recherche et développement. La France, avec 2,2 % (stable depuis 2018), est toujours en dessous de son objectif 2020 des 3 % du PIB dans ce domaine et ne semble pas en mesure de l’atteindre. Cependant, l’Hexagone se maintient parmi les pays les plus innovants : au 16e rang mondial selon l’index de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

Lire aussi Les gagnants et les perdants de la politique fiscale de Macron

Lire des articles en Français lepoint.fr

Комментариев нет:

Отправить комментарий