суббота, 29 февраля 2020 г.

Coronavirus : les pharmacies sous pression

« Si des personnes viennent pour des masques ou gels hydroalcooliques, c’est rupture de stock », prévient Roméo alors qu’un nouveau client franchit l’entrée de sa pharmacie, téléphone en main. L’homme ne parle pas français et présente maladroitement l’écran de son appareil. Que voit-on ? L’image d’un masque de protection apparaît. Hochement de tête négatif. « Désolé », s’excuse le pharmacien visiblement habitué à ce type de refus. Située dans un quartier fréquenté du 15e arrondissement, son officine ne désemplit pas depuis le début de l’épidémie. L’une après l’autre, les personnes se succèdent au comptoir avec toujours la même question : « Il vous reste des masques, du gel pour les mains, un thermomètre frontal ? » et la réponse, invariablement, est la même : « Non, plus depuis le début. » Presque lassant.

Si l’heure est à la mobilisation du côté des autorités – 108 hôpitaux sont prêts à accueillir les malades selon le Premier ministre –, l’inquiétude grandit tout de même face à la propagation du virus. À ce jour, les autorités sanitaires font état de 38 personnes contaminées en France alors que les foyers d’infection se multiplient partout dans le monde. De nouveaux cas ont été recensés en Corée du Sud, en Iran ainsi qu’au Nigeria, premier pays d’Afrique subsaharienne à être touché.

Jeudi soir, le Premier ministre, Édouard Philippe, appelait à ne pas « se précipiter en pharmacie pour acheter des masques » et insistait sur le risque de « pénurie ». Problème, les officines sont déjà sous pression, voire en rupture de stock. La veille, Olivier Véran, le ministre de la Santé, annonçait aux pharmacies la livraison prochaine de 15 millions d’exemplaires avec néanmoins une précision de taille. Ces masques ne seront destinés qu’aux professionnels de santé libéraux comme le rapporte le quotidien Le Monde, citant l’Ordre national des pharmaciens : « À ce stade, il n’est pas envisagé que les pharmaciens d’officine distribuent ces masques à la population », sauf pour des personnes « définies comme prioritaires par les autorités de santé ». Il s’agit de masques de type « FFP2 », plus efficaces que les simples masques chirurgicaux, explique Roméo, régulièrement tenu au courant par l’Ordre. De quoi énerver un peu plus une clientèle inquiète notamment chez les personnes âgées, par définition plus vulnérables.

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« Nous n’avons plus de masques »

Élise, jeune pharmacienne, s’inquiéterait presque de ne pas paniquer tant ses clients semblent inquiets. Elle aussi a été dévalisée, mais reconnaît n’avoir « peut-être pas très bien anticipé ». Quant à savoir si la procédure est exceptionnelle, elle dresse le parallèle entre le Covid-19 et la grippe H1N1 apparue en France, en 2009. Bilan, plus de 300 morts à la fin de l’année 2010. Concernant les stocks, il s’agissait des « mêmes consignes » se rappelle-t-elle. À l’époque, ils n’avaient pourtant pas été utilisés, précise la jeune femme en souriant à la vue d’un client sorti de sa pharmacie visiblement agacé. La raison ? « Il voulait des masques », explique sa collègue au comptoir. L’affichette placardée à l’entrée de la pharmacie était pourtant claire : « Nous n’avons plus de masques. »

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En première ligne, par la force des choses, les pharmaciens savent comment réagir en cas de suspicion de contamination. Premier réflexe, appeler le 15, direction les urgences pour une prise en charge immédiate. Serge, depuis longtemps dans la profession, précise avec humour : « Déjà, je me tiens à un mètre de distance puisque ce sont les recommandations et j’appelle moi-même si le client ne sait pas faire. » À l’instar de ces collègues, lui aussi manque de tout en dehors d’une livraison matinale de gels alcoolisés : une denrée rare par les temps qui courent. Deux rues plus loin, les bras chargés de médicaments, Julie, va plus loin : « J’appelle de suite et je m’assure que la personne est prise en charge, puis on désinfecte. Évidemment, il y a un suivi. » Et surprise, à la question devenue rituelle concernant la pénurie de masques : « C’est vrai, on en a reçu, la semaine dernière », répond-elle. « C’est un bon début, ça donne un peu d’espoir. »

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